Le comportement peu orthodoxe des troupes russes fut la première surprise désagréable pour Napoléon. Espérant obtenir une victoire rapide, l'empereur français rassembla sa Grande Armée énorme et multinationale, et entra en Russie sans faire face à aucune résistance. Plus tard, en exil sur l'île de Sainte-Hélène, Napoléon a rappelé qu'il avait « une armée plus nombreuse que tout ce qui avait jamais combattu en Europe... Renforcée par les troupes de Prusse, d'Autriche et de la Confédération du Rhin, j'avais sous mon commandement jusqu'à 480 000 soldats... »
Comme il était très difficile d’entretenir une armée aussi vaste pendant une longue période, Napoléon espérait qu'une bataille de terrain traditionnelle se déroulerait peu de temps après avoir traversé la frontière, quelque part sur le territoire de la Lituanie actuelle.
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Quelque chose de très inattendu est cependant arrivé. Alors que l'armée russe (environ 240 000 soldats) résistait furieusement aux envahisseurs français, ils ont évité un choc frontal, se retirant à chaque fois après avoir mené des attaques furtives et ponctuelles. Napoléon décrivit le sentiment français prédominant quand, à la mi-août, après une féroce bataille, il entra dans la ville de Smolensk (environ 500 km à l'ouest de Moscou).
« L’armée entière pensait que ce serait la fin de notre campagne... Mes régiments ont été étonnés qu’après tant de marches dures et meurtrières [deux mois après l'invasion], leurs efforts fussent constamment frustrés, et ils ont commencé à s'inquiéter de la distance qui les séparait de la France », a écrit Napoléon en exil.
En fin de compte, le souverain français a obtenu sa bataille sur un champ majeur : les deux armées se sont rencontrées dans le village de Borodino, non loin de Moscou. Malgré le fait que les troupes russes se soient retirées durant la nuit après la bataille, Napoléon n'atteignit pas son objectif stratégique. L'armée russe était encore intacte. Au contraire, son armée avait subi un coup terrible et avait besoin de temps pour se rétablir. Il espérait que les troupes françaises seraient en mesure de le faire à Moscou, où elles pénétrèrent une semaine plus tard.
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Une fois de plus, cependant, le plan de Napoléon a été déjoué par un furieux incendie qui a dévasté l'ancienne capitale russe, et qui avait été déclenché par les Moscovites eux-mêmes. « Ce feu a tout démoli. J'étais prêt à tout, mais pas à ça. Qui pourrait penser que des gens brûleraient leur propre capitale ? Si ce n'était ce feu fatidique, j'aurais eu tout ce dont l'armée avait besoin. L'année suivante, soit [l’empereur russe] Alexandre aurait conclu la paix, soit je serais arrivé à Saint-Pétersbourg », a déclaré Napoléon à un médecin britannique lors de son exil. À l'époque, à Moscou, Napoléon s'écria : « Quelle terrible vision! Ils la brûlent eux-mêmes... Quel spectacle effroyable ! Quels hommes ! Ce sont des Scythes ! »
Napoléon se plaignit plus tard du gel inopportun et féroce qu'il avait connu en Russie. « Je me suis trompé de quelques jours. J'avais étudié le climat russe sur 50 ans... Les gelées ont toujours commencé 20 jours plus tard [qu'en 1812]. Quand nous étions à Moscou, il faisait moins 3 degrés [Celsius] et les Français l’ont bien supporté. Mais sur la route [pendant la retraite] il faisait moins 18 et presque tous nos chevaux sont morts... Les soldats étaient démoralisés... Ils se sont dispersés et ont été victimes de l'ennemi. D'autres se couchaient, s’endormaient et mouraient », se lamenta plus tard l'empereur déchu. Il a qualifié les rudes conditions météorologiques de principal facteur de la destruction de son armée.
Malgré sa défaite humiliante, Napoléon a apprécié la beauté des villes russes. « La vue de Smolensk, qui s’étend en forme d’amphithéâtre sur les rives de la rivière Dniepr, offre un beau tableau », a écrit l'empereur français au sujet de l’endroit à proximité duquel, selon certains experts, il aurait caché des trésors volés à Moscou.
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Ses commentaires sur l'ancienne capitale russe étaient encore plus flatteurs : « Construite comme Rome sur sept collines, Moscou a un aspect pittoresque. Il faut voir le panorama de cette ville, semi-orientale et semi-européenne, avec ses 200 églises et un millier de dômes de différentes couleurs qui s'élèvent, pour expérimenter le sentiment que nous éprouvions quand nous l'avons regardée depuis les hauteurs de Poklonnaïa Gora ».
Napoléon a été profondément frappé par la résistance populaire massive à son invasion, comme l’a déjà montré sa réaction à l’incendie de Moscou : « L'armée la plus menaçante ne peut pas mener avec succès une guerre contre toute une nation qui a décidé de gagner ou de mourir. Nous n'avions pas affaire aux Lituaniens, spectateurs indifférents des événements qui se déroulaient autour d'eux. Toutes les personnes qui étaient des Russes de souche ont quitté leurs maisons alors que nous avancions. Sur notre chemin, nous n'avons rencontré que des villages abandonnés ou brûlés dont les habitants se sont unis dans des groupes qui agissaient contre nos soldats ».
Le trésor moscovite de Napoléon est-il encore en Russie ? Trouvez la réponse dans notre article.
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