Sous le règne du tsar Ivan IV, dit « le Terrible », Novgorod (491 au nord-ouest de Moscou) s’est retrouvée impliquée dans une discorde politique. En effet, après avoir été averti que la cité conspirait afin de couper les ponts avec la Moscovie, Ivan IV l’a assiégée et lui a fait subir une brutale répression. La légende raconte que le carnage n’a pris fin que lorsqu’un pigeon, qui avait survolé bien des mers, s’est posé sur la croix culminant au sommet de la cathédrale Sainte-Sophie, et s’est changé en pierre après avoir été témoin de tant de violence.
Ce mythe tirerait ses origines d’une coutume byzantine consistant à couronner les croix des églises de pigeons en fer, ce qui ne serait pas étonnant compte tenu de l’influence de l’Empire Byzantin sur la Rus’. D’ailleurs, la grand-mère d’Ivan IV, Sophie Paléologue, était elle-même issue de la dynastie des empereurs byzantins.
Avant le XIVe siècle, ce lieu était appelé Detinets, ou « forteresse » (le mot « deti » signifiant « enfants »), et hébergeait les hommes d’armes du prince, surnommés les « enfants ». Tout comme celui de Moscou, le kremlin de Novgorod est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Durant le Temps des troubles, qui a suivi la mort d’Ivan IV, le kremlin de Toula (193 km au sud de Moscou) a failli remplacer celui de Moscou dans son rôle de résidence des tsars. C’est ici que le Premier Faux Dimitri, qui prétendait être le fils cadet survivant d’Ivan IV, a fait serment d’allégeance aux boyards et à la noblesse russes.
Le kremlin de Toula a été érigé par des architectes italiens qui s’étaient rendus dans cette ville après avoir achevé celui de Moscou. Les historiens avancent en outre que la citadelle a été construite par différentes équipes, ce qui expliquerait les divergences architecturales apparentes entre les différents murs.
Le kremlin de Zaraïsk (136 km au sud-est de Moscou), est l’une des rares places fortes à être restées fidèles au trône de Moscou durant le Temps des troubles (1598-1613). Il s’agit de la plus petite citadelle en pierre de la Moscovie. C’est par ailleurs de Zaraïsk que le prince Dmitri Pojarski, à la tête d’une armée de volontaires, s’est lancé dans sa première tentative de libérer Moscou de l’emprise des occupants polonais.
Bien que le kremlin soit d’une taille modeste, un passage, qui serait connecté à un réseau de donjons souterrains dans l’une des tours, y est encore aujourd’hui resté inexploré. En dépit de nombreux sièges, la ville n’a été capturée qu’une seule fois, durant une brève période du Temps des troubles. La force de cette citadelle réside donc peut-être dans ces catacombes qui demandent encore à être découvertes.
À l’apogée de sa gloire, au XVIIIe et début du XIXe siècle, le kremlin de Kolomna (104 km au sud-est de Moscou) était l’une des plus grandes forteresses de son époque. Néanmoins, les habitants des environs en ont démantelé la majeure partie, se servant de ses vieux murs comme matériaux de construction. Seul un décret du tsar Nicolas I a permis de préserver ce qu’il restait de la citadelle.
Le kremlin de Kolomna compte 17 tours, dont une nommée d’après Marina Mniszek, l’épouse du Premier Faux Dimitri, qui y avait été incarcérée et y avait trouvé la mort. Une légende affirme cependant qu’elle ne serait cependant pas décédée, mais se serait transformée en pie et échappée par la fenêtre, après quoi la tour a été baptisée « tour de Marina ».
Une autre encore relie ce nom à une bonne sœur du coin qui avait été accusée d’être lesbienne et qui avait par conséquent été emprisonnée dans cette tour afin de protéger les autres religieuses de cette tentation « morbide ».
Tobolsk (1860 km à l’est de Moscou) abrite l’unique forteresse en pierre de Sibérie. Le kremlin contient un clocher spécialement conçu pour servir de lieu d’« exil » pour la cloche qui avait donné l’alarme à Ouglitch (203 km au nord-est de Moscou) suite à la mort du prince Dimitri, véritable fils d’Ivan le Terrible. En effet, sur ordre du prince Chouïski, la cloche elle-même avait fait l’objet d’une condamnation similaire à celle que l’on réservait aux humains : le battant (que l’on appelle « langue » en russe) et ses anses (« oreilles » en russe), ont été retirés et le reste de la misérable cloche a été forcé à l’exil en Sibérie.
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