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Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce terme collectif n’existe aucunement en russe, la grand-mère (бабушка, babouchka) et le grand-père (дедушка, diédouchka) étant désignés séparément. C’est d’autant plus surprenant lorsque l’on connait la richesse du vocabulaire russe concernant la famille. Par exemple, alors qu’en français nous n’aurons qu’un seul terme pour traiter de sa « belle-mère », en russe trois mots distincts sont utilisés pour indiquer la mère de son mari (свекровь, svekrov), la mère de sa femme (тёща, tiochtcha) et la nouvelle compagne de son père (мачеха, matchekha).
Dargavs, en République d'Ossétie du Nord, Caucase russe
Erwann PensecCe sentiment, connu de tous les voyageurs, notamment ceux ayant parcouru les immensités de Russie, ne pourra être traduit dans la langue locale que par une longue phrase, qui ne rendra probablement pas son sens exact. L’on pourra ainsi dire « чувство потерянности в непривычной обстановке » (tchouvstvo poteriannosti v neprivytchnoï obstanovké, sentiment d’égarement dans un environnement inhabituel), ce qui s’avère, avouons-le, bien moins poétique.
Certes, il ne s’agit ni du terme le plus usité, ni du plus agréable de la langue française, mais l’absence de tout équivalent russe mérite à coup sûr votre attention ! Qui sait, peut-être aurez-vous un jour besoin d’expliquer franchement la distance que vous conservez avec votre interlocuteur russophone ! Pour cela, à défaut de mot unique, il vous faudra vous contenter, par exemple, de « брызги слюны » (bryzgui sliouny, gouttelettes de bave).
Vous voici de retour en Russie après de longs mois d’attente et, lors de votre rencontre avec vos amis, vous vous apprêtez à leur dire combien vous êtes heureux de ces retrouvailles, mais restez silencieux, la bouche ouverte. Compréhensible, puisque ce mot apparaît tout bonnement absent des dictionnaires russes. Pour transmettre cette même idée, il convient en russe d’utiliser l’expression « встреча после [долгой] разлуки » (vstretcha poslié [dolgoï] razlouki), littéralement – « rencontre après une [longue] séparation ».
Rostov Veliki, région de Iaroslavl
Erwann PensecNe vous inquiétez pas, les édifices de Russie ne diffèrent que peu de ceux que l’on peut trouver en France. Toutefois, ici, le rez-de-chaussée sera tout simplement nommé « первый этаж » (pervy etaj), c’est-à-dire « premier étage ». Il en résulte que le numéro de l’ensemble des étages s’en retrouve modifié : ce qu’un Français appellerait « cinquième » et « huitième » étages sera ici désigné « sixième » et « neuvième » étages. Il est important de s’en souvenir pour éviter toute situation cocasse, lorsque vous envisagerez de frapper à la porte de l’une de vos connaissances après avoir obtenu son adresse !
Lire aussi : En quoi le russe diffère-t-il des autres langues slaves?
Vous avez 30 minutes de retard et n’éprouvez pas le désir d’en dévoiler la réelle raison ? En France, vous auriez pu vous servir de l’arme ultime « J’ai eu un empêchement », formule on ne peut plus vague, qui peut aussi bien faire référence au fait que vous vous soyez pris les pieds dans le tapis en sortant de votre douche et que vous soyez resté assommé au sol durant tout ce temps, qu’à l’intervention impromptue du féroce dragon slave Zmeï Gorynytch, que vous avez eu à terrasser en chemin. En russe, malheureusement, rien de tel, et toute tentative de traduire ce mot s’avèrera plutôt bancale. Mieux vaut donc avouer votre véritable tort – vous vous êtes rendormi après avoir fait taire votre réveil.
Si, dans le sens premier du terme, à savoir un dérapage sur une surface glissante (très fréquent sur les trottoirs gelés de Russie, en témoigne douloureusement le poignet de l’auteur de cet article), l’équivalent russe « скольжение » (skoljénié) existe bel et bien, dans son sens figuré, l’évolution inattendue d’un comportement ou d’une situation, il ne possède pas de traduction directe et toute tentative de le retranscrire apparaîtra peu glorieuse.
Vue de Moscou
Erwann PensecCe passe-temps ne serait-il que l’apanage des Français ? C’est en tout cas ce que laisse entendre l’absence totale de traduction précise et unique de ce terme en russe. L’on peut évidemment avoir recours au verbe « бродить » (bradit), mais il se rapproche plus du mot « errer », délaissant donc la connotation positive de cette activité consistant à se promener lentement, sans réel but précis et en s’émerveillant de la vue environnante, ce qui est pourtant tout aussi possible dans les rues de Moscou, Vladivostok, ou encore Irkoutsk !
Encore un mot collectif en rapport à la famille dont la langue russe est dépourvue. Si « frère » et « sœur » se diront respectivement « брат » (brat) et « сестра » (sistra), pour indiquer sa place dans la fratrie, il sera par conséquent nécessaire d’utiliser le mot « семья » (semia, famille), par exemple : « Я третий в семье » (ia treti v semié), littéralement – « Je suis le troisième dans la famille ».
C’est étrange, mais les Russes ne disposent pas de mot unique pour désigner cet élément anatomique dont tous (ou presque) sont dotés. En réalité, dans leur langue, il sera nommé « большой палец » (bolchoï palets), qui se traduit de manière amusante et simpliste comme « gros doigt ». Il est également intéressant de noter que l’annulaire sera quant à lui appelé « безымянный [palets] » (bezymianny [palets]), c’est-à-dire le « doigt sans nom ».
En somme, votre défi du jour sera donc de traduire la phrase suivante : « Après avoir flâné et connu un dépaysement au rez-de-chaussée, les postillons de mes grands-parents ont été un dérapage et un empêchement à mes retrouvailles avec ma fratrie ». À celui qui y parviendra, la rédaction de Russia Beyond lèvera son gros POUCE !
Dans cet autre article, nous vous présentions, au contraire, huit mots russes inexistants en français.
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