Crédit : Ilya Ogarev
À l’âge de 10 ans, j’ai écouté un disque des Beatles et j’ai compris que ce monde était le mien. Quand j’étais enfant, j’ai étudié dans une école de musique. Après des années de formation musicale intense, des revers et des faux départs, j’ai finalement trouvé ma voie. Je suis désormais guitariste dans un groupe de funk-rock qui s’appelle Muzgruppalits.
J’ai longtemps réfléchi à porter la barbe, mais il y avait beaucoup d’obstacles : mes copines étaient contre et puis elle poussait souvent mal. Quand je me suis posé, j’ai compris qu’il me fallait une barbe. Je n’irai pas jusqu’à dire que je ne suis plus le même : je me suis marié, j’ai eu des enfants et j’ai pris de la bouteille, c’est pourquoi je ne sais pas ce qui m’a le plus influencé.
Mais avec une barbe, il y a des choses qu’on ne peut pas faire, comme lécher le fond de son bol après avoir mangé une glace : je m’en mettrais partout sans même m’en rendre compte.
Beaucoup de personnes pensent que porter la barbe est un signe de négligence et qu’on n’est pas propre, c’est pourquoi elle est interdite à l’armée. Il y a du vrai là-dedans : si on ne prend pas soin de sa barbe, elle devient vite sale, mais c’est valable pour toutes les parties du corps.
Crédit : Ilya Ogarev
J’avais 16 ans quand je suis passé pour la première fois derrière le bar. Je n’ai jamais cessé depuis. C’est pour moi un travail, un loisir, une philosophie et je pourrais même aller jusqu’à parler de religion. J’ai compris que c’est ce que je voulais faire et je suis très heureux d’y être parvenu et d’avoir grandi dans ce monde.
Les premiers poils de barbe ont poussé à 14–15 ans. J’étais tellement fier ! J’ai toujours admiré les barbus et toujours rêvé de porter la barbe. Je l’ai laissé pousser jusqu’à mes 17 ans et ne l’ai rasée que deux fois, pour le regretter immédiatement. Je prends soins de ma barbe : je la taille et l’entretiens et j’adore ça. D’ailleurs, les gens me font plus confiance quand ma barbe est bien propre et bien taillée, surtout au bar, où on aime bavarder.
Au lycée, j’étais le seul barbu et les plus jeunes venaient souvent me voir pour faire un vœu, comme dans le film soviétique Le Vieux Khottabytch. Dans ce conte, un seul des poils de barbe du vieil homme réalise un de vos souhaits. J’aimais bien ça et je les laissais faire.
Crédit : Ilya Ogarev
J’ai fait un temps partie de l’équipe de Russie olympique de patinage de vitesse. Mais j’ai réalisé qu’il fallait que je me reconvertisse et je suis devenu fromager. J’ai fait mon premier fromage dans mon garage, et aujourd’hui je tiens une fromagerie.
Rien de spécial pour moi derrière le port de la barbe, j’aime ça, c’est tout. Elle fait partie de moi. Avec une barbe, je me sens en harmonie avec moi-même. Un jour, je l’ai rasée, et j’ai vu dans le miroir un jeunot qui me toisait. Personne ne l’aurait respecté.
Ce qui est marrant, c’est qu’en tant que fromager, je dois porter un capuchon protecteur sur ma barbe en plus d’une toque.
Je suis généralement trop occupé pour aller chez le barbier et il m’arrive de lui rendre visite seulement deux fois par an, mais j’ai une tondeuse à la maison.
Crédit : Ilya Ogarev
Quand j’étais adolescent, je faisais de l’athlétisme. Après l’entraînement, je me sentais souvent vidé et éreinté. Mon entraîneur m’a alors conseillé de faire du yoga. J’ai toujours été une personne très impulsive. L’art m’a aidé à me canaliser. Je l’ai étudié à l’Institut Surikov de Moscou, mais c’est le yoga qui a changé ma vie. Je suis alors devenu professeur de yoga et ai arrêté de manger de la viande après mes études. Je portais déjà la barbe à l’époque.
Un jour, un ami m’a dit que le mot « barbe » en russe signifiait « la richesse de la famille » et que ça m’allait bien. Qui plus est, j’ai toujours détesté me raser, comme si toute mon énergie disparaissait avec mes poils de barbe. Je ne me suis pas rasé pendant quatre ans. Curieusement, dans le bouddhisme, l’absence de poils signifie que la personne ne rencontrera pas beaucoup d’obstacles sur le chemin de la connaissance. Les yogis, à l’inverse, préfèrent porter la barbe parce qu’elle leur permet d’emmagasiner de l’énergie.
Crédit : Ilya Ogarev
Je suis né et ai grandi en Biélorussie, où j’ai étudié dans une école on ne peut plus classique. À la fac, j’ai étudié l’art et la culture et ai obtenu un diplôme de spécialiste en mise en scène. De retour à la maison, j’ai travaillé comme photographe et comme acteur dans un théâtre pour enfants, puis j’ai décidé de m’installer à Moscou en 2016. J’ai participé à plusieurs spectacles avant d’intégrer une entreprise de marketing.
J’ai commencé à laisser pousser ma barbe à la fac, mais comme ma mère était professeur dans mon université, elle exigeait que je me rase à chaque rentrée. Je n’aime pas me raser, je me sens tout nu sans ma barbe. Pendant mon service militaire, j’ai passé un an sans porter la barbe. Autant vous dire que je ne l’ai plus rasée après la fin de mon service.
Sans ma barbe, je ressemble à un gosse. Elle fait vraiment partie de moi. Je suis un grand optimiste et un mec plutôt cool, et je pense que ma barbe en broussaille le prouve !
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