De manière générale, le rap russe n’est pas un genre réputé pour voir naître de gentils garçons. Antokha MC est d’ailleurs peut-être l’exception confirmant cette règle. Aussi doux et pacifiste qu’il puisse paraître, ses morceaux n’en sont néanmoins pas moins déchainés.
Ballon de football est un morceau à la fois calme et empli d’un dynamisme indéniable, traduisant à merveille le style typiquement lent et introspectif d’Antokha MC. Ici, celui-ci se laisse porter par un rythme entêtant tout en exprimant ses souvenirs d’enfance et en laissant libre court à son talent pour les jeux de mots. Le clip, présentant quant à lui l’artiste voyageant en Géorgie, est une ode à la jeunesse, à la nostalgie et au football (juste à temps pour la Coupe du Monde !).
Se séparant le temps d’une chanson de sa collaboratrice habituelle, Suzanna (qui figure cependant dans le clip), le producteur et rappeur Malbec s’est allié, pour cette ballade sur air de synthé, à Liza Gromova, chanteuse et parolière hipster à la popularité en pleine croissante. Réputé pour sa trip-hop expérimentale et émotionnelle, le titre Yeux marque un tournant franc et mélodieux pour Malbec, qui s’appuie ici sur la puissante voix de Gromova pour évoquer un amour non réciproque.
Visionnez attentivement le clip de ce morceau, dans lequel les artistes arborent un visage mélancolique en différents lieux de la capitale russe (dont le marché Danilovski), se détachant singulièrement du décor avec leur remarquable tenue de cosmonautes.
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Ce groupe de nu metal originaire de Moscou fait résonner sa puissante musique depuis 2002, suffisamment de temps pour avoir sorti un album de leurs plus grands tubes l’année dernière. Après une pause de deux ans suite à leur dernier album original, ils ont fait leur grand retour avec Vers Mars !, portant sur le thème de… la conquête de Mars.
D’après les paroles, nous sommes trop à l’étroit sur Terre et il serait préférable d’acheter un aller simple pour la planète rouge car « il y a un sens à être là-bas ». Et même Gagarine nous « transmet ses salutations », rien que ça.
7. Pochlaïa Molly - Буду твоим пёсиком (Je serai ton petit chien)
Les punk rockeurs du groupe Pochlaïa Molly ont ravi les amateurs de musique survoltée avec leur nouveau morceau Je serai ton petit chien, qui n’invite qu’à une seule chose : secouer notre tête dans tous les sens.
Les paroles totalement absurdes couvrent une large variété de sujets, qu’il s’agisse de faire la fête avec un SDF ou du fait que vos parents pensent que vous êtes gay. Mais que pourrait-on attendre d’autre de la part d’un groupe dont le premier album a été baptisé « 8 façons d’arrêter de se masturber » ?
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Apprêtez-vous à faire la connaissance de celui que certains n’ont pas hésité à qualifier de « réincarnation de Viktor Tsoï ».
Ce morceau on ne peut plus étrange, dont le clip présente la vie d’un homme-pieuvre est sorti de nulle part, imaginé par un emo-rappeur de Vladikavkaz (capitale de la République d’Ossétie-du-Nord-Alanie, 1 503 kilomètres au sud de Moscou) de 23 ans, nommé Matrang. Elle fait partie des chansons les plus populaires sur le segment russe de YouTube cette année, et elle mérite amplement cette acclamation générale. L’accompagnement instrumental sombre convient harmonieusement à la voix surnaturelle (et quelque peu inquiétante) du jeune homme ainsi qu’à sa personnalité tout aussi singulière. Vous pourriez détester aimer cette chanson, mais vous n’arriverez pas à la faire sortir de votre crâne.
Matrang s’est en réalité fait connaitre fin 2017, après avoir publié sur YouTube son titre Méduse doté d’un clip fait maison. L’air hypnotisant de ce morceau a rapidement fait le buzz, permettant à ce total inconnu de récolter 58 millions de vues. Repéré par le label Gazgolder, ce dernier l’a intégré dans ses rangs et a lancé la production du clip présenté ici.
