/ Rouslan Chamoukov
Vlad n’avait jamais songé à faire des études religieuses. Il rêvait de devenir secouriste. « Enfant, j’allais avec mon père à l’église de notre petite ville sibérienne. Je m’y plaisais, car c’était très beau et très silencieux. Mon père est mort quand j’avais 13 ans et la famille a commencé à se décomposer. Une nuit où le sommeil ne venait pas et où je réfléchissais aux causes qui font souffrir les hommes, j’ai décidé de prier. Mon âme en a été soulagée », confie-t-il. Cette nuit a marqué un tournant dans la vie de Vlad : il commença à aider le prêtre de l’église comme sacristain avant de comprendre que c’était sa vocation.
Vlad est en deuxième année d’études. Les séminaristes respectent un horaire strict : les journées en semaine commencent tôt le matin par un office commun suivi du petit-déjeuner. Chaque étudiant dispose ensuite d’une demi-heure avant d’aller aux cours. À l’issue de trois cours et du déjeuner, il a du temps libre, avant d’entamer les prières du soir, à 22h00. Samedi et dimanche, il se rend à des offices à l’église.
Presque tous ses amis sont également séminaristes. Ils parlent très souvent des études, engagent des conversations philosophiques et se baladent dans le centre de Saint-Pétersbourg. Vlad aime les retrouver dans un anticafé ou dans une librairie indépendante.
/ Rouslan Chamoukov
Il apprécie beaucoup Victor Hugo : « C’était un vrai chrétien qui avait à cœur la destinée de chacun de ses personnages ». Il aime également Erich Maria Remarque parce que « personne n’a décrit avec autant d’authenticité l’amitié que lui dans Trois camarades ».
/ Rouslan Chamoukov
Vlad s’intéresse à la musique. Il aime aussi bien la musique classique, notamment Vivaldi et Schubert, que les compositions modernes, par exemple celles de Hans Zimmer pour la bande originale du film Interstellar. L’Académie distribue souvent parmi ses étudiants des billets pour des concerts à la philharmonie, à la chapelle académique de Saint-Pétersbourg ou à la salle de concert du théâtre Mariinski. « Une fois je suis allé à un concert de jazz et j’ai eu du mal à me retenir pour ne pas aller danser directement dans la salle », raconte-t-il.
Vlad fait du football depuis son plus jeune âge et s’entraîne aujourd’hui au sein de l’équipe de l’Académie qui organise plusieurs fois par an des matchs avec les enfants d’orphelinats et de colonies pénitentiaires. C’est aussi l’occasion de parler à ces enfants et de répondre à leurs questions concernant Dieu.
De plus il est passionné de skateboard : « J’aime faire de la planche à roulettes parce que la vitesse associée à des manœuvres m’enivre. C’est l’un des meilleurs antidépresseurs dans notre monde fou ».
Il y a plusieurs mois, Vlad s’est passionné pour la photo. Il avoue ne rien comprendre au fonctionnement de l’appareil photo et explique qu’il essaie seulement de faire attention à une émotion ou à un objet que personne ne remarque dans la course de notre vie quotidienne.
/ Rouslan Chamoukov
Pour entrer à l’Académie théologique orthodoxe de Saint-Pétersbourg, chaque étudiant a un entretien personnel avec le recteur de l’établissement. Un autre entretien est prévu si le jeune homme décide de se marier.
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Tous les séminaristes mènent des activités bénévoles pour l’Académie, et si certains établissent le profil internet de l’établissement, Vlad, lui, y organise des visites guidées. Son local préféré est la bibliothèque qui rassemble plus de 300 000 livres dont des exemplaires uniques vieux de 300 ans, comme un Évangile du XVIIIe siècle à reliure spéciale.
/ Rouslan Chamoukov
Pour les vacances, Vlad aime se rendre loin de l’agitation de la ville, au monastère côtier de la Trinité-Saint-Serge dans les environs de Saint-Pétersbourg. « Cet endroit m’est très cher. C’est calme et j’y ai trouvé mon guide spirituel, le père André. Je peux lui poser n’importe quelle question sur la vie religieuse ou mondaine et je sais que j’obtiendrai une réponse sage ».
Les étudiants ont une tradition importante, celle du stage social. Tous les dimanches, Vlad se rend dans le centre de réinsertion sociale Ligne de vie où il organise des conférences pour les toxicomanes, les SDF, les chômeurs et pour tous ceux qui ne voient plus de sens à la vie.
/ Ruslan Shamukov
« Une fois je suis rentré dans ma ville natale et les amis m’ont invité à fêter le Nouvel an. J’y ai engagé une conversation sur un sujet théologique avec un homme quand, soudain, je me suis rendu compte que nous étions entourés de nombreux invités. Je n’avais pas dit à mes amis que je faisais des études à l’Académie théologique, mais ils ont commencé à me poser des questions sur la foi et sur Dieu.
/ Ruslan Shamukov
Je crois que les gens ont besoin aujourd’hui de croire et d’espérer, mais ils ne se tournent pas vers la religion à cause des clichés qui se sont formés à l’époque soviétique, et qui existent toujours. Ce sentiment de pouvoir changer quelque chose en communiquant avec les gens, c’est un vrai bonheur », confie-t-il.
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