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Si un homme marié se tient devant vous sans alliance, ce n'est pas forcément un Don Juan qui cherche à cacher qu’il a une épouse. Il peut s'agir d'un prêtre orthodoxe russe marié, qui n'est pas censé porter de bague.
Dans la tradition orthodoxe russe – contrairement au catholicisme – les prêtres peuvent être mariés. Mais pas tous. Comment les diplômés des académies théologiques russes choisissent-ils leur chemin dans la vie ? Après l'obtention de leur diplôme, ils ont le choix : continuer à servir Dieu dans le clergé « blanc » ou « noir ». Les premiers ils doivent se marier et devenir serviteurs du culte. Les derniers deviennent moines.
Étudiants du séminaire d'Ekaterinodar
Vitali Timkiv/Sputnik« Quand prendre une telle décision ? Il n'y a aucune violence ici, a déclaré le recteur de l'Académie théologique de Moscou, l'évêque Feodorit de Zvenigorod. Certaines personnes viennent au séminaire déjà mûres et avec un programme de vie : d'abord apprendre puis servir Dieu dans une paroisse ou dans un monastère particulier (disons, là où elles étaient novices). D'autres réfléchissent. D’autres encore, malheureusement, même l'année de la remise des diplômes, ignorent que faire par la suite ».
Les représentants du clergé noir, c'est-à-dire les moines, prononçant trois vœux monastiques : chasteté, obéissance et non-avidité. Et s’ils ne soient pas autorisés à se marier, la perspective d'une « carrière » au sein de l'Église orthodoxe s'ouvre à eux. Ce sont eux qui pourront ensuite devenir évêques, métropolites et patriarches, c'est-à-dire se hisser au sommet de la hiérarchie ecclésiastique.
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Traditionnellement, on estimait que la voie des moines pouvait conduire à une vraie droiture, à des sommets de vie spirituelle et, éventuellement même, à la sainteté. Dans l'histoire de l'Église orthodoxe russe, il n'y a eu qu'un seul cas de prêtre « blanc » ayant été classé parmi les saints. C'était une figure religieuse éminente du XIXe siècle, Jean de Kronstadt, qui a eu un impact énorme sur la vie en Russie au tournant du siècle. Cependant, en toute justice, il convient de noter que bien qu’ayant été formellement marié, Jean de Cronstadt a en réalité choisi la voie monastique et suivait toutes ses règles ; il vivait avec sa femme comme avec une sœur, et n'avait aucune relation charnelle.
Les représentants du clergé « blanc » sont obligés de se marier, c'est une vieille tradition de l'Église orthodoxe russe. Ils deviennent prêtres et doivent avoir autant d'enfants que Dieu leur en donne.
Dans les cas les plus extrêmes, les prêtres peuvent divorcer (officiellement, l'église considère l’adultère comme le seul motif de divorce, mais chaque cas est décidé individuellement). Les prêtres divorcés, cependant, sont dépouillés de leur dignité ecclésiastique. Un prêtre veuf ne peut pas se remarier.
L'image traditionnelle d'un prêtre russe – appelé « batiouchka », diminutif de « père » – est un homme barbu portant une soutane, avec de nombreux enfants ; sa femme – la « matouchka », diminutif de « mère » – porte une jupe longue et un foulard. Un candidat au rôle de prêtre peut « choisir » une femme, mais cette dernière doit impérativement être approuvée par des personnes de rang supérieur. Même maintenant, les étudiants du séminaire qui veulent se marier ont un court entretien avec le recteur – une sorte de test. Les jeunes doivent parfois attendre avant de donner leur approbation – c’est une sorte de mise à l’épreuve des sentiments et de la solidité de leurs intentions. « C'est une tradition très ancienne. Il y a eu des moments où le recteur a demandé à un couple d'attendre six mois, et six mois plus tard, ils étaient séparés », explique un diplômé de l'Académie théologique de Saint-Pétersbourg.
Service à la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan de Moscou
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Le mariage d'un prêtre n'implique pas l'obligation de bonheur personnel, et dans sa vie familiale il doit d'abord servir Dieu. C'est pourquoi il n'a pas droit à une alliance, puisqu’avant tout, le prêtre est « marié à l'Église », et non à sa femme. Même si un homme était déjà marié avant d'être ordonné prêtre, le jour de la consécration, l'alliance est retirée de sa main. C'est un symbole du fait qu'il n'appartient désormais ni à lui-même, ni à sa famille en totalité, car la mission principale d'un prêtre orthodoxe est de servir Dieu et ses ouailles.
