La Russie a sa « vuvuzela » destinée aux supporteurs : les cuillères de bois, instrument musical remontant aux temps les plus anciens.
À la différence de la vuvuzela sud-africaine dont le bourdonnement incessant dans les stades faisait penser à un essaim d’abeilles, les cuillères russes peuvent sonner de façon nettement plus agréable. En effet, des mains habiles peuvent en tirer des sons rythmés rappelant les castagnettes espagnoles. Pourtant, si les cuillères sont en grand nombre et si la cadence n’est pas respectée, une chose est sûre : le bruit sera assourdissant.
Crédit : Photo de presse
L’instrument populaire russe appelé cuillère se résume à… de simples cuillères qui, dans l’ancienne Russie, servaient également à manger. Elles étaient confectionnées en différentes sortes de bois – tilleul, tremble, érable ou sorbier – et personne ne sait quand les cuillères se sont converties en un instrument de musique. La première mention dans les textes remonte au XIIIe siècle, mais de nombreux historiens insistent sur la fin du XVIIIe siècle.
Les cuillères-instruments de musique ne diffèrent des cuillères couverts que par leur solidité. Pour qu’elles durent plus longtemps, elles sont épaisses et sont fabriquées essentiellement en érable et en bouleau. Il va sans dire que le son sera différent en fonction de la sorte de bois.
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L’un des grands principes du choix de l’instrument musical national du supporteur est l’association culturelle avec le pays hôte. La Russie compte un grand nombre d’instruments nationaux, mais ce sont les cuillères qui sont sorties gagnantes.
« Au début, nous avons exclu les instruments à vent en raison des critiques contre les vuvuzelas en Afrique du Sud. Par la suite, nous avons éliminé les instruments de grande taille et d’utilisation compliquée, comme la balalaïka et l’accordéon à boutons, et enfin les instruments à cordes comme les gousli, le sifflet et le cymbalum », a raconté au site Znak.com Roustam Nougmanov, spécialiste de fabrication d’instruments musicaux russes à Eletktrostal (région de Moscou) qui a proposé de faire des cuillères le symbole du Mondial 2018.
L’idée lui est venue en 2010 quand la Russie a officiellement annoncé à Zurich son intention d’accueillir la Coupe du monde. Toutefois, il était impossible de proposer de simples cuillères familières uniquement aux Russes.
Le nombre de cuillères à jouer change en fonction de la complexité du rythme et de l’art du musicien, mais les novices auront du mal à manier même le « kit de base » composé de deux cuillères, car celles-ci doivent être placées de manière spéciale entre les doigts d’une main. Les Russes n’y arrivent pas non plus du premier coup. D’ailleurs, personne ne joue aujourd’hui de cet instrument qu’on ne trouve que dans les boutiques de souvenirs où il est acheté par des touristes ne se doutant certainement pas de son riche potentiel d’utilisation.
Quoi qu’il en soit, les cuillères ne sont pas très répandues chez le public et seuls les ensembles de musique populaire russe s’y intéressent. Ce n’est ni une corne, ni une flûte dans laquelle il suffit de souffler pour produire un son.
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C’est le problème auquel s’est heurté Roustam Nougmanov. Il a alors mis au point un support de caoutchouc spécial permettant de sauter l’étape de l’entraînement. L’instrument rappelle désormais la lettre V, ce qui renvoie à Victoire et donne logiquement l’appellation : les cuillères de la victoire.
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