Pierre le Grand rêvait de construire le cœur de Saint-Pétersbourg sur la pointe orientale de cette île, qui abrite aujourd’hui l’un des plus vieux quartiers de la ville. Il désirait y réaliser sa propre version d’Amsterdam, mais son vœu n’a pas été exaucé en raison de la forte présence de vase dans les canaux, et des odeurs qui s’en dégageaient. Finalement, ces cours d’eau ont été ensevelis.
À leur place, l’île dispose aujourd’hui de 29 « lignes », comme on appelle les vieilles rues nord-sud. Une partie des 6ème et 7ème lignes comprennent de nos jours une zone piétonne, et nous vous recommandons fortement de vous y aventurer.
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À proximité de la station de métro Vassilieostrovskaïa, marquez un arrêt près du monument en hommage au « konka », tramway hippotracté ayant fait son apparition en 1863. Il vous est aussi possible d’écouter les musiciens locaux jouer près de la statue à la mémoire de Vassili Korchmine, l’ingénieur en chef et artilleur de Pierre le Grand qui, selon la légende, a donné son nom à l’île.
Pour imaginer à quoi ressemblait la ville dans les années 1720, admirez donc la Maison Troïekourov (bâtiment n°16 sur la 6ème ligne) et visitez la cathédrale Saint-André. Les 6 et 7èmes lignes abritent une myriade d’offres de restauration abordables : le café Teremok, le restaurant de la place du Marché, Kvartirka (un café de style soviétique), l’Ouktrop (établissement végétarien) ou encore la boulangerie locale Voltchek.
Une fois la Neva atteinte, prenez la direction de la Pointe de l’île afin de contempler la plus belle vue du Saint-Pétersbourg impérial. Vous pouvez aussi longer le quai moins touristique du Lieutenant Schmidt. Faites également un détour par la somptueuse église de l’Assomption de Marie (qui avait laissé place à une patinoire durant l’ère soviétique), ainsi que par le brise-glace « Krassine ».
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Ce quartier comprend sept grandes îles, dont la principale est voisine de celle dominée par la forteresse Pierre-et-Paul, berceau de la cité. Bien qu’il soit situé tout près du centre-ville, Petrogradski est resté un quartier sous-développé jusqu’à la construction du pont de la Trinité, en 1903.
Grâce à cet édifice connectant l’île au reste du territoire, ainsi qu’à l’essor économique qu’a connu la fin de l’Empire, ce quartier est devenu le plus branché du début du XXe siècle et la majorité des bâtiments y ont été érigés dans le style Art Nouveau pour les classes moyennes grandissantes. Les amateurs d’architecture apprécieront par conséquent de longer la perspective Komennoostrovski depuis la station de métro Gorkovskaïa vers celle de Petrogradskaïa.
« Ne ratez pas la Maison aux Hiboux au 44, perspective Bolchoï, ainsi que le théâtre Andreï Mironov, sur la place Léon Tolstoï, qui a l’allure d’un château romantique, conseille Anna Smetanina, une habitante des environs. Ces deux bâtiments sont de véritables symboles du quartier. Les enthousiastes locaux aiment aussi présenter le Jardin botanique et les restaurants situés sur les toits : Paroussa Na Kryche, Nevessomost et Makaronniki ».
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Les amoureux de gastronomie devraient d’ailleurs prévoir une journée entière sur cette île. « Pour le meilleur café de la ville, dirigez-vous vers le Bolchoï Bar (45, perspective Bolchoï), pour une bonne bière et un lambic à la groseille, allez au Pubnik (47, perspective Bolchoï). Dinez au restaurant Mesto ou savourez des sushis au Suki. Ne manquez pas non plus le Belka, dont les larges fenêtres restent ouvertes tout l’été », ajoute-t-elle.
Ce quartier est par ailleurs célèbre pour ses parcs, se trouvant sur les îles Krestovski, Kamenny et Elaguine. Vous pouvez y faire le tour de manoirs historiques tout en observant des fleurs aux couleurs éclatantes.
