Teens froKatia et Denis.
Capture d'écran/denismuravLa Russie est sous le choc. Des scénarios du genre, le pays n’en a vu que dans les films ou les jeux vidéo. Retranchés dans une maison, les deux adolescents tirent contre les policiers par les fenêtres et diffusaient les images sur l’application vidéo Periscope, où ils se déclaraient être « Bonnie et Clyde ». Aujourd’hui, ils sont morts. Les détails du drame, il les ont fournis eux-mêmes. En direct.
Ekaterina et Denis. Crédit : denismyr18/vk.com
Selon les paroles de Denis Mouraviov et la diffusion vidéo sur Periscope (l’enregistrement a été effacé, mais il reste le décryptage), les deux jeunes gens ont décidé de fuir de chez eux parce que sa petite amie, Ekaterina Vlassova, a été « sauvagement » battue pour avoir passé la nuit chez une copine sans l’aval de ses parents. Et lui, parce que ses parents *** (« l’emmerdaient »). Trois jours avant le drame du 14 novembre, il a retiré de l’argent de la carte de sa mère et les deux jeunes sont partis à 70 kilomètres de Pskov, chez le beau-père d’Ekaterina.
L’homme possédait plusieurs armes placées dans des coffres forts, dont l’un a été ouvert par les deux lycéens qui y ont découvert un fusil de chasse et d’autres armes (sans doute un pistolet incapacitant et un pistolet pneumatique). L’adolescent était déjà recherché par la police. Quand les parents ont essayé d’entrer dans la maison, Denis a tiré au pistolet incapacitant en atteignant la mère d’Ekaterina à la cuisse. Après l’arrivée d’un véhicule de police, Denis a ouvert le feu contre les policiers. Cette fois-ci au fusil.
« J’ai peut-être atteint les flics, je ne sais pas. Je vois des flics, je vise et pan-pan ! Si je les ai touchés, c’est environ 15 ans de prison », raisonne-t-il. « On ne pourra pas s’en sortir. (Se rendre) ne sert à rien », renchérit Ekaterina. Elle rit et se réjouit de savoir que « toute la classe la regarde » sur Periscope. « Si on ne se rend pas, on sera tués, reprend Denis. Si on se rend, on ne se reverra plus, car nous serons placés dans des écoles de villes différentes ». Les deux adolescents annoncent qu’il ne leur reste plus de munitions, bien qu’une vidéo montre clairement qu’il en reste beaucoup.
Crédit : Capture d'écran /denismurav
À un moment donné, la vidéo s’interrompt et plusieurs hommes lancent l’assaut de la maison où ils retrouvent morts les deux jeunes. Selon l’agence d’information de Pskov, Denis a d’abord tué son amie avant de se suicider. Les deux adolescents ont laissé sur les réseaux sociaux des messages semblables où ils accusent leurs familles d’avoir « détruit leur psychisme et leur vie ».
Anna Kouznetsova, la déléguée aux droits de l’enfant, a qualifié cette histoire de « grande tragédie » et a déclaré qu’elle avait entamé, en commun avec les institutions appropriées, « une analyse des circonstances et des détails du drame ». Le gouverneur de la région de Pskov, Andreï Tourtchak, a exprimé ses condoléances aux parents des deux jeunes : « C’est une horrible tragédie. Aucune parole n’est capable de réduire l’amertume de cette perte ».
Il s’est déclaré certain que la justice enquêterait minutieusement sur les raisons du suicide et sur l’attaque contre les policiers. Les circonstances du drame seront également examinées par la commission régionale chargée des affaires des mineurs.
L’hypothèse selon laquelle Denis a tué Ekaterina avant de se suicider contredit leurs propos sur l’absence de munitions. Et cette contradiction a été remarquée dans les réseaux sociaux. Le journaliste Sergueï Dorenko a notamment écrit sur Twitter : « Comment savoir si les adolescents de Pskov se sont suicidés et n’ont pas été tués lors de l’assaut ? Un assaut a été lancé. Des armes ont-elles été employées ? ».
А как мы узнали, что псковские подростки именно покончили собой, а не были пристрелены при штурме. Штурм был. Оружие применялось?
— Доренко (@rasstriga) 14 novembre 2016
Dans le même temps, la Garde nationale affirme que les troupes d’intervention rapide (SOBR) n’ont pas ouvert le feu pendant l’assaut. Certains utilisateurs admettent que les adolescents aient pu mentir au sujet des munitions, d’autant plus que les policiers n’avaient pas besoin de tirer. « Je ne vois pas les flics tirer sur des adolescents. Ou bien ils seront dénoncés par un des leurs ou bien le procureur leur posera des questions », a écrit sur Facebook Youri Kounikov, ancien policier.
Plusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer le drame. Irina Sokovnia, psychologue pour adolescents, a déclaré dans une interview à la radio Ici Moscou que les deux jeunes avaient pu intégrer une secte ou souffrir d’une maladie psychique. La sénatrice Elena Mizoulina connue pour ses vues conservatrices a accusé les jeux de tir.
Toutefois, nombreux sont ceux qui estiment qu’il ne faut pas aller chercher trop loin et que la raison est la violence familiale évoquée par les deux adolescents à plusieurs reprises. « Le problème est dans l’éducation des enfants et dans l’accès aux armes. C’est la faute des parents, et des parents uniquement », affirme sur Twitter Gregory Zagradsky.
Проблема не в оружии, проблема в воспитании детей и в доступности оружия для тех, кого воспитали.Виноваты родители и только родители.#псков
— Gregory Zagradsky (@zagradsky) 14 novembre 2016
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