Lady Macbeth du district de Mtsensk
Ruslan Chamoukov/TASSDans l’histoire de la musique russe, Glinka s’impose comme le premier compositeur et le créateur des premiers opéras du pays. Bien entendu, il y a là une certaine exagération : dès le XVIIIè siècle même en Italie résonnaient déjà les œuvres de Dmitri Bortnianski et d’Evstigneï Fomine. Mais tandis que ceux-ci s’étaient efforcés de se plier pleinement aux traditions étrangères, Glinka y intégra au contraire la très particulière âme russe.
L’idée de composer un opéra inspiré de Rouslan et Ludmila fut suggérée à l’artiste par Pouchkine en personne, auteur du poème original. Néanmoins celui-ci étant décédé peu après, mettre au point une telle œuvre sans ses conseils se révéla être une tâche difficile.
La grande première, organisée en 1842 sur la scène du théâtre Bolchoï Kamenny à Saint-Pétersbourg, ne fut pas un franc succès, et ce n’est que progressivement que le public réussit à apprécier cet opéra à sa juste valeur.
Ainsi, même à notre époque, alors qu’il n’est pas aisé de rester assis cinq heures sur un siège de spectateur, lorsque derrière le pupitre du Théâtre Mariinsky s’est tenu Valeri Guerguiev et que le rôle de Ludmila a été interprété par Anna Netrebko, ou lors de l’inauguration, après rénovation, de la scène historique du théâtre Bolchoï, lors de laquelle a été présentée la mise en scène de Dmitri Tcherniakov, le spectacle a automatiquement fait salle comble.
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Pour la création de cet opéra Modest Moussorgski s’inspira du célèbre drame de Pouchkine et de fragments de l’Histoire générale de la Russie de Nikolaï Karamzine. Le compositeur travailla sur cette œuvre durant toute l’année 1869, et ce fut donc pour lui une véritable tragédie lorsque la direction des théâtres impériaux la rejeta.
La première de Boris Godounov ne se tint que cinq ans plus tard au théâtre Bolchoï Kamenny, mais la composition ne parvint alors pas à convaincre l’auditoire.
Cependant, en 1898 Boris Godounov fut mis en scène à Moscou au sein du théâtre privé Solodovnikov. Pour le rôle principal on invita alors le légendaire Fiodor Chaliapine, qui brillera plus tard en l’interprétant à Paris durant les Saisons de Diaghilev.
Aujourd’hui, Boris Godounov est un phénomène de l’art musical, tant en Russie que dans le monde entier. En juin et juillet 2018, l’opéra sera à nouveau présenté sur la scène de l’Opéra Garnier à Paris sous la direction du chef d’orchestre russe Vladimir Iourovski, dans une mise en scène signée du Belge Ivo van Hove.
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La Dame de Pique est unique par le fait qu’entre les premières notes écrites par le compositeur et la tenue de la grande première ne s’écoulèrent que onze mois. C’est à Florence que Tchaïkovski, alors âgé de 50 ans, composa cette œuvre. À la base de cet opéra se trouve la nouvelle homonyme de Pouchkine, mais l’action passa de l’époque de ce dernier au XVIIIè siècle, tandis que quelques changements furent apportés au caractère des personnages.
En 1890, lorsqu’eut lieu la première, au théâtre Mariinsky, LaDame de Pique reçut de chaleureuses ovations. En 1902, Gustav Mahler la mit ensuite en scène à l’Opéra national de Vienne, puis en 1904 ce fut au tour du jeune Sergueï Rachmaninov de diriger La Dame de Pique au théâtre Bolchoï de Moscou. Depuis, l’œuvre ne disparait presque jamais de l’affiche des principaux théâtres du pays, tandis qu’à l’étranger elle est devenue l’opéra russe le plus célèbre et ayant le plus de succès.
La première de Lady Macbeth du district de Mtsensk, composée sur la base de la nouvelle de Nikolaï Leskov, fut pour Chostakovitch un véritable triomphe. Deux théâtres présentèrent cet opéra presque simultanément et en 1935 il fut même mis en scène à l’étranger. Il termina l’année avec une première au théâtre Bolchoï, à laquelle Staline ne tarda pas à assister. Cependant, en janvier 1936, Pravda, principal journal du parti, publia l’éditorial Cacophonie à la place de la musique, détruisant le « naturalisme » de Chostakovitch. L’article n’était pas signé, mais beaucoup y reconnurent le style de Staline.
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Bien que le compositeur ne fût pas arrêté, Lady Macbeth disparût ainsi pour longtemps de la scène soviétique. L’œuvre fut interprétée à Venise, Zagreb, Düsseldorf, ou encore Poznań, mais en URSS même la mort de Staline n’y changea rien, et ce, malgré le fait que les principaux théâtres du pays se l’arrachaient. Ce n’est qu’en 1962 que le Théâtre académique musical de Moscou put présenter une deuxième version, atténuée, de cet opéra qui a même été rebaptisé pour l’occasion en Katerina Izmaïlova.
La version originale de Lady MacBeth du district de Mtsensk ne refit son apparition qu’en 1996, lorsqu’elle fut mise en scène au théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. En 2004 ce fut au tour du théâtre Bolchoï de Moscou de le faire, rejoignant ainsi la longue liste des établissements dans le monde, où l’opéra de Chostakovitch reste l’un des plus populaires du répertoire russe et est interprété sur les scènes les plus prestigieuses.
Ce chef d’œuvre de Prokofiev s’inspire du célèbre roman homonyme de Léon Tolstoï, bien que d’autres sources encore aient été utilisées. Dans le texte résonnent en effet également les vers de poètes russes des XVIII-XIXè siècles.
Le compositeur imagina Guerre et paix durant l’automne 1941, et c’est au printemps suivant, au beau milieu de la Seconde Guerre Mondiale, qu’il commença à travailler sur la mise en scène de ce gigantesque opéra en 13 tableaux, au sein du théâtre Bolchoï.
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En 1946 la première partie fut présentée au théâtre Mikhaïlovski à Saint-Pétersbourg, mais une ordonnance gouvernementale concernant l’opéra La grande amitié de Vano Mouradeli vint entraver le chemin de la scène à la deuxième. Un an plus tard, l’œuvre vit sa grande première européenne être organisée à Prague, mais le compositeur ne put y assister en personne.
Ce n’est qu’en 1955 que Guerre et paix fut à nouveau mis en scène en Russie. Bien que l’épopée de Prokofiev exige des dizaines de danseurs et des chœurs impressionnants pour les scènes de bataille, elle est à présent à l’affiche dans le monde entier, de Florence à Paris, de Sidney à Buenos-Aires.
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