Située à l’extrémité nord-est de l’Eurasie et enclavée entre l’océan Arctique et le Pacifique, la Tchoukotka est la plus difficile d’accès, la plus rude et la plus hostile des régions de Russie. Mais sur cette terre lointaine, le visiteur lambda peut profiter de la fraîcheur des vents, découvrir la beauté et la diversité de la faune et de la flore arctiques, observer les sanctuaires énigmatiques des peuples anciens et voir un nouveau continent s’offrir à ses yeux depuis le rivage de la mer de Béring.
Sur une superficie de 721 500 km2 – soit plus grande que celle de n’importe quel État européen –, la Tchoukotka figure parmi les régions les moins peuplées du pays. L’homme n’est qu’un petit point perdu dans un désert de neige hivernal – seuls 50 000 habitants se partagent d’immenses étendues.
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Près de 33% d’entre eux appartiennent à des tribus des peuples du Nord – Tchouktches, Esquimaux, Évènes et Tchouvanes. Leurs ancêtres peuplaient déjà cette région à l’Âge de pierre. Dans des conditions climatiques particulièrement dures, leurs principales occupations étaient la pêche et la chasse aux mammouths et aux bisons. En ces temps préhistoriques, la Tchoukotka et l’Alaska n’étaient pas encore séparées par la mer et la Béringie, aujourd’hui engloutie, unissait l’Eurasie à l’Amérique du Nord.
La Tchoukotka est recouverte par la toundra. Des paysages vallonnés à perte de vue offrent un tapis de mousse, d’herbe et d’arbres nains, dont des petits boulots et des saules. Pendant les courts étés polaires, grâce aux baies arctiques, aux champignons et aux fleurs, la toundra se transforme littéralement en une tapisserie multicolore où de vives teintes s’associent à d’innombrables odeurs.
Dès la fin octobre, après la saison des pluies et du brouillard, la neige commence à tomber. Elle ne s’arrêtera qu’en juin.
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Les zones situées au-delà du Cercle polaire glissent alors dans la longue nuit septentrionale. Le soleil ne brille que quelques heures par jour. En hiver, la Tchoukotka promet des sensations fortes.
Ceux qui s’y aventurent peuvent observer de splendides aurores boréales dont les couleurs varient à l’infini.
Le printemps n’arrive que fin juin. La fonte des neiges commence doucement, provoquant de véritables mares dans les villages. La toundra se transforme en un labyrinthe de marécages que survolent des milliers d’oiseaux migrateurs. En juillet-août, l’été polaire, assez tiède, peut enfin commencer, apportant avec lui couleurs et senteurs.
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Au sud-est de la région, sur l’île d’Yttygran, se dresse l’un des monuments les plus surprenants de la culture arctique : l’allée des baleines, formée de carcasses vieilles de plus de cinq siècles.
Deux rangées de squelettes et de crânes sont plantées dans le sol de cette île où personne n’a jamais habité. Les carcasses atteignent près de 5 mètres de haut.
On sera étonné d’apprendre que ces restes osseux ont été délibérément transportés jusqu’à cet endroit précis. Un chemin dallé conduit jusqu’à une place circulaire en forme d’anneau de pierres entourant les cendres d’un ancien feu de bois. Les chercheurs pensent qu’il s’agit d’un sanctuaire confectionné par les ancêtres des Esquimaux. Pour autant, les Esquimaux d’aujourd’hui, peuple très respectueux des vestiges de ses ancêtres, avouent n’avoir aucune idée de la signification de cet assemblage. L’allée des baleines ne figure dans aucune légende de la tradition orale des autochtones.
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Les pétroglyphes de Pegtymel constituent un autre joyau de la région. Ces dessins ont été gravés dans la roche à une hauteur de 20 à 30 mètres. Datant de deux mille ans, ils représentent des scènes de chasse ainsi que des créatures qui ressemblent à des hommes ayant un champignon à la place de la tête. Le sens de ces représentations donne encore lieu à des débats au sein de la communauté scientifique. Certains spécialistes les comparent aux illustrations mayas et pensent qu’elles ont été composées sous l’influence de champignons hallucinogènes. D’autres sources (non autorisées) spéculent que ces fresques ont été réalisées au contact d’une civilisation extraterrestre...
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