Les raisons exactes de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire sont encore aujourd’hui le sujet de débats. On sait cependant que lorsque les employés de la centrale nucléaire de Tchernobyl ont diminué la puissance thermique du réacteur №4 (afin d’effectuer un test), la chaleur à l’intérieur de ce dernier a alors augmenté considérablement, ce qui a causé deux explosions le détruisant.
Mais pourquoi la température a-t-elle crû si soudainement ? Selon la première version, présentée en 1986 dans un rapport officiel par l’INSAG (Groupe International Consultatif de Sûreté Nucléaire), sont pointés du doigt les techniciens du site qui auraient enfreint les règles de sécurité.
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Néanmoins, en 1992, le rapport de l’INSAG-7, comme l’ont confirmé ses auteurs, « a mis l’accent sur la contribution d’éléments particuliers de conception, incluant la conception des barres de contrôle et des systèmes de sécurité ». Les chercheurs ont en effet avancé que la structure de la centrale de Tchernobyl comprenait des défauts dès le début. Il existe cependant d’autres théories (tremblement de terre, attaque terroriste, etc), mais elles sont considérées comme moins crédibles.
Durant plusieurs jours, les autorités soviétiques ont dissimulé la véritable ampleur de la pollution nucléaire dans le but, comme l’a précisé un haut responsable à Russia Beyond dans cet autre article, d’éviter la panique. Le 27 avril, la ville de Pripiat, la plus proche du site (111 kilomètres au nord de Kiev), était évacuée.
Début mai, les autorités ont étendu la zone d’évacuation à un périmètre de 30 kilomètres, la fameuse « zone d’exclusion ». Les ruines hautement radioactives du réacteur ont quant à elles été recouvertes par un « sarcophage » spécial afin d’empêcher tout pollution ultérieure. Plus de 600 000 personnes de toute l’URSS ont alors pris part à l’extinction des incendies, au déblayage du territoire et à l’édification du sarcophage.
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Trois personnes sont décédées en raison de la seule explosion, mais les dégâts ont été bien plus sérieux. Parmi les techniciens du site, qui s’y trouvaient le 26 avril, selon les sources soviétiques, 42 ont succombé au syndrome d'irradiation aiguë au cours des 10 années ayant suivi le drame. Au moins 45 personnes ont donc perdu la vie précisément à cause de la catastrophe de Tchernobyl.
De manière générale, les explosions ont contaminé une zone de 200 000km² d’isotopes d’uranium et de plutonium, d’iode-131, de césium et de strontium 90, substances radioactives nocives pour la santé humaine. Néanmoins, il est impossible de définir le nombre exact de personnes tombées malades ou décédées à cause des radiations, surtout après tant d’années. En 2005, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a néanmoins rapporté que l’accident de Tchernobyl avait pu entraîner la mort de 4 000 personnes.
En dépit de l’importante pollution, les spécialistes pensent principalement que les conséquences de cette catastrophe vieille de plus de 30 ans sont de nos jours mineures. La plus importante est le haut risque de cancer de la thyroïde pour les personnes qui étaient âgées de moins de 18 ans au moment des faits, probablement car ils buvaient du lait pollué à l’iode radioactif, a rapporté l’OMS en 2006. La corrélation entre la tragédie et d’autres maladies n’a pas encore été prouvée.
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« Il n’y a pas de conséquences graves pour la population (en dehors des cas de cancers de la thyroïde), et il ne peut y en avoir, puisque la dose de radiation à laquelle elle a été confrontée a été minime. Pour ce qui est de l’impact sur l’environnement, il est encore moins important que sur les humains », a assuré Rafael Arutyunyan, expert en sûreté nucléaire, interrogé par l’agence de presse TASS.
Certains semblent cependant ne pas rejoindre cet avis. Lorsqu’un correspondant de Russia Beyond s’est rendu en 2016 à Novozybkov (région de Briansk, près de la frontière ukrainienne, 514 kilomètres au sud-ouest de Moscou), point du territoire russe le plus proche de Tchernobyl, il a en effet appris que les taux de cancers y étaient deux fois et demie plus élevés que la moyenne nationale.
La zone d’exclusion de 30 kilomètres autour du tristement célèbre réacteur n°4 est toujours d’actualité. Toutefois, près de 2 000 individus ont regagné leur maison désertée à Pripiat et dans les villages voisins, préférant vivre dans ces conditions plutôt que d’abandonner leurs terres. Comme l’a confié à Russia Beyond en 2016 un résident de la zone âgé de 90 ans, « le secret d’une longue vie est de ne pas quitter votre terre natale, même quand elle est empoisonnée ».
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Des gens le font, des excursions y sont même organisées. Pour observer l’atmosphère quelque peu lugubre de ces localités soviétiques abandonnées il vous faut donc prendre la direction de l’Ukraine, y réserver une excursion (selon le site officiel, la moins chère est à 69€) et profiter de cette visite on ne peut plus singulière.
« Le niveau de danger de La Zone n’est pas élevé, mais certaines mesures de précaution sont tout de même recommandées, principalement concernant les vêtements », a écrit le correspondant de Russia Beyond, Anton Papich, suite à sa visite de Tchernobyl il y a deux ans. Selon lui (et d’autres journalistes), il s’agit d’une véritable ville fantôme, où le temps s’est arrêté il y a 32 ans, suite à cette explosion ayant bouleversé pour toujours le destin des locaux.
Saviez-vous qu’en Russie se trouvait un endroit plus radioactif que Tchernobyl ? Dans cette autre publication nous vous présentons le mortel lac Karatchaï.
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