À l'Université de l'Amitié des peuples, Moscou
Grigoriy Sisoev/RIA NovostiMaud Pallas, actuellement étudiante en Master LEA de Commerce International, a commencé à suivre les cours de russe en première année de Licence à l'Université de Bordeaux. C'est la curiosité pour les langues de l'Est qui l'a conduite à faire ce choix. Deux ans plus tard, désirant améliorer son niveau de russe, elle décide de partir pour un semestre en Erasmus dans l'une des universités qui organisaient des échanges académiques avec la sienne, celle de Krasnodar (sud de la Russie).
« J'ai adoré la vie à Krasnodar parce que ça sortait de tout ce dont on a l'habitude, ça sortait de l'ordinaire, explique Maud. Ce qui était bien c'est qu'on ne parlait que le russe, car à l’université à Moscou et à Saint-Pétersbourg on fait énormément d'anglais. À Krasnodar c'est super, c'est petit, c'est convivial, c'est pas cher. En revanche, parler russe au début n'était pas facile »
Pour cette Bordelaise de 22 ans, un semestre n'a pas été suffisant pour profiter pleinement de l'apprentissage de la langue et de la vie en Russie. « C'est quatre mois plus tard que j'ai vraiment commencé à parler russe, avoue-t-elle. Donc, je me suis dit, il faut que je reste plus longtemps. Finalement, j'ai dû faire une demande très spéciale pour une prolongation de séjour, c'était très long et très compliqué. Heureusement, c'est l'Université de Krasnodar qui m'a aidée à faire tout le nécessaire, ils ont même envoyé une lettre de recommandation au Consulat précisant que j'étais une étudiante très sérieuse et qu'il serait bon pour moi de continuer mes études en Russie. Grâce à eux, j'ai pu rester en Russie encore un semestre et ce fut la meilleure expérience de ma vie », se confie-t-elle.
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Enchantée par la découverte de ce monde qui semblait être aussi étranger, elle a fini par s'intégrer complètement dans la vie de Krasnodar : « Quelques mois plus tard, je me suis tellement ancrée dans la culture et j'étais tellement bien là-bas que je me sentais vraiment chez moi à Krasnodar, c'était ma maison », conclut-elle.
« En Russie on a tout le temps des choses à découvrir », relate Marine*, étudiante en Master de Communication Internationale des Entreprises et Administrations à Lyon. Pour elle, l'apprentissage du russe au lycée et à l'université ne suffit pas pour se plonger dans la culture du pays et déceler toutes ses spécificités. « C'est la culture que trois quart des gens en France ne connaissent pas », dit-elle. Sans doute, telle est l'une des raisons qui l'ont poussée à effectuer son premier voyage en Russie il y a deux ans pour suivre des cours de russe à l'Université Herzen à Saint-Pétersbourg.
« Le programme était très riche et intéressant. En plus, on était vraiment plongés dans la vie de Saint-Pétersbourg, je me suis fait plein d'amis là-bas que j'ai trouvés adorables. Cette expérience m'a beaucoup apporté » que ce soit d’un point de vue professionnel ou humain, avoue la jeune femme.
Un an plus tard, séduite par ces nouvelles découvertes, elle revient en Russie pour faire un stage de deux mois à Krasnodar. Hébergée en résidence étudiante, c'est là qu'elle fait connaissance avec le monde de « l'obschejitié » (résidence universitaire, ndlr). « On était une trentaine par étage, et c'étaient des chambres de 2 ou 3 personnes. En arrivant j'ai cru que les Russes étaient très renfermés, ils ne souriaient jamais, mais au bout de deux semaines ils ont commencé à rigoler avec nous à force de nous revoir. Dans la résidence il n'y avait qu'une seule cuisine pour trente personnes et ça m'a beaucoup étonné, mais au final tout s'est bien passé, tout le monde respectait les lieux et on est tous devenus amis ».
Bien que le sourire en Russie ne soit pas un signe de politesse, mais plutôt de bienveillance et de sympathie, il n'est, selon Marine*, pas difficile de créer des relations amicales avec les Russes : « Au premier abord ils paraissent froids, pas agréables, mal polis… Mais à partir du moment où ils vous connaissent, c'est tout le contraire. Comparés à eux, je trouve que nous, les Français, sommes moins accueillants au final, même avec des gens que nous connaissons », conclut-elle.
Nombreux sont les jeunes qui rêvent de pénétrer tous les mystères de la vie en Russie. Adèle Ben-Drihem, étudiante en Master de Langues et Gestion à Lyon, n'en fait pas exception. À l'âge de 22 ans, elle décide de suivre une formation d'un an en échange académique à l'Université d'État du Commerce et de l'Économie à Moscou (RGTEU) : « J'ai beaucoup aimé le cursus, les professeurs étaient tous très qualifiés, mais c'est grâce à la vie en résidence étudiante que j'ai appris quelques particularités des mœurs russes », raconte-t-elle en souriant.
Interrogée sur les aspects de ces « particularités », Adèle répond : « En Russie, il n'y a pas beaucoup de formalité, les gens sont plus francs. Une fois par exemple, je travaillais dans ma chambre et ma porte s’ouvre d’un coup. Une silhouette dégingandée apparaît dans l’entrebâillement, et un grand type très maigre avec des cernes violettes et des joues flasques entre dans ma chambre et sans plus de cérémonie jette des sortes de bonbons au sol, je le regarde stupéfaite et il me crie : ''C’est pour les rats!'' avant de refermer la porte. La scène a duré quelques secondes, je me suis demandée si je n’avais pas rêvé, puis j’ai repris mon travail. Il me semble que les rapports sociaux en Russie ne sont pas aussi formalisés qu’en France. Tout est beaucoup plus franc, on s’embarrasse moins de politesses ».
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Une vraie passionnée de la culture russe, après avoir fait sa troisième année de Licence à Moscou, Adèle poursuit ses études à Lyon, mais veut coûte que coûte retourner en Russie. Grâce à sa formation à Moscou, elle pourra probablement trouver un stage dans une entreprise russe pour ensuite être embauchée et pouvoir rester dans ce lointain et mystérieux pays de l'Est. « Ça reste un des projets qui guidera toute ma vie », avoue-t-elle.
*Le nom a été changé à la demande de l'intéressée
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