Tout Français apprenant la langue de Pouchkine éprouvera certainement quelques difficultés à prononcer correctement la lettre « R » russe. En effet, comme dans bon nombre d’autres langues, elle y est roulée, une particularité susceptible d’être problématique pour les étrangers habitués à sa version gutturale. A contrario, les Russes souhaitant maîtriser le Français font régulièrement part des efforts surhumains qu’exige l’assimilation du « R », mais aussi du « U » français. Une amie me disait d’ailleurs récemment qu’elle se surprenait encore souvent à dire « Je suis Rousse » (ce qui est heureusement le cas), au lieu de « Je suis Russe ».
Voici un débat faisant rage depuis maintenant 206 ans. Plus connue en France sous le nom de bataille de la Moskova, elle a éclaté le 7 septembre 1812 et a été la plus sanglante de la campagne de Russie menée par Napoléon. Impliquant quelque 250 000 soldats et ayant entrainé la perte d’environ 70 000 d’entre eux, morts et blessés réunis : 30 000 du côté français (soit 25% du corps militaire national) et plus de 40 000 du côté russe (30% de l’armée impériale).
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Il est intéressant de constater que la Russie, bien que moins prompte à le faire, a également partiellement proclamé sa victoire lors de cette bataille, considérant avoir procédé à un repli réussi de ses troupes et à un affaiblissement considérable de celles de Napoléon. De leur côté, les historiens tendent à affirmer qu’il s’agit en réalité d’une victoire indéterminée, le bilan ayant été catastrophique d’un bord comme de l’autre, et aucun des deux camps n’étant parvenu à atteindre le but qu’il s’était fixé : détruire l’armée russe pour Napoléon, protéger Moscou pour le général Koutouzov.
De manière générale, Napoléon est sans le moindre doute le Français le plus célèbre en Russie. En tant qu’expatrié vivant au pays des tsars, je puis affirmer avoir rarement rencontré des Russes qui ne finissent par évoquer avec moi cet empereur. La victoire finale de l’Empire russe face à cet ennemi est d’ailleurs une véritable fierté et le sujet de bien des boutades à l’égard de l’Hexagone. Aussi, il n’est pas surprenant que ce personnage fasse l’objet de la curiosité des locaux, qui en sont même venus à baptiser de son nom l’une des pâtisseries nationales les plus populaires.
Voici une requête aussi fréquente que surprenante. Si l’origine de cette croyance reste obscure, les nombreux internautes russes à débattre de cette problématique existentielle sur divers forums semblent s’accorder sur une explication : tandis que le reste du monde soigne son apparence le matin pour aller au bureau, les Français préfèreraient avoir la peau douce le soir … pour leur femme. L’image du Français romantique a, il est vrai, la peau coriace en Russie.
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Si la gastronomie française est en Russie, comme ailleurs, particulièrement appréciée, certains mets suscitent l’incompréhension des foules, et les deux cités ci-dessus en sont de parfaits exemples. Mais au final, a-t-on réellement à nous justifier auprès de ceux qui ont eu la brillante idée de déguster des œufs de poisson, de mettre des quantités astronomiques de mayonnaise et d’aneth dans le moindre de leur plat, et de proposer dans leurs rayons traiteur des salades absolument farfelues ? Pour information, à Moscou, j’ai récemment aperçu une salade contenant du poulet, de l’œuf, de la pomme de terre, du fromage, de la carotte, de la mayonnaise et … du kiwi (et sa variante avec du raisin).
Eh oui, les Russes tombent de haut lorsqu’ils apprennent qu’un si petit pays dispose de 13 fuseaux, alors que leur immense patrie n’en couvre « que » 11. En réalité, les locaux oublient souvent que la France ne se limite pas à la métropole, mais qu’elle compte des territoires d’outre-mer aux quatre coins du globe.
La vision qu’ont les Russes du Français moyen correspondrait-elle au profil de Cyrano de Bergerac ? C’est en tous cas ce que l’on est en droit de penser à la vue du nombre de questions à ce sujet sur le moteur de recherche Yandex, le plus utilisé en Russie.
D’ailleurs, la taille visiblement démesurée de l’organe olfactif français est à l’origine de bien des théories plus fantaisistes les unes que les autres. Ainsi, tandis qu’un internaute russe évoque sur un forum l’air soi-disant chargé et épais qui règnerait dans l’Hexagone et que seul un grand nez pourrait absorber, un autre avance l’hypothèse qu’il s’agirait d’un héritage des nombreux Arméniens ayant émigré vers la France pour fuir les Turcs.
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Mais ce trait associé aux Français ne serait-il pas finalement le résultat de la venue en Russie d’un certain Depardieu ?
S’il est un stéréotype répandu quant à la physionomie des Français, c’est indubitablement leur silhouette des plus sveltes. En 2015, selon l’OCDE, 15,3% des personnes âgées de plus de 15 ans en France souffraient d’obésité, contre 19,6% en Russie. Parmi les raisons évoquées à l’égard de cette différence figurent notamment le régime plus méditerranéen de la population française ainsi que son habitude alimentaire consistant à se limiter généralement à 3 repas par jour. En effet, en Russie, ces derniers peuvent paraître moins copieux, mais grignoter à longueur de journée pourrait parfois être comparé à un véritable sport national.
Il est vrai, le coq français fait bien pâle figure face à l’aigle russe, bicéphale qui plus est. Cela ne l’empêche toutefois pas d’attiser la curiosité des Russes. En réalité, si les Français l’associent à la bravoure et à la dignité, en Russie, comme dans beaucoup d’autres pays, il est fréquemment désigné comme le symbole du caractère quelque peu hautain et impulsif des Français.
En effet, aux XVIII et XIXe siècles, il était en Russie de bon ton de parler la langue de Molière. L’aristocratie impériale l’utilisait au quotidien et de nombreux auteurs, tels que Tolstoï et Gogol, s’en sont servi dans leurs plus grandes œuvres. À partir du règne de Pierre le Grand, la Russie s’est en réalité tournée vers l’Occident et s’est imprégnée d’influences diverses, Saint-Pétersbourg devenant la fenêtre du pays vers l’Europe. De plus, en raison de la Révolution de 1789, nombreux sont les Français à s’être réfugiés dans cet empire oriental, et à avoir donc participé à l’expansion de leur langue en ces terres. Pour en apprendre plus à ce sujet, n’hésitez pas à lire notre article lui étant entièrement dédié.
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Si de nombreux Russes sont encore persuadés que les Français portent tous un béret, c’est la coiffe des marins qui semble le plus les intriguer. Or, contrairement à ce qu’assurent, parfois avec humour (je crois), certains internautes locaux, il ne s’agit là ni d’un hommage au célèbre clown russe Oleg Popov, ni d’un moyen de signalisation nocturne, et encore moins d’un compas de navigation (comment cela pourrait-il être le cas !?).
Au cas où vous ne le sauriez pas, le fameux pompon rouge n’est pas un simple ornement. Malgré ses airs inoffensifs, il s’avère en réalité être une protection efficace en cas de heurts aux bas plafonds des bâtiments de la marine.
Dans cet autre article, nous vous expliquons à notre tour pourquoi les Russes assurent que Moscou et Saint-Pétersbourg, ce n’est pas la Russie.
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