Couvertures pour 80.000 euros, clés USB en malachite… certains achats somptuaires passent mal.
Getty ImagesLe prix total de ces « objets déco » destinés à un hélicoptère de Rosneft a presque atteint 80 000 euros. Rien d’étonnant quand on apprend que les verres de vodka sont revenus à 175 euros la pièce et qu’une couverture à coûté presque 2 000 euros. « Ils déraillent ! », s’est exclamé Alexeï Navalny, en rappelant que le minimum vital en Russie constituait actuellement 156 euros.
Le porte-parole de Rosneft, Mikhaïl Leontiev, a précisé lors d’un entretien avec la radio Kommersant FM que cet achat s’inscrivait dans le cadre de la consommation ostentatoire : « Signer des contrats de plusieurs milliards d’euros et servir un déjeuner dans des assiettes jetables ne serait pas très correct ».
Connu pour ses déclarations brusques, Mikhaïl Leontiev a estimé peu probable qu’Alexeï Navalny « bouffe avec les doigts en s’essuyant les lèvres avec la manche ».
Néanmoins, RN-Aerocraft a renoncé à ces achats le lendemain en raison, selon la version officielle, du refus du fournisseur d’accorder la réduction demandée. Sur un ton sarcastique, Mikhaïl Leontiev a invité Alexeï Navalny à vendre « des fourchettes et des cuillères moins chères » à Rosneft.
Toutefois, les ustensiles de ménage, même les plus chers, passent pour des bagatelles à côté d’autres commandes publiées sur les sites des marchés publics qui, aux termes de la législation, recensent toutes les demandes d’achat des entreprises publiques. Et si certains articles ont soulevé un véritable tollé au sein de la société, d’autres font plutôt sourire.
1. Réparation de toilettes pour 38 000 euros
En 2013, l’administration de la ville de Krasnoïarsk (Sibérie orientale) a décidé de réparer les toilettes de la mairie dans le style néoclassique. « Le visiteur d’un WC de fonction doit éprouver partout le sens du style », indiquait le journal régional Sibnovosti.
La transformation de toilettes en un chef-d’œuvre d’architecture devait revenir, selon l’appel d’offres, à 38 000 euros (selon le cours du rouble de 2013), ce qui a provoqué l’indignation des habitants. Au final, le maire de la ville, Edkham Akboulatov, a préféré se renoncer au néoclassicisme et a annulé l’appel d’offres.
2. Percussionnistes du Burundi dans l’île de Sakhalinе
L’administration de la région de Sakhaline (Extrême-Orient russe) a décidé de fêter en grande pompe le Nouvel an 2010 en invitant cinq percussionnistes burundais dont la réputation a dépassé les limites de leur pays pour devenir internationale. Le vol et le séjour dans un hôtel confortable exigeait alors quelque 7 900 euros.
Le gouverneur de Sakhaline de l’époque, Alexandre Khorochavine, n’a pas approuvé cet engouement pour l’exotisme, estimant possible de trouver meilleure utilisation à cet argent. L’appel d’offres a été annulé. Toutefois, l’aspiration à économiser le budget n’a pas sauvé le gouverneur qui, en 2015, a été arrêté pour avoir touché un pot-de-vin de 5 millions d’euros.
3. Clés USB en malachite
Le stockage d’informations étant crucial pour les entreprises publiques, l’administration de la région de Sverdlovsk (Oural) a décidé d’ouvrir son portefeuille. Elle a placé en mars 2015 sur le site une demande d’achat de 40 clés USB d’au moins 8 Go incrustées de la célèbre pierre de l’Oural, la malachite, ainsi que de 40 garnitures de bureau en jaspe. Le montant de la commande s’élevait à plus de 3 700 euros.
4. Déjeuners sélects en Sibérie
Toujours en mars 2015, l’administration de la région de Novossibirsk (Sibérie occidentale) a placé une commande pour des réceptions officielles d’un total de plus de 46 000 euros. Le menu comprenait des carrés d’agneau, des vol-au-vent aux œufs de saumon, du whisky de 18 ans d’âge au moins et des tuiles à l’orange.
Le journal Nezavissimaya Gazeta ironisait alors sur le fait que la plupart des habitants de la ville avaient appris l’existence de ce dessert par le biais de la commande. C’est le hasard qui attira l’attention du projet Pour des commandes honnêtes sur cette initiative et une semaine plus tard, le gouverneur de la région, Vladimir Gorodetski, annulait l’appel d’offres en décidant par la même occasion de réduire son propre salaire et ceux de ses fonctionnaires.
5. La Chèvre, le Singe et le Coq
La Bouriatie (république bouddhiste de Sibérie orientale) traite avec un grand sérieux la célébration du Nouvel an chinois. En 2015, l’administration d’Oulan-Oude (chef-lieu) a commandé par le biais d’un appel d’offres la représentation sur l’un des bâtiments du symbole de l’année, la Chèvre Bleue, pour plus de 8 000 euros.
L’idée n’a pas été approuvée par le mouvement Front populaire, qui a déclaré que cet argent aurait pu servir à éclairer une rue toute entière, alors qu’il a été englouti par une chèvre assez modeste. Un an plus tard, en 2016, les fonctionnaires ont freiné leurs ambitions : la sculpture du Singe Rouge lumineux n’a coûté à la ville « que » 3 500 euros.
La presse a critiqué l’idée en la qualifiant de « gaspillage de l’argent des contribuables », ce qui n’a pas empêché les responsables d’orner cette année la ville d’un Coq de feu pour 4 500 euros (la somme étant demeurée inchangée en roubles).
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