Je n’ai jamais aimé faire comme tout le monde et c’est précisément parce que peu de gens recommanderaient de partir seul en Russie et que peu d’étrangers s’intéressent à sa culture, que ce pays m’a toujours fasciné. Une contrée longtemps restée fermée et secrète pour beaucoup d’Européens. Comment un territoire aussi gigantesque pourrait-il manquer d’intérêt ? J’ai donc commencé à apprendre le russe il y a six ans car je rêvais de parcourir ces vastes étendues, 10 000 kilomètres en train de Saint-Pétersbourg, dans le golfe de Finlande, à Vladivostok, sur l’océan Pacifique. Un projet que j’ai pourtant mis longtemps à réaliser.
Automne 2017. Je laisse derrière moi ma confortable vie ennuyante de jeune employé en marketing à Francfort, en Allemagne, et cède enfin à l’appel du loup et de l’ours des forêts de Sibérie. C’est décidé, je vais demander un Permis Vacances Travail (PVT), qui permet aux Français de moins de trente ans à partir quatre mois en Russie. L’autorisation de travailler sur place m’importe peu car je débute alors une activité de freelance, mais la durée accordée sur le territoire russe relève presque du miracle lorsque l’on connaît celle qu’impliquent les visas touristiques habituels.
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Je compte ainsi en profiter pour visiter Saint-Pétersbourg, Moscou puis prendre le temps de voyager à bord du Transsibérien jusqu’au terminus. Les démarches sont longues et décourageantes : deux mois pour obtenir un extrait de casier judiciaire, faire des analyses médicales pour le dépistage de la toxicomanie et de maladies sexuellement transmissibles, apostiller les documents puis les faire traduire en russe… Une fois tous les papiers en main, je prends rendez-vous à l’Ambassade de Russie à Paris pour déposer mon dossier. On ne peut pas me recevoir avant deux mois ! J’ai déjà mon billet d’avion, j’ai prévu de partir un peu trop vite… dans un élan désespéré, je contacte le centre de visas russes de Strasbourg qui accepte de traiter ma demande. Fin décembre 2017, j’obtiens mon PVT.
Saint-Pétersbourg
Arnaud BernierJ’arrive donc à Saint-Pétersbourg en janvier 2018, où je passe une semaine délicieuse. En effet, canaux gelés, cathédrales resplendissantes et soirée au ballet récompensent aussitôt mes efforts. La cité impériale est un concentré d’influences européennes : on se croit parfois à Stockholm, à Amsterdam, à Paris, à Venise, ou encore à Rome, et pourtant, c’est la Russie.
Arnaud Bernier
Arnaud BernierPoursuivant mon périple, Moscou me refroidit néanmoins, comme elle aime le faire avec les Européens : allure plus chaotique, vie culturelle moins dense et rythme effréné me font déjà regretter la belle capitale tsariste. Mais cette retombée n’est que de courte durée puisque la suite du voyage est la plus excitante : le mythique Transsibérien, la plus longue voie ferrée du monde, m’attend pour un voyage inoubliable.
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Je descends d’abord à Vladimir, sur l’Anneau d’Or, pour visiter sa splendide voisine Souzdal, village médiéval où le temps semble s’être arrêté et qui est doté d’un patrimoine inestimable : plus de 40 églises ! Je ne suis plus en Russie mais dans un véritable conte de fées. J’admire ensuite la Volga glacée à Nijni Novgorod. Au loin, derrière le fleuve, j’y aperçois des forêts sans fin, celles-là même que je m’apprête d’ailleurs à transpercer en train. Arrive le tour de Kazan, capitale du royaume enchanté du Tatarstan musulman, qui laisse la place aux mosquées, dont les minarets dominent l’horizon.
Nijni Novgorod
Arnaud BernierJe vais de surprise en surprise et cela ne fait que commencer puisque Ekaterinbourg, que je pensais sans grand intérêt, me chavire l’âme par sa modernité magnétique se mêlant sublimement aux traditions orthodoxes. Quel voyage !
C’est en Sibérie que je marque le plus d’arrêts en commençant par Novossibirsk, capitale du froid dont le théâtre, le plus grand de Russie, me convainc plutôt trois fois qu’une. Premier soir, Le Lac des Cygnes ; deuxième, La Dame de Pique et troisième jour, Casse-Noisette. Avant Irkoutsk, j’ai la bonne idée de m’arrêter à Angarsk, où un local m’invite chez lui. Cette petite cité nucléaire fondée dans les années 1960 et n’ayant au premier abord aucun charme me séduit pourtant immédiatement de par ses rues tranquilles, engourdies par l’hiver. Elle me plaît beaucoup plus que Krasnoïarsk, que je trouve trop sauvage – je manque en effet de me faire attaquer au moins dix fois par des chiens errants.
Baïkal
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J’explore ensuite le lac Baïkal depuis la légendaire île d’Olkhon, terre de croyances ancestrales et centre du chamanisme. Je vis ce séjour comme une profonde purification spirituelle avant de reprendre les rails – et une douche par la même occasion, après une semaine loin du confort de la vie moderne. Je suis alors déçu par Oulan-Oudé, capitale de la Bouriatie, que j’associais à un visage plus bouddhiste et non à la plus grosse tête de Lénine du pays, statue située sur sa place principale. Enfin, brefs arrêts à Tchita et Khabarovsk, où j’aperçois les plus belles églises orthodoxes de Sibérie, avant que Vladivostok ne toque timidement à la porte de mes pensées : terminus, tout le monde descend.
Vladivostok
Arnaud BernierLe Transsibérien m’a donné l’occasion d’oublier le temps, pour retrouver le reste. La fin de l’aventure et le retour à la réalité au bord de la mer du Japon me laissent forcément un goût amer. Terre minus, tout le monde est sans. Sans désir, sans envie, sans rêve, sans projet… ou alors cent projets. Prendre le Transsibérien de Vladivostok à Saint-Pétersbourg, c’est désormais le mien. Cela tombe rien, il me reste environ deux mois en Russie.
Vous souhaitez, vous aussi, vous lancez à l’assaut du mythique Transsibérien ? Voici notre guide pour que votre incroyable voyage se déroule de la plus parfaite des manières.
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