La Russie est un pays de mystères et de paradoxes. Preuve en est : les requêtes internet Google des étrangers. La question « Pourquoi la Russie est aussi pauvre » est ex æquo avec la question « Pourquoi la Russie est aussi riche ». Et tandis que Robbie Williams signe un clip sur les Russes amateurs de fêtes effrénées, le Guardian affirme que le nombre de Russes vivant en dessous du seuil de pauvreté va croissant depuis 2014. Alors la Russie, pays riche ou pauvre ?
La première chose qui vient à l’esprit au sujet de la Russie, c’est la richesse de ses ressources naturelles. En effet, le pays est détenteur des plus grandes réserves de gaz naturel (environ le quart des réserves mondiales, selon l’OPEP) et se classe cinquième d’après les réserves prospectées (selon les estimations du géant British Petroleum). Le ministère russe du Développement économique affirme qu’en 2015, la production du secteur énergétique a constitué 63% du total des exportations, tandis que la part des pétrodollars s’est élevée à 43% du budget. En outre, personne au monde ne possède plus de bois que la Russie et seul le Brésil la devance en termes de réserves d’eau douce. Ce qui est logique : il serait dommage de posséder le plus grand territoire et de rester sans ressources.
Les économistes affirment toutefois qu’une « charpente » constituée d’hydrocarbures est instable et qu’elle place l’économie russe dans un état de dépendance vis-à-vis des cours de l’or noir. Selon eux, il est indispensable de réduire cette dépendance vis-à-vis des prix des ressources naturelles.
La dégringolade des prix du pétrole de 2014–2016 (le baril étant passé de 111 à 32 dollars) associée à l’introduction de sanctions ont frappé de plein fouet l’économie russe. En 2015, le PIB russe s’est réduit de 2,8%. En 2016, le prix du brut s’est stabilisé et la chute a ralenti pour constituer 0,6%, selon l’Agence des statistiques de Russie (Rosstat). L’année dernière, la Russie est arrivée 6ème sur la liste mondiale des pays classés selon leur PIB à parité de pouvoir d'achat (PPA) avec 3 750 milliards de dollars. Le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers estime que la Russie restera à la même place dans 33 ans, jusqu’en 2050. En ce qui concerne le PIB par habitant, il constitue 8 500 euros, soit la 66ème place dans le monde.
Les experts interrogés par l’agence Interfax estiment que la Russie sort peu à peu de la récession pour passer à la stagnation. Mais pour l’instant, les Russes deviennent de plus en plus pauvres : leurs revenus réels ont diminué l’année dernière de 5,9% par rapport à 2015.
Le salaire moyen des Russes s’élevait à environ 585 euros en 2016. Comparant ce chiffre en Russie et dans d’autres pays, le magazine La Vie des affaires indique que les Russes gagnent moins que les habitants de l’Europe occidentale, mais plus que la population des anciennes républiques de l’URSS.
Il est très difficile de dire si les Russes sont riches ou pauvres, étant donné que la plus grande partie des richesses se concentre entre les mains d’une petite minorité. L’édition 2016 du Global Wealth Report publié par le Credit Suisse Research Institute constate que 1% de la population russe possède 74,5% des richesses nationales. Selon le classement annuel de Forbes pour 2016, le nombre de milliardaires en dollars en Russie est passé à 77, alors qu’ils étaient 88 un an plus tôt.
« Ces dernières années, les inégalités se sont quelque peu réduites, mais restent néanmoins assez élevées par rapport aux autres pays », a indiqué Elena Grichina, directrice du laboratoire d’études des systèmes de retraite et de pronostic du domaine social à l’Institut d’analyse sociale et des pronostics.
Selon les statistiques, la Russie compte 20,3 millions de pauvres, soit 13,9% de la population : leur revenu mensuel se situe en dessous du minimum vital qui s’élève aujourd’hui à 160 euros. Toutefois, malgré la récession qui se poursuit et un niveau élevé d’inégalité, il ne faut pas exagérer le niveau de pauvreté en Russie, souligne Tim Worstall, économiste et observateur de Forbes.
Analysant un article du journal en ligne International Business Times qui affirmait, à tort, que les Russes dépensaient en nourriture la moitié de leur revenu mensuel (en réalité le chiffre n’est que de 11% à 12%), Tim Worstall écrit : « Si les Russes dépensaient 50% de leur revenu total en nourriture, il faudrait s’attendre à ce que le pays soit aussi pauvre que le Bangladesh : mais ce n’est tout simplement pas vrai ».
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