Cela ne vous semble pas très romantique ? C’est que vous n’y connaissez vraiment rien à la romance soviétique ! Ramasser les pommes de terre était l’une des activités les plus répandues de ce que l’on appelait le système « volontaire-obligatoire », où les citoyens apportaient leur aide durant les récoltes. Les étudiants, fonctionnaires et militaires étaient alors envoyés dans les champs. Imaginez donc des dizaines de jeunes gens travaillant tout l’été, et donc passant ses soirées tous ensemble. N’est-ce pas là un bon moyen de trouver le véritable amour ?
Les étudiants soviétiques étaient également enrôlés pour mettre la main à la pâte sur les chantiers : durant l’été ou les vacances, ces brigades érigeaient différentes constructions et logeaient souvent ensemble dans des camps. La joie que ressentaient les soviétiques en travaillant était embellie par les soirées chaleureuses, au cours desquelles ils avaient pour habitude de chanter, de jouer de la guitare, … et peut-être même de déguster un peu de vin.
L’un des plus grands privilèges était de se voir récompensé d’un séjour dans l’un des autres pays socialistes, comme la Bulgarie, la Hongrie, l’Allemagne de l’Est, ou encore de visiter les stations balnéaires des États baltes. Lors de ces voyages organisés en bus ou en train on demandait aux passagers de rester en groupe compact. Et évidemment, l’émotion engendrée par la découverte de nouveaux horizons n’en était que plus belle aux côté d’une nouvelle connaissance.
Le peuple soviétique adorait partir en randonnée. Quoi de plus romantique que ça – la solitude, un sac à dos, une tente, et la possibilité de s’installer où on le souhaite, d’admirer le lever du soleil dans les montagnes et d’apprécier les nuits autour du feu de camp. Comme pour le reste en URSS, il y avait des excursions organisées, durant lesquelles vous ne saviez jamais avec qui vous alliez vous retrouver. Et parfois, il s’agissait de votre future moitié.
La DK (« Dom Koultoury », ou « Maison de la culture ») était l’un des lieux de rassemblement favoris des soviétiques, surtout dans les petites villes et villages. Projections de films, représentations théâtrales, leçons en tous genres, les gens étaient prêts à assister à n’importe quoi, étant donné que c’était l’un des rares divertissements accessibles en Union soviétique. Et bien entendu, il était aisé de lancer un regard furtif à la personne que vous aimiez, à l’abri de l’obscurité de la salle.
Les jeunes femmes du film Moscou ne croit pas aux larmes considéraient la Bibliothèque nationale Lénine comme l’un des meilleurs endroits pour potentiellement rencontrer l’amour à Moscou. Notamment son légendaire fumoir.
- J’ai un passe pour la salle des sciences de la Bibliothèque Lénine.
- Pourquoi ?
- Juste, imagine ce contingent ! Des académiciens, des philosophes …
- Et que vas-tu y faire ? Les regarder lire ?
- Tu ne comprends pas ! Il y a aussi un fumoir …
La Bibliothèque nationale reste encore aujourd’hui un lieu populaire pour se donner rendez-vous.
Un autre personnage féminin de Moscou ne croit pas aux larmes trouva l’amour dans l’habituel train de banlieue (elektritchka), alors qu’elle rentrait d’un séjour à la datcha. Des millions de Soviétiques utilisaient ces trains pour rentrer du travail ou pour aller à la datcha, et se côtoyaient donc quotidiennement. Il n’est donc pas étonnant que nombreux sont ceux à y avoir déniché la perle rare.
L’été, la jeunesse soviétique se ruait chaque week-end vers les parcs locaux pour fouler la piste de danse. Il y avait des garçons jouant de la guitare, des événements culturels publics et des soirées dansantes. Les gens y flirtaient, tombaient amoureux et se faisaient de nouveaux amis. Ils y dansaient la valse et le tango en plein air. Lorsque l’animateur annonçait une « danse blanche », c’était au tour des filles d’inviter les garçons à danser. C’est justement à cet endroit que le jeune architecte Konstantin du film Dancefloor rencontra l’amour.
Fabriques, usines et instituts de recherche étaient des hauts lieux de la drague. Le peuple soviétique passait huit heures par jour au boulot, ils avaient donc des repas, pauses et soubbotniks (une tradition soviétique de travaux non-rémunérés le week-end) en commun. Rien d’étonnant alors si le film Romance de bureau (1977) est encore aujourd’hui l’un des plus populaires dans le pays.
- Quand je la vois, j’ai les jambes en coton.
- Ne reste pas debout, tu ferais mieux de t’asseoir !
Beaucoup de jeunes Soviétiques à avoir migré vers les villes pour travailler et étudier, vivaient en résidence étudiantes. Les ouvriers célibataires des nombreuses usines du pays obtenaient aussi régulièrement un lit dans ces structures. La vie en communauté y était mouvementée : les résidents organisaient des soirées, échangeaient des objets, et se battaient pour une place dans la cuisine. Et bien sûr, ils flirtaient ! D’ailleurs les personnages du film Moscou ne croit pas aux larmes se sont même mariés dans une résidence pour ouvriers.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.