Ambassadeur de Russie en Belgique Alexander Tokovinin.
Victor OnoutchkoRBTH : Où en sont aujourd’hui les relations entre la Russie et la Belgique ? Sont-elles influencées par les sanctions décrétées par l’UE et l’embargo introduit par Moscou en réaction à ces restrictions ?
Alexander Tokovinin : Je veux indiquer avant tout que Bruxelles n’était pas de ceux qui ont lancé ces sanctions et que les milieux d’affaires belges sont fermement décidés à surmonter le plus vite possible les embûches sur le chemin du développement des rapports avec la Russie. Il est évident que les sanctions ont leur impact sur nos relations. Nous constatons une réduction des échanges commerciaux.
Toutefois, le pragmatisme de nos collègues belges me semble très important. Plus de cinquante sociétés belges déploient leurs activités dans notre pays et, à ce que je sache, aucune n’a quitté la Russie au cours des trois dernières années. Au contraire, mes rencontres avec les poids lourds du monde belge des affaires qui coopèrent avec la Russie me permettent de conclure qu’ils réalisent les perspectives prometteuses du marché russe et se rendent compte qu’il ne faut surtout pas le perdre.
Avant la crise ukrainienne, on assistait à un développement rapide, je dirais même impétueux, des relations commerciales et économiques entre la Russie et la Belgique. Ce qui signifie que sans les butoirs qui n’ont aucun rapport avec nos relations bilatérales et nous sont imposés de l’extérieur, notre coopération est très fructueuse.
Pourtant, pour certains secteurs, les sanctions ont été salutaires, car les entreprises qui travaillent à l’intérieur de la Russie continuent de se développer.
En ce qui concerne l’avenir, tout porte à croire que le sens des affaires l’emportera dans notre coopération. C’est dans ce contexte que s’est déroulé début mai l’entretien entre les vice-coprésidents de la Commission mixte de coopération économique de Russie et de l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL).
Quels sont les grands axes de la coopération entre la Russie et la Belgique aujourd’hui ?
Ils sont très divers. C’est le commerce, avant tout des ressources naturelles et des produits de l’industrie chimique, c’est le secteur des investissements, tant en Russie qu’en Belgique. Plusieurs sociétés russes, comme Lukoil, EuroChem (géant pétrolier et producteur d’engrais respectivement, ndlr) ou le Combinat sidérurgique de Novolipetsk, déploient leurs activités en Belgique. En Russie, le plus grand investisseur belge est toujours le groupe chimique Solvay.
Ce qui est particulièrement important, c’est que, à côté de la réalisation des projets entamés précédemment, nous en lançons de nouveaux. Je citerai notamment la construction d’un grand terminal pour le gaz naturel liquéfié (GNL) dans le port de Zeebrugge en partenariat entre la société russe Yamal LNG et le groupe d’infrastructures de transport de gaz belge Fluxys. Ce projet, pour ne citer qu’un exemple, permettra de mettre en service des capacités pour le transbordement du GNL russe et sa distribution aux consommateurs, notamment sur d’autres continents, ce qui témoigne de son importance.
Nous considérons également la coopération dans les secteurs de haute technologie et des industries de pointe comme extrêmement prometteuse.
L’un des grands défis, tant pour la Russie que pour la Belgique, est aujourd’hui le danger du terrorisme. Les deux pays coopèrent-ils dans ce domaine ?
Malheureusement, notre coopération dans la lutte contre le terrorisme international n’est pas du tout à la hauteur des enjeux de l’impératif de l’heure et de la lutte contre cette menace commune, car en étant membre de l’Otan, la Belgique suit la politique tracée par l’Alliance, alors que cette dernière a gelé toute coopération pratique avec la Russie.
En septembre 2015, prenant la parole à la 70ème Assemblée générale des Nations unies, le président russe Vladimir Poutine a appelé à mettre en place un large front antiterroriste sur la base du droit international. La Russie était et reste ouverte à la coopération parce que nous comprenons, peut-être mieux que quiconque, que c’est un sérieux défi à long terme et qu’il n’est possible de le relever que par des efforts communs, des actions collectives de la communauté internationale.
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