Crédit : Evgenia Novozhenina / RIA Novosti
Ce 22 mai, à 10h30 du matin, une file de plus d’un kilomètre s’était déjà formée devant l’entrée de le principal lieu de culte russe, la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou. Pour la première fois de l’histoire, les restes du saint chrétien vénéré Saint-Nicolas ont été transportés à Moscou de la ville italienne de Bari, où ils reposaient depuis un millénaire sans jamais en être sortis.
Un tel spectacle n’est pas rare en Russie. Historiquement, les habitants ont toujours été prêts à attendre pendant des heures et des heures pour voir des reliques chrétiennes, et ils seront sans doute encore plus nombreux à vouloir faire la queue à l’avenir. Au cours du mois prochain, des millions de pèlerins rejoindront la capitale russe pour endurer une attente qui peut paraître interminable devant la cathédrale du Christ Sauveur et prier devant les restes de Saint-Nicolas.
Crédit : Valery Charifouline / TASS
Nicolas vécut en Asie mineure au quatrième siècle av. J.-C. et il est l’un des saints les plus vénérés du monde chrétien. Célébré par toutes les églises chrétiennes, il donna même naissance au personnage du Père Noël. Pourtant, les Russes le considèrent traditionnellement comme le protecteur des pauvres et le patron des criminels repentants, des enfants et des étudiants. Célèbre en Russie pour les miracles qu’il accomplit sous le nom de Nicolas le Thaumaturge, la figure de Saint-Nicolas transcende le simple statut de saint pour devenir un symbole d’espoir pour toute personne en quête d’orientation et de protection spirituelle.
« Les Russes vénèrent profondément Saint-Nicolas, plus que tout autre saint. C’est un saint qui aide les gens dans la vie et dans la mort, qui qu’ils soient. En priant devant ce saint, ils trouvent l’aide », nous affirme Alexandre Volkov, porte-parole du Patriarche Cyrille de Moscou. « Il est important pour les Russes de faire un effort physique personnel, tel un acte de pénitence. Les Russes savent qu’en bravant les files d’attente, ils obtiendront quelque chose pour eux, pour leurs âmes. Cela dépasse la pensée rationnelle ; cela relève de la mystique », ajoute Volkov.
Crédit : Evgeniy Biatov / RIA Novosti
Ce n’est pas la première fois qu’une relique orthodoxe de cette importance réunit des chrétiens des coins les plus éloignés de l’ex-Union soviétique. En novembre 2011, ils avaient attendu jusqu’à 20 heures pour vénérer la Ceinture de la Sainte Vierge Marie, acheminée en Russie depuis la Grèce. Le nombre de pèlerins ayant traversé plusieurs villes russes pour voir la relique est estimé à plus de trois millions. On rapportait que certaines files d’attente s’étendaient même sur plus de huit kilomètres.
« Quand je parlais aux gens qui avaient attendu des heures interminables pour voir la Ceinture de la Sainte Vierge Marie, j’ai toujours eu l’impression qu’ils partageaient un sentiment commun, un sentiment particulier d’admiration devant une relique chrétienne… Un désir de miracle et de consolation », nous explique Sergueï, prêtre dans l’une des églises de Moscou.
La foi orthodoxe est profondément ancrée dans la mentalité russe. Les saints ont toujours été des figures importantes pour les chrétiens russes. Les endroits où les saints vivaient devenaient des lieux de culte et, parfois, donnaient naissance à des monastères. Les effets personnels des saints revêtaient une grande importance religieuse et étaient souvent utilisés dans les cérémonies religieuses ou comme outils de bénédiction.
Les saints étaient considérés comme des faiseurs de miracles qui pouvaient guérir les maladies et remettre les âmes dans le droit chemin. Un événement comme l’arrivée des reliques de Saint-Nicolas dans la capitale revêt donc une grande importance historique et culturelle pour un très grand nombre de Russes.
Crédit : Valery Charifouline / TASS
Un prêtre de l’une des églises de la région de Moscou, qui a préféré conserver l’anonymat, a raconté son expérience personnelle, rappelant que certains membres de sa congrégation considéraient les saints comme un « moyen simple de régler leurs problèmes ».
« Comme tous les Russes, je suis paresseux. Je veux un passe-droit. Admettons que je sais qu’un saint particulier a touché Dieu ; il a transcendé sa forme humaine et a pu voir l’éternité… Evidemment, si je touche ses restes maintenant, je serai sauvé aussi et tous mes ennuis disparaîtront. Nous le faisons pour la même raison que lorsque nous sautons dans l’eau glacée à l’Epiphanie ».
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.