Vétéran du rap, Husky a réintégré notre playlist en avril à l’aide de son hit le plus abstrait et le plus nerveux jusqu’à ce jour. Mettant encore plus l’accent sur sa mauvaise articulation, ce natif d’Oulan-Oude (capitale de la République de Bouriatie, 4 419 kilomètres à l’est de Moscou), dépeint dans « Judas » une réalité distordue et transcendantale, où l’artiste se positionne en tant que Jésus Christ, tandis que la société accro aux drogues incarne le traitre Judas.
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Il délivre ici un message alambiqué, reflétant de manière satirique le complexe de supériorité des personnes extérieures à l’industrie de la drogue, à travers le prisme de la paranoïa, afin de défendre le fait que la notion même de prophétie est erronée. Vous n’avez rien compris ? Nous non plus. Toujours est-il que, combinées avec ce clip mettant en scène l’angoissant chaos urbain, symbolisant la solitude, les paroles de « Judas » sont la preuve indéniable que le rap peut être l’un des genres musicaux les plus torturés qui soient.
Extrait des paroles :
Des mouches dans mon verre de vin
Qu’y aura-t-il après moi
Les dessins-animés d’un nouveau jour
Ne me diront certainement pas
qui de vous me trahira
Six mois après avoir annoncé un nouveau single lors d’un populaire programme télévisé, Kristina Bardach, plus connue sous le pseudonyme Louna, une parolière ukrainienne, a finalement régalé le monde russophone en mai avec son morceau Jukebox.
Alors qu’elle avait jusqu’ici principalement offert au public des balades et de la pop-house, ce nouveau morceau n’a pas déçu ses fans. Aux sonorités de techno-pop des années 1990, il met en effet parfaitement en valeur la riche voix mystique de Louna, qui zigzague sans aucun problème d’une octave à une autre pour apporter à la chanson un aspect onirique des plus hypnotisant.
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Jukebox relate la dissolution de l’âme par l’amour, un sentiment retranscrit à la perfection par le clip mêlé de mysticité et de nostalgie, amplement imprégné de culture hippie.
Monetotchka, certainement la personne la plus adorable de la pop russe (son passe-temps favoris est la broderie), a réjoui la nation entière avec son tout nouvel album Раскраски для взрослых (Coloriages pour adultes). Chacun des 10 morceaux y figurant a fait son entrée dans le top 100 des hits de Russie en l’espace d’une seule et unique semaine. Pas mal quand on sait qu’elle n’a que 20 ans !
Chaque fois, est le principal tube de l’album, et traite d’un amour non réciproque et du manque ressenti à l’égard d’un ex, tout en niant sarcastiquement ce sentiment. La voix innocente de Monetotchka permet également d’ôter toute malice que l’on pourrait voir dans les paroles (même si elle y est certainement bel et bien présente).
Mélodieux jeu au piano, clip champêtre et charisme enfantin, il faudrait être sourd pour ne pas apprécier.
Extrait des paroles :
Si on me payait chaque fois
Chaque fois que je pense à toi
Je dormirais au bord de la route
Je serais la plus pauvre au monde
Cela fait déjà un bout de temps que Pharaot propose une musique dystopique, mais il est encore parvenu à se surpasser en mai, en nous livrant ce nouveau morceau. Nous proposant l’un des meilleurs hits de l’année, tous genres confondus, il pourrait aisément prétendre au trône du rap russe. Ses tirades sont en effet assassines et il pourrait avec une seule d’entre elles mettre KO bon nombres de ses concurrents. Son langage est cependant fortement fleuri et les âmes sensibles devraient donc s’abstenir… si elles y parviennent.
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Voici le hit absolu de cette année.
Après avoir fait quelques vagues avec leur tube Volga en 2017, les producteurs moscovites Dima Nova et Ilia Gadaïev sont revenus en mars avec l’un des morceaux les plus inspirants de 2018. Il s’agit peut-être d’une grosse claque disco, mais il ne faut pas se mentir, nos oreilles apprécient grandement cela.
Rembobinant le fil des années pour laisser transparaitre une brillante et insolente culture disco du morne hiver russe, le clip peut être résumé par le gars portant une boule à facettes dans le bus. C’est disco, et ça ne mourra jamais !
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