Le Gorynychus masyutinae (à gauche) et le Nochnitsa geminidens (à droite).
Matt CeleskeyDes chercheurs russes et américains, venant respectivement du Musée de paléontologie de Kirov et du Musée des sciences naturelles de Caroline du Nord, ont découvert une impressionnante quantité de fossiles en bon état de conservation, non loin de la ville de Kotelnitch, dans la région de Kirov (791 kilomètres au nord-est de Moscou), rapporte le site d’information Gazeta.ru.
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Parmi leurs trouvailles figurent les restes de deux mammifères auparavant inconnus, ayant vécu durant le Permien (il y a 250-300 millions d’années), bien avant les dinosaures. Il s’agit d’un terrible prédateur de la taille d’un loup et à la redoutable dentition, qui apparait à présent comme le plus imposant représentant de la faune locale de cette période, et d’un carnivore de taille plus modeste mais aux dents tout aussi aiguisées.
Le plus grand des deux est un membre des thérocéphales, un groupe de reptiles mammaliens apparu à l’aube du Permien. Il a par ailleurs reçu le nom de Gorynychus masyutinae, en l’honneur de Zmeï Gorynytch, légendaire et vile dragon du folklore russe.
La seconde espèce découverte a quant à elle été baptisée Nochnitsa geminidens, et fait partie des gorgonopsiens, autre sous-ordre de reptiles mammaliens. Cet animal possédait de grandes orbites et vivait probablement la nuit, d’où son nom, les Notchnitsas étant des esprits malfaisants de la mythologie slave provoquant l’insomnie et naissant suite à la mort d’une sorcière sans enfant.
La découverte de ces créatures nous permet de mieux comprendre la réorganisation écosystémique engendrée par les différentes extinctions massives du Permien, dont la plus importante qu’ait connue la Terre. Ainsi, si à la fin de cette ère géologique les gorgonopsiens étaient typiquement les plus imposants prédateurs et que les thérocéphales n’étaient que de petits insectivores, les chercheurs ont constaté qu’au milieu du Permien la situation était inversée.
« Entre ces extinctions, les rôles de prédateurs, que ces animaux ont joués dans leurs écosystèmes se sont tout-à-fait renversés. C’est comme si les ours voyaient leur taille diminuer jusqu’à atteindre celle des belettes, et que les belettes devenaient aussi grandes que des ours », illustre l’Américain Christian Kammerer, chercheur du Musée des sciences naturelles de Caroline du Nord, cité par Gazeta.ru, avant d’ajouter que Kotelnitch s’impose comme une « rare fenêtre sur la généalogie des mammifères de l’hémisphère nord durant le Permien ».
Le territoire environnant Kotelnitch est en effet étonnement riche en fossiles datant du Permien, et de nouvelles espèces y sont découvertes presque tous les ans. Ce gisement est d’ailleurs étudié par des scientifiques du monde entier. Le seul endroit pouvant se targuer d’une richesse équivalente est le plateau de Karoo, en Afrique du Sud, mais la qualité de préservation des fossiles que l’on y trouve est bien moindre. Rien d’étonnant donc à ce que le Permien doive son nom à une ville russe voisine, Perm.
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Parmi les restes déterrés, se trouvent également ceux d’un ancien perroquet ayant vécu il y a 16-18 millions d’années en actuelle Sibérie. Bien qu’il s’agisse d’un unique os, un tarsométatarse, les chercheurs ont été en mesure d’affirmer qu’il est question d’un oiseau de taille comparable à celle d’une perruche ondulée.
Enfin, les paléontologues russes ont participé à l’étude de restes d’un ancêtre des dinosaures, le Teleocrater rhadinus, qui a vécu dans la période du Trias, survenue après le Permien. Durant leurs examens, ils sont parvenus à conclure que les prédécesseurs des dinosaures mesuraient jusqu’à 3 mètres, possédaient de longs cou et queue, se déplaçaient sur quatre pattes et ressemblaient à des crocodiles. Or, on pensait auparavant qu’il s’agissait de créatures miniatures marchant sur deux pattes.
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