Note à propos des adresses : le quartier Petrogradski et l’île Vassilevski ont tous deux une perspective Bolchoï (et une perspective Maly). Ainsi, vérifiez toujours bien de laquelle il est question avant de vous y rendre.
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Il existe certains lieux incontournables pour les amateurs des œuvres de Fiodor Dostoïevski, un résident local qui a décrit ce quartier dans son roman Crime et Châtiment. Commencez par la place et visitez le marché alimentaire Sennoï, qui est caché au début de la perspective Moskovski. Promenez-vous ensuite le long du canal Griboïedov jusqu’à la rue Stoliarny, où le personnage principal de l’œuvre, Raskolnikov, a fictivement vécu et planifié son crime sanguinaire.
Profitez-en pour vous prendre en selfie sur le pont piétonnier aux Lions, qui est informellement connu auprès des utilisateurs d’Instagram comme le « pont Keanu Reeves », cet acteur hollywoodien y ayant tourné l’été dernier.
Une fois que vous avez atteint la cathédrale navale Saint-Nicolas et traversé le canal Krioukov, vous voici à Kolomna (à ne pas confondre avec la ville du même nom dans la région de Moscou), un quartier authentique et paisible qui a toujours été le refuge d’artistes underground. Traditionnellement, de nombreux acteurs, danseurs de ballet et musiciens du théâtre Mariinsky voisin ont également vécu ici.
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« Je trouve cela très romantique et un peu provincial, mais dans le bon sens du terme. Il y a tellement de cafés ethniques ici : l’arménien Ou Gaguika, le coréen Miga, le géorgien Mindal, et même un magasin de nourriture casher près de la Grande synagogue chorale », confie l’artiste locale Ekaterina Khojatskaïa, qui réalise régulièrement ses esquisses dans les bars et restaurants de Kolomna.
Ce quartier a hérité du nom du couvent Smolny et se situe près de la station de métro Tchernychevskaïa. Par le passé, « Smolianoï dvor » se trouvait ici, un lieu de production de goudron de pin, qui était largement utilisé dans la construction de navires.
Dans les années 1740, l’impératrice Élisabeth Ire a cependant commissionné l’édification du couvent, où elle ambitionnait de passer la fin de sa vie en tant que mère supérieure. Son architecte favori, Rastrelli, a ainsi érigé une cathédrale haute de 93 mètres de haut ressemblant quelque peu à un gâteau de mariage. Grimpez donc jusqu’au sommet de son clocher afin de contempler la vue exceptionnelle qu’il offre sur le reste de la ville.
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Smolny est en outre connu pour être le siège du gouvernement municipal. Le gouverneur y travaille d’ailleurs au sein de l’ancien Institut Smolny, à 5 minutes de marche du complexe religieux. Initialement, ce bâtiment abritait une école supérieure pour les jeunes filles de la noblesse, mais au début du XXe siècle il est devenu l’attraction touristique n°1 des communistes. C’est en effet d’ici que Vladimir Lénine et Léon Trotski ont orchestré la Révolution et que le 25 octobre 1917, le Congrès pan-russe des soviets a conféré le pouvoir au nouveau gouvernement bolchévique de Lénine.
Prenez-vous donc en photo devant le monument de Marx et d’Engels et appréciez un bon repas au restaurant Tsentralny, se spécialisant dans les recettes locales.
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Le meilleur moyen de vous rendre à Smolny est de longer la rue Fourchtatskaïa, qui est parsemée de sublimes manoirs impériaux et de cafés réputés. Vous rejoindrez ensuite le Jardin Tavritcheski, qui est populaire auprès des locaux pour les pique-niques, bains de Soleil et parties de frisbee.
Pour ne rien manquer dans le reste de la ville, retrouvez ici notre guide sur l’offre touristique de Saint-Pétersbourg.
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