Le parc naturel de Bystrinski est le plus grand et le moins visité de cette péninsule située à l’extrémité nord-est de la Sibérie. Il est connu dans les milieux scientifiques pour ses éleveurs de rennes qui vivent et travaillent dans la toundra. Le paysage ne possède ni volcans, ni geysers, ni énormes rivières remontées par d’innombrables saumons, mais il offre au touriste des lieux uniques qu’il ne trouvera jamais autre part, que ce soit en Russie ou dans le monde.
Crédit : Tatiana Morina
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Nous entamons notre activité au centre administratif Esso. Notre première mission est de trouver un sentier menant au lac Blioudtsé situé sur l’un des sommets de la crête de Kozyrevka. Et nous voici partis pour cinq jours de montées sur les versants de montagnes sous un vent violent et dans une broussaille touffue, de descentes en pente raide. Nous nous déplaçons par des sentiers que seuls les ours connaissent, nous réservant des rencontres inattendues avec ceux-ci.
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Comme toutes les montagnes de la péninsule, celles de Kozyrevka semblent avoir été poussées hors de terre par l’activité volcanique. Elles ne font que 1 500 à 2 000 mètres d’altitude, mais les paysages alentour se trouvent bien plus bas. Depuis la crête, on a la ferme impression de voir toute la presqu’île d’est en ouest : le groupe volcanique de Klioutchevskoï sur la côte du Pacifique, la chaîne Centrale plus près de la mer d’Okhotsk et le volcan Anaoune, qui est le centre géographique du Kamtchatka.
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Après l’excursion sur le lac Blioudtsé, le groupe est transféré dans le sud-ouest du parc. En deux mois de randonnées incessantes, suivies de retours à la base pour un jour ou deux avant de repartir, nous avons tracé un itinéraire circulaire autour du volcan Itchinski en passant par le glacier Occidental, avons marqué sur la carte le sentier menant au lac Kétatchane et avons découvert un lieu insolite : un lac minuscule couleur turquoise à l’intérieur d’une coulée de lave. Le tracking pour seul moyen de communication, de la semoule et des conserves pour seule nourriture ainsi que des vuvuzelas et un pistolet à fusées éclairantes pour seule défense contre les ours.
Le hameau de Kétatchane est situé à 120 kilomètres du village le plus proche et à seulement 16 kilomètres des secteurs d’orpaillage sur la rivière Agag. C’est un pays de marécages, de plantes géantes et de toundra où l’on trouve plusieurs espèces de baies et de champignons en été. Tous les membres de notre groupe ont été fortement impressionnés par la montée vers le lac au pied du volcan en sommeil Itchinski, d’où nous avons rejoint le volcan Tcherpouk septentrional. Debout au bord de son cratère, nous avons admiré la toundra rouge et verte qui fut traversée il y a 300 ans par une puissante coulée de lave.
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Au cours d’une randonnée, nous avons découvert un ruisseau pratiquement bloqué par un amas d’obsidienne d’un noir brillant. Au cours d’une autre, nous avons pêché à la main des saumons qui sautaient hors de l’eau pour organiser un dîner de fête. Une troisième fois, nous avons failli perdre plusieurs membres de notre groupe lors d’un passage à gué, avant de faire fuir un ours curieux qui errait dans les parages. Enfin, nous avons rencontré une équipe d’éleveurs de rennes qui nous ont invités à prendre une tasse de thé.
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L’unique femme de l’équipe nous a raconté qu’elle cuisinait et s’occupait toute l’année de sa famille de trois hommes éleveurs et de six petits-enfants dont les plus petits ne sont jamais descendus des montagnes.
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Nous avons été transférés par la suite dans la base du parc naturel de Klioutchevskoï pour aider l’inspecteur à installer des groupes de touristes. Le beau temps dans la région est très rare et les touristes repartent immédiatement après avoir vu le cratère du volcan Ploski Tolbatchik qui est entré en éruption il y a trois ans, en empruntant, dans un brouillard à couper au couteau, le sentier tracé sur le champ de lave. Nous avons eu de la chance : le beau temps était au rendez-vous. Nous avons grimpé au sommet, courant ça et là pour voir des fumerolles, des grottes et des dômes de lave ainsi que pour s’approcher et admirer de près l’éruption du volcan Klioutchevskoï avant de regagner notre base par un champ de scories. Nous avons alors pleinement réalisé que les cartes détaillées et la liberté de circulation étaient les grands atouts du volontaire parcourant ces lieux.
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Quelques jours avant le départ, la direction du parc national nous a donné carte blanche : avec une copine, zoologue venue de Biélorussie, nous sommes allées en auto-stop jusqu’à Oust-Kamchatsk, un village où les touristes ne viennent presque jamais. Or c’est ici que se trouve l’un des volcans les plus actifs de la péninsule, le Chiveloutch, qui disperse régulièrement des tonnes de cendres sur le paysage alentour. Notre destination était le cap Kamtchatski où se rencontrent le Pacifique et la mer de Béring. Trois jours passés dans un refuge de chasseurs au bord de l’océan, avec pour seule compagnie (outre ma copine) les phoques, les otaries, les crabes des neiges et les ours, sont venus mettre un final à ce séjour inoubliable.
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