Les régions montagneuses de l’Altaï (3 000 kilomètres au sud-est de Moscou) sont, aux côtés du lac Baïkal, la destination sibérienne favorite des touristes. Pourtant, tant pour les locaux que pour ceux venus de loin, des zones méconnues demeurent sur les cartes. Le plateau d’Oukok, renfermant une beauté insoupçonnée et de multiples trésors, en fait partie.
Le plateau d’Oukok, inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO au sein de la Réserve naturelle des Montagnes dorées de l’Altaï, n’était que partiellement référencé sur les cartes de Russie impériale. En raison de découvertes archéologiques réalisées au XXe siècle, cette région naturelle, à l’extrême sud de la République de l’Altaï, à la frontière avec la Mongolie et le Kazakhstan, est considérée par les chercheurs sibériens comme le cœur de l’Eurasie. Cette partie de la Sibérie a en effet été habitée, à différentes époques, par les Scythes, les Huns, et divers peuples turcs nomades ayant pratiqué l’élevage, l’artisanat et l’agriculture.
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Cependant, c’est la « Princesse de l’Altaï » qui a procuré au plateau d’Oukok sa renommée internationale. En 1993, un groupe de scientifiques venus de Novossibirsk ont, en collaboration avec des homologues allemands et mongols, débuté des fouilles sur un tertre funéraire entre l’Altaï et la Mongolie. Ils ont alors découvert quelque chose d’absolument extraordinaire à 19 mètres de profondeur. S’y trouvait en effet un ancien sépulcre contenant la momie d’une jeune femme, qui a rapidement été surnommée la « Princesse de l’Altaï » par la presse locale.
Cette découverte a eu une résonnance considérable dans les cercles archéologiques russes : tout d’abord, le lieu d’inhumation renfermait des vêtements et meubles d’une haute qualité artistique et parfaitement préservés, ensuite, grâce à une analyse ADN de la « Princesse d’Oukok » (comme elle est également appelée), il a été possible d’obtenir de nouvelles informations concernant une ancienne culture, la culture pazyryk, remontant à l’époque des Scythes (Ve siècle). Récemment, l’anthropologue suisse Marcel Nyffenegger est par ailleurs parvenu à reproduire ce à quoi devait ressembler la jeune femme, apportant par là même une portée mondiale à cette trouvaille.
Le plateau d’Oukok est un singulier musée des antiquités. Au-delà du tumulus de la Princesse de l’Altaï, on trouve par exemple de nombreux pétroglyphes (gravures dans la pierre) en parfait état. Dans la zone naturelle d’Elangach, au milieu des steppes de la Tchouïa, un complexe artistique entier sur roche, comprenant près de 30 000 dessins, a ainsi traversé les âges. Le plus ancien de ces pétroglyphes remonte au temps des Mongols, lorsqu’ils parcouraient les étendues de Sibérie.
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Ici, ces pierres anciennes apparaissent comme des pâturages figés : y sont gravées des représentations de rennes, de chameaux, de bisons, de chèvres, et même de charrettes, de sujets mythologiques et de scènes de chasse. Également populaires auprès des voyageurs, les pétroglyphes de Bertek sont un autre trésor local. Il est aussi possible d’y admirer d’innombrables gravures, ainsi que les « pierres de renne » sur le sentier de Djoline, des blocs de granit considérés comme sacrés par les anciens habitants de l’Altaï.
En dehors de l’archéologie sibérienne et de l’histoire de l’Altaï d’autrefois, les explorateurs se rendent au plateau d’Oukok pour contempler ses paysages semblant issus d’un autre monde, comparables à ceux que l’on peut observer dans 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. On y trouve des plateaux couleur ocre, des sommets de montagnes enneigés, des bosquets de mélèzes, sans oublier les vastes étendues de la steppe. L’une des plus hautes cimes est celle du mont Tabyn-Bogdo-Ola, culminant à 4 374 mètres et dont le nom signifie en mongol « les cinq sommets sacrés ».
Un voyage sur le plateau d’Oukok est synonyme d’immersion dans une région naturelle et multiculturelle, où les cultures altaïque, mongole, kazakhe et sibérienne s’entrelacent. Ce lieu est des plus sauvages et ne compte aucune piste balisée. Les touristes y circulent donc généralement à bord de véhicules tout-terrain de fabrication russe. Se lancer dans une randonnée vers les sommets environnants ou de par les vallées est également une alternative. Vous n’y apercevrez toutefois aucun hôtel, soyez donc prêt à passer la nuit dans des yourtes. L’avantage est que vous serez toujours au plus près des locaux, des Kazakhs de l’Altaï et du peuple télenguite, qui voient ce territoire comme leur contrée d’origine et qui vous initieront volontiers à la vie dans la steppe.
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Le plateau d’Oukok n’est cependant pas facile d’accès, d’autant plus qu’il s’agit d’une zone protégée. Dans le sud du plateau, un parc national a par exemple été créé, la « zone de tranquillité d’Oukok ». Une partie de ce territoire est une réserve naturelle, par conséquent vous ne pourrez vous y rendre que par le biais d’un tour-opérateur local connaissant la région et ayant ses propres guides et moyens de transport. Un permis spécial de frontière est en outre indispensable, les environs se trouvant à proximité des terres kazakhes et mongoles (en Russie, il faut une autorisation pour pénétrer dans certains espaces frontaliers). Il est ainsi fortement recommandé d’organiser votre périple via une agence de voyage et d’entamer ce processus au moins un mois à l’avance.
Les voyageurs peuvent rejoindre en voiture le campement du Chameau d’Or – Tydtouïaryk, dans le district de Koch-Agatchski, en République de l’Altaï (871èmekilomètre de la route de la Tchouïa). Vous y aurez l’opportunité de louer une yourte et d’organiser des excursions en vélo ou en 4x4, d’aller pêcher (dans des zones bien définies), de partir en expédition archéologique ou en randonnée. Le prix des excursions débute à 2 500 roubles (31,50 euros). Le camp est équipé d’une cuisine ainsi que d’un bania et accueille parfois des concerts de musique ethnique.
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