Une jeune maman doit avoir la possibilité de contacter un médecin 24 heures sur 24, qu’il s’agisse d’une situation urgente, d’une réponse à une question toute simple ou d’un soutien psychologique.
Cette nécessité instante a été éprouvée en 2013 par la femme de l’un des fondateurs d’un site qui permet aux jeunes parents de bénéficier d’une consultation urgente à distance au sujet de la santé de leur enfant. Un an plus tard, l’homme lançait un site fonctionnant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 : www.pediatr247.ru.
L’idée a été largement soutenue par le spécialiste des maladies infantiles Leonid Rochal, président de l’Institut de chirurgie infantile. Il a fallu tout d’abord élaborer la plateforme de communication entre le médecin et le patient. Les auteurs du site ont réalisé que les patients avaient surtout besoin d’une communication immédiate avec le médecin et de garanties concernant la qualité des services.
Car il ne suffit pas de rassembler des médecins à l’aide d’un agrégateur pour leur accorder la possibilité de donner des consultations, a expliqué le dirigeant du projet, Denis Ioudtchits. Il est important de créer un format intelligible de services et de contrôle de la qualité. Les médecins suivent une formation pour donner des consultations en conformité avec les critères établis. Chaque patient a un dossier médical en ligne et obtient l’accès à un cabinet virtuel ainsi qu’à son profil. La qualité des services est évaluée non seulement sur la base de l’opinion des patients, mais également en tenant compte de l’avis des médecins.
Dans la foulée du succès, Denis Ioudtchits et son équipe ont ouvert un site pour les adultes, www.onlinedoctor.ru. La plupart des patients vivent en province et ont plus de mal que les habitants des grandes villes à bénéficier d’une aide médicale de qualité. Ces services ont été notamment appréciés par la vieille génération qui, outre des informations pratiques, a la possibilité de communiquer régulièrement avec un médecin.
Les clients se voient proposer un abonnement à nombre illimité de consultations. Ce même principe est appliqué en Russie sur www.teledoctor24.ru qui propose notamment un service de recherche de médicaments au meilleur prix et de réponse aux questions juridiques liées à la médecine.
Un autre projet dans ce domaine a fait son apparition en Russie l’année dernière : la plateforme www.docplus.ru d’appel du médecin à domicile. Les consultations sont demandées par le biais d’une application mobile sur la base d’un tarif de 30 euros. Toutefois, le service n’est accessible pour l’instant qu’à Moscou et dans sa région. Selon les données de Forbes, le projet a rapporté l’année dernière un peu plus d’un million d’euros.
Docplus est un service semblable à Heal aux États-Unis, une application pour Smartphone proposant un médecin à domicile sur le même modèle que celui d’Uber Taxi. D’après les statistiques, environ 15% des médecins américains recourent à la télémédecine. Il n’existe encore aucune donnée officielle en Russie parce que, législativement, l’aide médicale à distance n’est pas encore encadrée par la loi. Un médecin russe n’est pas en droit aujourd’hui de poser un diagnostic ni de prescrire un traitement en ligne, mais la situation pourrait changer en cas d’adoption d’une loi sur la télémédecine.
La Douma (chambre basse du parlement russe) examine à l’heure actuelle deux projets de loi. Le premier a été élaboré par le ministère de la Santé et le second avec la participation de l’Institut de développement d’Internet, du moteur de recherche russe Yandex et de la Fondation de développement des initiatives en ligne. La grande différence entre les deux est que le projet de loi de la communauté internet autorise l’intervention médicale à distance.
La loi se fixe pour objectif de définir les services médicaux qui peuvent être accordés par le biais de la télémédecine, d’établir les exigences envers l’identification des clients et de préciser les mécanismes de paiement.
« Cette loi est indispensable depuis longtemps. Même en l’absence d’une base législative, les consultations à distance sont données avec succès dans plusieurs établissements médicaux », a indiqué à RBTH le service de presse du ministère russe de la Santé. La loi viendra légaliser la pratique existante et garantira la protection du médecin et du patient. En outre, elle prévoit d’organiser pour les médecins des cours sur les méthodes et les instruments de diagnostic à distance.
Gueorgui Lebedev, représentant de l’Institut du développement d’Internet, a souligné dans une interview à RBTH que ce boom de la télémédecine en Russie recelait trois grands risques. Premièrement, la baisse de la qualité de l’aide médicale en raison de l’arrivée de médecins peu qualifiés. Deuxièmement, le déséquilibre des relations entre le patient et le médecin, ce dernier devenant plus vulnérable face à un patient au comportement inadéquat. Troisièmement, le marché peut être inondé de sociétés étrangères.
Le conseiller du président russe pour Internet, Guerman Klimenko, a appelé récemment à accélérer l’élaboration du projet de loi sur la télémédecine. « Nous avons la possibilité d’avoir une Yandex-médecine et une Rambler-médecine, c’est notre histoire (les deux sociétés étant russes). Si nous traînons en longueur encore un ou deux ans, nous aurons une Google-médecine et une Apple-médecine », a-t-il assuré à l’agence TASS. Guerman Klimenko a également mis en relief l’importance du suivi de l’état de santé des patients, qui nécessite l’emploi d’appareils mobiles.
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