En français, il existe de nombreuses manières de répondre à la question « Ça va ? ». On peut par exemple simplement répéter « Ça va », ou encore déclarer « Tranquille », « Bien », « Super » ou même « À merveille ». Toutes ces formules sont principalement de subtils outils permettant d’épargner à votre interlocuteur une inutile perte de temps.
Cette délicate attention n’effleure cependant pas l’esprit des Russes, qui ne demandent « Kak dela ? » que lorsqu’ils souhaitent une véritable réponse. Si vous prononcez ces mots, soyez par conséquent certain d’avoir du temps à consacrer à la personne en face de vous et à écouter le récit de sa vie.
« J’avais l’habitude de toujours dire "Kak dela ?" à une fille de mon école, même pas comme une question, mais comme une habitude », affirme l’Irlandaise Alice Gallanagh, ancienne étudiante de l’Institut de littérature Maxime Gorki, à Moscou. « Un jour, elle m’a arrêtée, contrariée, et m’a dit "Pourquoi souhaites-tu toujours savoir comment je vais ? Tu vois bien que je suis pressée.". »
Si vous désirez obtenir une réponse rapide, il est donc préférable de demander « Всё хорошо ? » (Vsio khorocho ? Tout va bien ?).
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En France, il est de coutume de s’excuser à la moindre occasion : lorsque vous interpelez quelqu’un dans la rue, lorsque vous bousculez très légèrement quelqu’un ou encore lorsque vous souhaitez demander un renseignement à quelqu’un.
En Russie, dire « извините » (izvinitié, excusez-moi) est réservé aux situations où vous êtes réellement en tort. Si vous êtes au milieu d’une foule, dans le métro par exemple, il est évident que vous rentrerez en contact physique avec quelques individus, il n’est donc pas nécessaire de demander pardon. Bien entendu, vous pouvez le faire, mais n’attendez aucune courtoisie en retour. Par conséquent, gardez cette expression pour les fois où vous percutez véritablement quelqu’un de plein fouet, vos excuses seront alors appréciées.
Vous avez visionné quelques vidéos sur YouTube à propos des insultes russes, le fameux « mat », et en connaissez donc à présent les principales ? Ce que l’on ne vous a cependant pas expliqué est quand il faut les utiliser !
En réalité, il vous faut connaitre votre audience avant de les proférer car de nombreux Russes seront offensés si vous prononcez des expressions vulgaires, quel que soit leur âge. Si vous êtes dans un bar avec vos potes par exemple, il est probable que cela ne pose aucun problème, mais beaucoup de filles russes garderont leurs distances si elles surprennent de tels mots s’échapper de votre cavité buccale. Gardez à l’esprit qu’il est même techniquement illégal de jurer dans les rues de Russie, surveillez donc votre langue sous peine d’avoir des problèmes avec la loi !
Pour un étranger, il existe cependant quelques moyens sécurisés de s’y risquer. Tout d’abord, il est possible d’exprimer votre colère à l’aide du mot « блин » (bline, crêpe). On pourrait le comparer au « mince » français et il est donc acceptable dans n’importe quel scénario. Aussi, si vous ressentez réellement le désir de proférer quelques obscénités, attendez que quelqu’un d’autre autour de vous blasphème en premier, ce qui peut être considéré comme un feu vert. Après tout, personne n’aime les gens jurant comme des charretiers.
Si vous cherchez un équivalent russe de « monsieur », le mot « господин » (gospodine) est trompeur. Il est souvent en effet présenté comme sa traduction, mais est en fait sorti d’usage depuis bien longtemps. Privilégiez donc « молодой человек » (molodoï tchelovek, jeune homme), qui étrangement peut être utilisé même si l’individu en question n’est plus tant que ça dans la fleur de l’âge.
Vestige de l’Empire russe, « gospodine » reste un terme extrêmement formel qui ne doit être utilisé qu’en des occasions ou lieux prestigieux, tels qu’à un bal, une cérémonie ou un événement culturel mondain. Ainsi, si vous ne portez pas de cravate ou de robe de soirée, cela sonne vraiment faux.
Étant donné que cela a été qualifié de mot aristocratique en URSS, les Russes ont ancré dans leur esprit qu’il ne faut pas l’utiliser, si ce n’est avec une importante dose d’ironie. Les personnes âgées ayant des sympathies pour le communisme n’hésiteront d’ailleurs pas à le remplacer par le fameux « товарищ » (tovarichtch, camarade).
La Russie reste à bien des égards une société conservatrice, et quand il est question de formalité, aussi faible soit-elle, une stricte hiérarchie y est associée. Ainsi, si vous ne savez pas trop comment vous adresser à quelqu’un de socialement supérieur à vous, utilisez son prénom suivi de son patronyme (dérivé du prénom de son père). Il s’agit de la façon la plus sûre et la plus respectueuse de le faire. Fait amusant, certaines personnes mariées depuis pourtant bien longtemps et vivant en province s’adressent toujours ainsi entre elles.
En général, cela s’applique à votre professeur, votre supérieur professionnel, un général de l’armée, votre docteur, etc. S’ils trouvent cela trop formel, ils vous le diront, n’hésitez donc pas à le faire, cela vaut mieux que de les offenser.
« Quand j’ai tenté pour la première fois de visiter un appartement ici, mon propriétaire s’est présenté comme "Ivan Nikolaïevitch". Je venais tout juste de lire Oncle Vania de Tchekhov et j’essayais de paraître amical donc j’ai répondu "Super, du coup je peux vous appeler Vania [Diminutif d’Ivan] ?" Pour faire court, je n’ai pas eu l’appartement. », raconte John Allister, un professeur américain installé à Moscou.
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Voici une faute extrêmement répandue ! Beaucoup pensent que « на здоровье » (na zdorovié) est la meilleure façon de trinquer en russe. Mais il s’agit une erreur totale, puisque cette expression est polonaise et non russe. Même l’équivalent russe « за здоровье » (za zdorovié, santé) semble quelque peu paresseuse. Les toasts ont une grande importance en Russie et doivent exprimer la gratitude envers vos compagnons de boisson.
Si vous prononcez « na zdorovié », vos amis russes penseront donc que vous tentez d’apprendre leur langue uniquement en écoutant les interventions de Schwarzenegger en russe. Au mieux, vous provoquerez les grimaces de vos camarades, un véritable toast nécessitant une structure plus complexe et exigeant un minimum de réflexion pour refléter votre sincérité réelle.
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