Алексей Финик
Victoria RyabikovaCrédit : Viktoria Riabikova
Un groupe d’individus fait irruption aux portes du parc Sokolniki, au cœur de la capitale russe, et se met à danser. Contrairement aux apparences, aucun des danseurs n’est fou. C’est en fait ainsi que débute les promenades dansantes à Moscou, un projet social lancé par le psychologue et danseur Alexandre Guirchon.
La première promenade dansante a été organisée il y a trois ans. « En 2014, nous avons tous pu suivre, via les médias, le conflit russo-ukrainien, et la tension était palpable dans la rue. J’ai alors pensé qu’il serait bon de diluer cette tension dans quelque chose de plus lumineux, de plus simple et de plus libre », explique Guirchon.
Alexandre Guirchon. Crédit : Viktoria Riabikova
Désormais, les gens se rassemblent toutes les deux ou trois semaines dans un lieu pittoresque, préparent une playlist et entament des pas de danse, loin des lieux touristiques. D’après l’organisateur, les danseurs ne sont pas tous des Moscovites, certains étant originaires de plusieurs grandes villes russes ou encore des pays de la CEI. En juillet, Arkhangelsk (ville de 350 000 habitants située à 1 230 km au nord de Moscou) et la petite ville de Revda (64 000 habitants, oblast de Sverdlosk, à 1740 km à l’est de Moscou) sont entrées dans la ronde.
Guirchon dirige généralement lui-même chaque promenade dansante dans la capitale, saute plus haut que les autres et danse avec tous les participants tour à tour. « Nous utilisons différents styles de musique, du folk à la pop, afin de donner la possibilité aux danseurs de multiplier les expériences. Quand nous dansons sur une seule et même musique, la synchronisation est plus simple. La danse, c’est de la communication, mais non verbale : les gens communiquent entre eux par le mouvement et le contact physique », poursuit Guirchon.
Crédit : Viktoria Riabikova
Pour la danseuse Anastasia Nadiojinа, les participants à la promenade se comportent tous de manière différente : « Certains aiment interagir avec les autres, d’autres sont plus introvertis et préfèrent le tête-à-tête avec la musique ».
L’organisateur estime que cette pratique ne repose pas uniquement sur la communication : elle a des effets thérapeutiques. Il est convaincu que les participants « évacuent le stress par l’intermédiaire de la danse ».
Crédit : Viktoria Riabikova
« Ici nous nous détendons tous, nous libérons de nos tracas et reprenons confiance en nous-mêmes. Oui, on peut danser en boîte de nuit, dans un bar ou à la maison. Mais l’effet est tout autre. Ici, l’individu se retrouve comme propulsé dans un music-hall improvisé dans lequel il joue le premier rôle ».
La prestation du spécialiste IT Alekseï Finik attire l’attention : « Je suis quelqu’un de très émotif et toutes les émotions que j’ai en moi ressortent ici. Bien sûr, il y a une part d’égocentrisme, on a envie que les autres nous regardent ».
Crédit : Viktoria Riabikova
Les Moscovites réagissent de différentes façons à ces « excentriques » qui dansent à-même la rue sur de la musique diffusée par les haut-parleurs de leurs téléphones. Certains sourient à la vue de ces silhouettes qui se tortillent, d’autres demeurent perplexes voire expriment leur indignation.
« Je ne comprends pas pourquoi ils n’apportent pas des baffles pour que les passants puissent se joindre à eux », partage Vsevolod, témoin de la scène. « Parfait ! Et pourquoi sont-ils si heureux ? La vie en Russie serait-elle devenue plus facile ? », lance un homme attrapé au passage.
Crédit : Viktoria Riabikova
L’initiateur du projet réagit à ces commentaires avec beaucoup de philosophie. D’après lui, on a le sentiment que les participants sont comme coupés du monde réel. La question de savoir ce qu’on entend par monde réel n’a jamais été tranchée.
« La réalité, c’est danser ou être ensevelis sous une tonne d’informations absolument inutiles ? Si la danse me donne la force et l’inspiration qui me permettent de réaliser les choses qui comptent dans ma vie, alors je choisis la danse », répond Guirchon, avant de se diriger vers la sortie afin de danser une dernière fois avant la tombée de la nuit.
Crédit : Viktoria Riabikova
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