Orest Kiprensky. Portrait d'Alexandre Pouchkine. 1827. Crédit : Galerie Trétiakov
Pouchkine était réputé pour sa superstition, qui confinait parfois à la paranoïa. Cependant, ses prémonitions d’apparence hasardeuse ont plusieurs fois semblé se réaliser. En décembre 1825, Pouchkine décida de s’échapper du domaine de campagne de sa mère, à Mikhaïlovkoïe (région de Pskov, 560km au nord-ouest de Moscou), où il était exilé.
Alors qu’il se rendait à Saint-Pétersbourg, un lièvre traversa la route devant son attelage, ce que l’écrivain prit comme un mauvais présage. Il retourna immédiatement au domaine. Mais voilà, l’histoire avait lieu à la veille du soulèvement de Décembre, lorsqu’un groupe de nobles demanda la réduction des pouvoirs du Tsar et une constitution. Le fait que Pouchkine n’ait pas poursuivi sa route vers Saint-Pétersbourg l’empêcha de se joindre aux révolutionnaires de la Place du Sénat, un acte qui valut à la plupart d’entre eux d’être envoyés en Sibérie pour le restant de leurs jours. C’était l’une des histoires préférées de Pouchkine, et il aimait la répéter.
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Vingt ans avant sa mort tragique, l’écrivain avait reçu une prophétie selon laquelle il serait tué par un « homme blanc » avec une « tête blanche ». En 1837, Pouchkine fut blessé à mort en duel par Georges d’Anthes, qui portait un manteau blanc et avait des cheveux blonds.
F.A.Moller. Portrait de Nicolas Gogol. DR
Gogol était un homme excentrique et pétri d’angoisses, mais celle qui le hantait le plus était la taphophobie : la peur d’être enterré vivant. Pour éviter ce destin affreux, il dormait en position assise et ajouta une disposition à son testament selon laquelle il ne faudrait l’enterrer que lorsque son corps commencerait à se décomposer visiblement.
Gogol mourut en 1852 et fut à nouveau inhumé en 1931. Des témoins de son exhumation rapportèrent que le corps de l’écrivain avait une pose peu naturelle. Pure coïncidence, où derniers mouvements d’un homme dont la pire terreur s’était réalisée ?
Vassily Perov. Portrait de Fiodor Dostoïevski. 1872. Crédit : Galerie Tretiakov
Ce monument de la littérature russe, connu pour sa prose vibrante et énergique, avait aussi une forte tendance à tomber dans un sommeil catatonique, effet secondaire de son épilepsie.
« À chaque fois qu’il allait se coucher, il me demandait de ne pas l’enterrer pendant au moins trois jours au cas où il serait pris de catatonie », se souvient Konstantin Troutovski dans ses Souvenirs de Dostoïevski, le premier livre consacré à l’écrivain. « Il vivait dans cette terreur permanente ».
Dostoïevski était réputé pour sa santé physique et mentale fragile, au point d’attirer l’attention de Sigmund Freud, qui lui consacra plusieurs articles.
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Vladimir Nabokov. Crédit : wikipedia.org
De nombreux auteurs ont besoin d’un rituel spécifique pour les aider à créer, mais Nabokov était un cas à part dans ce domaine. Il écrivait ses romans sur de petites cartes rectangulaires qui contenaient environ 150 mots chacune. Il travaillait de façon non-linéaire, notant des idées en vrac quand elles lui venaient, et ne numérotant et assemblant les cartes en un seul texte qu’à la fin du processus.
Cette méthode de travail atypique valut bien des tourments à ses éditeurs lorsqu’il fut question de publier son dernier roman inachevé, l’Original de Laura. Il n’avait pas numéroté les 138 cartes avant de mourir, et il fallut près de trente ans de débats pour qu’une version soit publiée. S’agit-il de la version que Nabokov avait prévue ? C’est un sujet de controverses pour encore quelques décennies.
Ecrivains Ilya Ilf (à dr.) et Evgeny Petrov. Crédit : TASS
L’un des co-auteurs de L’Amérique de plain-pied et Les douze chaises était une personne pleine d’esprit. L’un de ses passe-temps favoris était d’écrire des lettres à des personnes imaginaires. Il inventait des noms et adresses et envoyait les lettres aux quatre coins du monde. Lorsque ces lettres étaient inévitablement retournées à l’envoyeur, Petrov se délectait des enveloppes couvertes de timbres et cachets postaux étrangers.
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Le système semblait être à toute épreuve. Selon la légende, Petrov envoya en avril 1939 une lettre en Nouvelle-Zélande en utilisant sa bonne vieille méthode consistant à inventer une destination et un destinataire, dans ce cas un certain Merill Eugene Wellesley. Lorsque la lettre ne lui revint pas au bout de quelques mois, il considéra qu’elle avait tout simplement été égarée. Cependant, en août de la même année, le facteur lui apporta une lettre de Nouvelle-Zélande. C’était une réponse claire et directe au message de Petrov à Wellesley. Elle incluait même une photo de l’écrivain enlaçant un homme qu’il n’avait jamais vu de sa vie. Cherchant à comprendre ce qui se passait, Petrov écrivit une seconde lettre au mystérieux Wellesley, mais mourut avant de recevoir de réponse.
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