Le corps du premier dirigeant de l'URSS exposé au mausolée.
ReutersLe mystère de la mort de Vladimir Lénine, idéologue et organisateur de la révolution de 1917 en Russie, fondateur de l’URSS et créateur du premier État socialiste de l’histoire de l’humanité, tracasse toujours les chercheurs. De nombreux documents sont classés « Secrets » jusqu’à ce jour.
Selon la version officielle, Lénine souffrait depuis longtemps d'athérosclérose des vaisseaux du cerveau, ce qui conduisit à une hémorragie cérébrale. « Un degré avancé d'athérosclérose cérébrale conjugué à une calcification marquée des artères cérébrales est un phénomène très étrange », indique Philippe Makovyak, professeur au centre médical de Baltimore, Maryland, « surtout quand on sait que Lénine n’avait aucune prédisposition pour les maladies cérébro-vasculaires. Il ne souffrait ni d’hypertension, ni de diabète et il ne fumait pas ».
L’étendue de l'athérosclérose cérébrale de Lénine, avec sa calcification marquée des artères cérébrales concernées, était extrêmement étrange, particulièrement parce que Lénine n’avait aucun des facteurs de risque habituellement associés aux maladies cérébro-vasculaires prématurées (hypertension, tabagisme ou diabète).
Les historiens datent les problèmes de santé de Lénine de 1921. La guerre civile, qui avait éclaté en Russie après la révolution, s’était déjà achevée par la victoire de l’Armée rouge. Le pays était ravagé par la faim et la ruine. Le guide commença à souffrir de maux de tête permanents, d’insomnie et d’évanouissements.
En 1922, son état de santé se dégrada brusquement – il commença à avoir des troubles du langage et de l'écriture, le côté droit de son corps était paralysé. Le guide soviétique est mort en 1924 à l’âge de 53 ans. Nous savons qu’avant sa mort, il eut plusieurs hémorragies cérébrales, mais leurs causes ne sont toujours pas connues.Le groupe de scientifiques, qui comprend l’historien et journaliste de Saint-Pétersbourg Lev Lourié, le neurobiologiste de l’université de Californie Garry Winters et le docteur Philippe Makovyak, est troublé par le fait que les vaisseaux cérébraux du guide étaient pratiquement pétrifiés après sa mort. Selon les témoins, lorsqu’on tapait avec une pince sur les vaisseaux lors de l’autopsie, on entendait un tintement. Ce détail resta longtemps inexpliqué.
En 2011, le docteur Cynthia St. Hilaire a suggéré dans son étude, que l'athérosclérose prématurée de Lénine s’expliquait par une mutation du gène NT5E. Les chercheurs ont supposé que le père de la révolution russe aurait pu subir certaines mutations de l’organisme conduisant à la paralysie et, finalement, à une mort prématurée.
« Nous pensons avoir été confrontés à un cas rare de mutation héréditaire du côté paternel, car son père est mort dans des circonstances similaires. Son rôle de guide dans la révolution mondiale aurait également pu jouer un rôle dans le développement de l'athérosclérose prématurée des vaisseaux du cerveau », suggère Makovyak.
« Quand nous avons entendu parler de la découverte de St. Hilaire concernant les mutations NT5E qui provoquent des calcifications artérielles graves, il nous a semblé qu'une variante de la mutation était la meilleure explication pour les vaisseaux cérébraux de Lénine. Nous nous sommes également demandé si la pression intense que Lénine subissait en tant que dirigeant de la révolution communiste mondiale a joué un rôle dans son athérosclérose cérébrale prématurée ».
L’historien Lourié n’exclut pas que la mort de Lénine ait pu avoir une autre cause. Dans son livre « 22 morts, 63 versions », il étudie plusieurs autres hypothèses parmi les plus probables. L’une d’elles est l’empoisonnement du guide sur ordre de Staline. Lourié estime que Staline était un bon exécutant et entretenait des relations cordiales avec Lénine tant qu’il ne prétendait pas à un rôle politique propre.
L’historien explique que dans les périodes les plus difficiles de sa maladie, Lénine sollicitait Staline et lui demandait du poison. Staline lui promit d’en trouver et de lui donner du cyanure. Cette information figure dans de nombreux documents. Cependant, les analyses toxicologiques qui auraient permis de détecter du poison dans l’organisme de Lénine n’ont jamais été effectuées.
Selon une autre version de l’historien, Lénine serait mort de syphilis. Car même après l’annonce officielle de la cause de sa mort – l’athérosclérose des vaisseaux – certains médecins furent appelés pour des examens complémentaires afin de dépister une autre maladie. Une maladie sexuellement transmissible aurait pu provoquer un accident cardiovasculaire. Toutefois, selon les déclarations de Winters, les symptômes détectés chez le guide et les résultats de l’autopsie infirment cette théorie.
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