Saint-Pétersbourg est une ville chargée de culture française. Ce n’est pas étonnant, car ses grands ponts et cathédrales furent conçus par des architectes français. Pendant deux siècles, des milliers de leurs compatriotes moins célèbres – tailleurs, coiffeurs, parfumeurs, acteurs et restaurateurs – contribuèrent à créer l’ambiance de la ville la plus européenne de Russie. RBTH vous propose deux balades dans les lieux où le lien entre Saint-Pétersbourg et la France est particulièrement palpable.
Crédit : RIA Novosti/Vladimir Astapkovich
La Strelka (flèche) de l’île Vassilievski, un cap fluvial orné de colonnes-phares pompeuses entourées de demi-cercles de gazon, est l’une des images les plus célèbres de Saint-Pétersbourg. Ses proportions parfaites sont l’œuvre de l’architecte français Thomas de Thomon, qui conçut l’ensemble au début du XIXe siècle. C’était alors la façade maritime de la ville – pendant la courte période de navigation nordique, des navires arborant des drapeaux européens amarraient ici. Ils étaient accueillis par des notables de la ville ou leurs serviteurs, qui guettaient les passagers vêtus d’habits français – les gouverneurs, les professeurs d’escrime ou les cuisiniers venus de France étaient alors employés par chaque famille noble russe.
Lori/Legion-Media
En face de la Strelka, de l’autre côté du fleuve, on peut voir la pointe de la forteresse Pierre et Paul, berceau de la ville. Le « cœur de Pétersbourg » fut conçu par l’ingénieur militaire français Joseph-Gaspard Lambert. Aujourd’hui, lorsqu’on regarde ces murs recouverts de briques et de granit, on peine à croire qu’au départ, ces fortifications étaient en terre – le maître français pensait tant à la sécurité du fort qu’à la bourse de l’État.
Lire aussi : Tout savoir sur les cinq plus belles églises de Saint-Pétersbourg
TASS/Yulia Mukhamedzanova
Quelques minutes de marche à peine séparent la forteresse Pierre et Paul du pont de la Trinité qui, perché au-dessus de la Neva, offre une vue époustouflante sur presque toutes les attractions de la ville à la fois. Le pont de la Trinité, en fer, fut érigé en 1897 : le concours pour sa construction fut remporté par la firme d’Eiffel, auteur de la célèbre tour parisienne.
Lori/Legion-Media
Pourtant, les autorités municipales choisirent ensuite le projet de la firme Batignolles, française également. Le président de France de l’époque Félix Faure et l’empereur russe Nicolas II posèrent une pièce d’or dans chaque pilier du pont. Un an auparavant, la première pierre du pont Alexandre III, portant le nom de l’empereur russe précédent, fut posée à Paris – le pont de la Trinité est son jumeau.
Lori/Legion-Media
Après avoir traversé la Neva, vous vous trouverez sur le champ de Mars et ses neuf hectares de verdure en plein centre de Saint-Pétersbourg. Comme son cousin parisien – le vaste gazon s’étendant sous la tour Eiffel – le champ de Mars de Saint-Pétersbourg servait autrefois à accueillir des défilés militaires, mais aujourd’hui, c’est un lieu de repos apprécié des Pétersbourgois. En été, par beau temps, on peut y rejoindre les joueurs de pétanque ou simplement se reposer dans l’herbe. Par temps de pluie, plus fréquent à Saint-Pétersbourg que le soleil, nous vous conseillons d’opter directement pour la balade suivante.
Promenez-vous le long de la perspective Nevski jusqu’à la rue Sadovaïa : au croisement des deux rues, vous tomberez sur la façade de la Bibliothèque nationale de Russie qui occupe tout un pâté de maisons.
Lori/Legion-Media
Elle conserve, parmi ses 36 millions de livres et de revues, deux collections françaises uniques. Il s’agit des archives de la Bastille, sauvées et amenées en Russie pendant la Révolution française, et de la bibliothèque de Voltaire avec ses 7 000 livres portant, pour la plupart, les notes de leur illustre propriétaire.
TASS/Anton Vaganov
Catherine II, qui correspondait avec Voltaire, Rousseau et d’autres intellectuels des Lumières qui inspirèrent la Révolution française, fut la première lectrice de la collection de Voltaire en Russie. Cela ne l’empêcha pas d’exiger, en 1789, quand la révolution eut enfin lieu, que des milliers de soldats français résidant en Russie plaident allégeance à leur roi détrôné. Le monument de Catherine II se trouve à proximité de la bibliothèque, au jardin Catherine.
Lire aussi : Saint-Pétersbourg: quatre endroits intimistes et méconnus étroitement liés aux tsars
Lori/Legion-Media
Cependant, ce n’est pas l’unique dépôt de chefs d’œuvre français de la « capitale du Nord », comme les Russes appellent la ville. L’Ermitage possède la plus grande collection au monde d’art français en dehors de la France.
Une dizaine de salles du bâtiment principal du musée – le Palais d’hiver situé sur le quai du Palais – sont réservées à la céramique et à la peinture françaises des XVème-XVIIIème siècles, dont des œuvres de Louis Le Nain et Antoine Watteau. Mais faut-il encore les trouver – l’Ermitage compte plus d’un millier de pièces ! Un voyage à travers le principal musée russe nécessite un guide – demandez une carte gratuite des salles au contrôle des billets, sans quoi vous passerez tout le temps réservé à la visite de Saint-Pétersbourg dans ce palais.
La collection française la plus célèbre du musée – la peinture de la fin XIXème – début XXème comprenant des chefs-d’œuvre de Manet, Picasso, Matisse, Monet et Van Gogh – est installé dans un bâtiment séparé, celui de l’état-major général.
Lori/Legion-Media
Pour accéder à l’état-major depuis le palais d’Hiver, il faut traverser la place du Palais, avec la colonne d’Alexandre surmontée d’un ange et d’une croix en son centre. Ce monument en l’honneur de la victoire de la Russie contre Napoléon en 1812 fut conçu par l’architecte français Auguste Montferrand. Ce dernier calcula les proportions de la colonne en granite si précisément que l’obélisque, qui fait la taille d’une maison de 15 étages et pèse 600 tonnes (une charge équivalente au poids transporté par 30 camions) se dresse sans aucun renfort ni support.
Pendant longtemps, les habitants craignaient de passer devant la colonne, et Montferrand leur répondait en se promenant autour de son œuvre tous les matins. La colonne qu’il érigea il y a près de 200 ans est toujours considérée comme le plus grand monolithe transporté par les hommes. Elle est aussi un symbole inébranlable de Saint-Pétersbourg.
Savez-vous à quoi ressembleraient les villes russes si elles étaient humaines? Une artiste de l’Oural a représenté dix cités du pays sous la forme de héros d’animés japonais.
Les droits sur cette publication sont la stricte propriété du journal Rossiyskaya Gazeta
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.