Les premiers cyborgs débarquent en Russie

Les implants sous-cutanés entrent dans le quotidien.

Les implants sous-cutanés entrent dans le quotidien.

Reuters
Moscou est l’une des cinq villes aux côtés de Londres, Hambourg, Bonn et Munich, où les habitants commencent à installer des implants sous-cutanés pour pouvoir utiliser les transports publics. Mais les premiers cyborgs russes sont frustrés par les limites à l’utilisation de leurs nouvelles capacités dans la vraie vie.

Le docteur Patrick Kramer, célèbre bio-hacker et PDG du groupe allemand Digiwell, a installé quelque 15 puces sous-cutanées à des Russes lors de sa première visite en 2016. Il précise que la popularité des implants sous-cutanés est en hausse en Russie, comme dans le monde entier.

« La curiosité est la raison la plus répandue qui pousse les gens à installer une puce, explique Kramer. Il y a des gens qui font des choses formidables avec ça, et un tas de choses formidables. Un ami à moi a 11 implants dans ses mains. Pour lui, c’est une sorte de hobby. Pour moi, l’implant est un excellent outil de socialisation et de communication ».

Qui sont les premiers cyborgs ?

Selon les statistiques des vendeurs de puces, entre 30 000 et 50 000 personnes vivent avec des puces sous-cutanées dans le monde. Les Russes n’ont suivi la tendance que récemment. Sergueï Sorokine, administrateur système originaire de Moscou, a été l’un des premiers à franchir le pas en 2012. « L’utilisation d’une puce est perçue comme de la magie. 99% des gens s’en étonnent à Moscou », explique Sorokine.

En 2015, l’ingénieur Vlad Zaïtsev a également fait coudre une puce CPP (communication en champ proche, qui assure la communication sans fil entre périphériques à une distance d’environ 10 cm) pour pouvoir payer pour les transports et accéder à son bureau.

Stanislav Kouprianov, collaborateur du groupe Ericsson, est un autre pionnier de la puce sous-cutanée. Dans le cadre d’une expérimentation, il tenait même un blog dans la revue GQ, où il racontait comment il vivait avec sa puce. L’employé de Kaspersky Lab Evgueni Tcherechnev a gardé une puce pendant deux ans afin d’étudier les nouveaux dangers qui menacent les internautes. 

Comment font-ils ?

La plupart des Russes installent des puces de la taille d’un grain fabriquées aux États-Unis ou en Chine. L’implant sous-cutané et le kit d’installation stérile coûtent environ 100 dollars (93 euros). Ils peuvent être commandés sur Internet, l’implantation se fait chez un tatoueur en quelques secondes seulement. Ensuite, on peut ouvrir des portes, débloquer des smartphones, se connecter à des sites et échanger des données en un seul effleurement de la main.

Les fabricants et les utilisateurs assurent que les puces sont sans danger, car elles sont fabriquées en verre biocompatible et ne sont pas rejetées par l’organisme. Généralement, elles sont implantées dans la main, entre le pouce et l’index. Cet endroit est rarement exposé aux impacts physiques et aux coups et ne possède ni os ni tendons.

« Chez certaines personnes nous les avons installées dans les bras ou le cou, indique Kramer. Vous pouvez les mettre où vous voulez, mais dans 99% des cas, les gens choisissent les mains, car c’est plus pratique. Une jeune fille de 14 ans m’a demandé de l’installer dans son pied, car elle est née sans bras. L’implant lui permet d’ouvrir la porte. Un ami à moi est aveugle et les implants sont un paradis pour lui ».

Visa au bout des doigts

Aujourd’hui, les utilisateurs ont accès à des bio-aimants pour le bout des doigts, à des antennes pour la tête ou encore à des capteurs de tremblements de terre qui peuvent être implantés dans la poitrine. Ils transmettent bien les données sur Android, mais ne peuvent pas être utilisés avec les iPhone : Apple commercialise ses propres technologies semblables à la CPP.  

Les marqueurs sous-cutanés ont une faible mémoire, 512 mo en moyenne. Pour servir de moyen de paiement, la puce doit posséder une antenne spéciale certifiée par un système de paiement tel Visa ou MasterCard, ce qui augmente considérablement la taille de l’implant. Il ne pourra donc pas être installé sous la peau.

La volonté des « pionniers du puçage » de vivre dans le futur se heurte aux réalités russes. « En pratique, il est quasiment impossible d’obliger le service de sécurité d’un centre de bureaux à mettre en place un accès de ce type, explique Stanislav Kouprianov. Quand je dis dans les hôtels que j’ai une puce dans la main et que je veux y implanter la clef de ma chambre, le personnel me prend pour un fou ».

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