Jamil et Vera.
Archives personnellesSelon les derniers chiffres de l'Insee, le taux de mariages mixtes en 2015 est de 14% en France et ne cesse d'augmenter. Les statistiques montrent que parmi les 236 300 mariages célébrés dans l’Hexagone, 33 800 ont uni un conjoint français et un conjoint étranger. Les mariages franco-russes faisant partie des unions mixtes, l'Insee affirme qu'en 2013, la France a enregistré 35 unions d'hommes russes avec une épouse française et 962 unions d'hommes français avec une épouse russe. La correspondante de RBTH a parlé avec trois jeunes couples franco-russes pour découvrir les particularités de vie au confluent de deux cultures.
Amandine et Alexeï se sont connus à Moscou il y a trois ans. Contrairement à la plupart des couples mixtes résidant en Europe, leur langue commune est le russe : « Maintenant nous habitons à Zurich, je travaille dans la finance et mon mari est programmeur dans une société suisse, mais j'ai étudié et vécu en Russie, ce qui m'a permis de m'imprégner plus en profondeur de cette magnifique culture », relate Amandine.
Selon son mari, les couples multiculturels sont solides quand au moins une personne s'intéresse à la culture de l'autre. Cependant, la culture française est connue et répandue en Russie, ce qui n'est pas le cas de celle de la Russie en France :
« Quand j'étais petit j'ai lu beaucoup de littérature française, raconte Alexeï. Dumas, Jules Verne, Pierre Souvestre et Marcel Allain, Molière, Maurice Leblanc – ce sont des écrivains avec les œuvres desquels j'ai fait connaissance au lycée. La musique française, la peinture, les liens culturels de l'Empire russe avec la France aident à mieux comprendre la culture française de différentes époques. En ce qui concerne la Russie, c'est un peu différent. Si l'on ne s'intéresse pas spécialement à la culture russe, on n'en saura pas grand-chose ».
Pour Amandine, la mixité culturelle implique un certain travail sur soi : « Il faut de la curiosité, une plus grande tolérance… De l'ouverture d'esprit en somme. C'est extrêmement enrichissant à tous les niveaux, et cela solidifie le couple ». Quant aux particularités de la culture russe, Amandine explique : « La société russe est plutôt traditionaliste. Les valeurs de la famille sont donc très importantes. Il y a bien sûr des exceptions, mais dans l'ensemble, les hommes russes souhaitent avoir des enfants. C'est à prendre en compte ».
Il y a des couples qui, comme Jamil et Vera, sont unis par les arts. C'est au Conservatoire supérieur de musique et de danse de Lyon qu'ils font connaissance en 2013. Danseurs professionnels, ils pratiquent toutefois différents types de dance : Jamil – le ballet, Vera – la danse contemporaine.
« C'est sûr qu'il y a beaucoup de différences culturelles entre nous, relate Jamil. Je pense que les Russes sont de nature assez têtus. Si ma femme parle de quoi que ce soit, elle fait tout pour arriver à son but. Les Français ont plus tendance à parler ».
Vera, de son côté, considère que les différences culturelles sont tout à fait normales dans un couple mixte : « Bien sûr, nous avons des éducations différentes. Mais je crois qu'il faut se laisser la possibilité de s'adapter à une autre culture. Par exemple, à mon avis, les Russes sont beaucoup plus attachés à la famille. Il faut le prendre en considération, c'est une qualité qui nous est propre ».
Quant à la barrière linguistique, selon Jamil, elle ne les concerne pas : « À ce niveau nous n'avons pas de problèmes. C'est plutôt drôle parfois, parce que Vera traduit des expressions qui sont très imagées, par exemple +l'eau ne coule pas sous une pierre allongée+, ce qui veut dire qu'on n'arrivera pas à ses buts sans faire d'efforts. On n'y aurait jamais pensé en France mais c'est très pertinent. Je trouve que les expressions russes sont souvent bien justes ». Contents de découvrir ces différents échos de leurs cultures, Jamil et Vera continuent à travailler ensemble et ont des projets communs à Bruxelles.
Pour Olga, responsable administrative dans une société française, et son mari Sébastien, qui travaille dans l'ingénierie à Toulouse, le mariage mixte est une clé pour la découverte d'une richesse multiculturelle et linguistique qui se transmet de génération en génération : « Pour moi, c'est très important que ma fille parle russe, se confie Sébastien. Être descendant d'une famille multinationale est une valeur qu'il faut préserver.
Le bilinguisme étant un concept largement débattu aujourd'hui dans le monde entier, les parents d'enfants bilingues sont les premiers à s'intéresser à ce sujet : « On dit que les enfants bilingues commencent à parler plus tard, dit Olga, mais ce n'est pas le cas de notre fille Léona. À l'âge de dix-huit mois elle parlait déjà français. Maintenant elle a deux ans et elle parle plus en russe car je passe plus de temps avec elle. Et pour l'instant elle ne différencie pas toujours les deux langues, par exemple, quand on va au parc, elle commence à parler russe avec d'autres enfants ». Avec le temps, certes, la petite pourra passer d'une langue à l'autre sans aucun effort et développer tous les acquis qu'offre le phénomène de bilinguisme.
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