La mère – épouse d'un prêtre – est traditionnellement une personne importante dans l'église, elle aide la paroisse, fait des œuvres de charité et peut diriger la chorale de l'église. Cependant, toutes les mères ne sont pas obligées de se consacrer à l'église : dans le monde moderne, les matouchki ont souvent fait des études supérieures et, en général, ce sont des femmes assez progressistes. Ce ne sont plus les créatures silencieuses d’antan qui se tenaient dans l’ombre de leurs maris au service de l’Église.
Par exemple, la mère Alina Babkina, épouse d'un prêtre de l'une des églises de Moscou, dirige une chaîne assez populaire sur TikTok. Pour ses 35 000 abonnés, elle démystifie les stéréotypes sur les prêtres et les services religieux et répond à diverses questions – même les plus osées. par exemple, ce qu'elle et son mari pensent de la contraception et de la planification familiale. Alina étonne ses partisans en marchant sans foulard – un attribut apparemment crucial de l'image traditionnelle de la « matouchka ». Elle montre qu’à ses yeux, il est beaucoup plus important de ne pas se conformer à une image, mais de maintenir l'amour dans sa famille – quitte à assumer le partage des responsabilités.
« Quand deux personnes se connaissent, elles connaissent leurs forces et faiblesses, a déclaré Alina sur radio Vera. Et je peux être sûre que mon mari, même si je tombe malade ou si j’ai une mauvaise santé, se lèvera tôt, préparera de la bouillie pour notre enfant, et lui découpera une pomme – tout le monde sera bien nourri ».
La mère Anna Kouznetsova, qui a sept enfants, s'est de son côté engagée en politique. Pendant plusieurs années, elle a été déléguée auprès du président de la Fédération de Russie pour les droits de l'enfant, et elle est maintenant députée de la Douma.
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Sonneur de cloches du monastère de la Dormition de Saint Kosma de Iakhrom
Sergueï Piatakov/SputnikLe « modèle » classique du chemin ecclésiastique ressemble à ceci : séminaire, choix d'une voie et service dans une église ou un monastère. Cependant, 70 ans d'athéisme en URSS et le retour de l'Église dans la vie de la société au début des années 1990 ont apporté des changements dans le sacerdoce traditionnel. À l’époque les prêtres, ainsi que les moines, n'étaient plus de jeunes hommes suivant à l'appel de leur cœur, mais souvent des adultes - ingénieurs, enseignants, chimistes d'hier. Chacun pouvait avoir sa propre histoire, y compris familiale. Cependant, une personne qui a une famille et des enfants en bas âge ou des personnes à charge ne peut pas être tonsurée et devenir moine. Elle doit être libre de telles obligations.
Dans l’orthodoxie russe contemporaine, de nombreux « chefs » spirituels ont des biographies très intéressantes. Ainsi, le père Alexandre Men, célèbre prédicateur, est devenu prêtre après avoir été expulsé de l'Institut de la fourrure. À cette époque, il était marié et a terminé par ses propres moyens l'académie théologique.
L'évêque de l'Église orthodoxe russe Tikhon Chevkounov
Vladimir Smirnov/TASSAutre exemple, le métropolite Tikhon Chevkounov, qui est tacitement considéré comme le confesseur de Vladimir Poutine. Il a obtenu un diplôme de l'Institut de cinématographie dans sa jeunesse, et seulement après cela s'est converti à l'orthodoxie dans les années 1980. Il est devenu novice dans un monastère, a été tonsuré moine dans les années 1990 et est même devenu higoumène du monastère Sretenski à Moscou. Fait étonnant, il n’a obtenu son diplôme du séminaire qu’après cela : en outre, il a auparavant été nommé recteur de ce même séminaire ! Aujourd'hui, c’est une figure ecclésiastique influente, président du Conseil patriarcal pour la culture, auteur de livres populaires (par exemple, le recueil de récits Les Saints Impies été traduit en plusieurs langues).
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