L’entremise est le mode le plus répandu de recherche d’un compagnon de vie en Russie des X-XIèmes siècles et jusqu’au milieu du XIXe siècle. Fin XIIIe — début XVIIIe siècles, les accords entre les marieurs pouvaient être fixés par écrit (contrat de mariage).
Cette norme ne sera supprimée que par Pierre 1er en 1702. Le même décret accorde davantage d’autonomie aux futurs mariés : ils doivent se rencontrer dans les six semaines suivant l’accord entre les parents et le refus de se marier est permis, par exemple si la fiancée est « laide, triste ou malade ». Le 16 janvier 1724, les mariages forcés sont tout bonnement interdits.
Au XIXe siècle, avec l’essor de l’urbanisation, les frontières sociales commencent à s’estomper petit à petit et l’entremise est remplacée par de nouveaux moyens de trouver des compagnons.
Fiançailles d'un major par Pavel Fedotov. Crédit : Balabanov / RIA Novosti
Au début du XXe siècle, les jeunes se rencontrent grâce aux annonces dans les journaux. En 1905, les premiers périodiques consacrés au mariage font leur apparition. Ainsi, dans l’édition du Journal de mariage du 28 (15) juillet 1907, un certain Monsieur Borissov publie cette annonce : « Je suis un démocrate. Je suis las de me battre seul contre l’injustice et le mal et veux trouver une femme qui partage ma vision de la vie pour être mon amie et ma compagne… ».
En URSS, les jeunes se rencontrent principalement grâce à leurs amis ou sur la piste de danse. Il y avait toutefois des histoires dignes d’un film romantique. Olga Bykova raconte que son grand-père Ivan tomba amoureux de sa grand-mère Lia quand il vit sa photo dans l’album d’une amie. Au dos de la photo, Ivan trouva l’adresse de la jeune femme et se mit à lui écrire, puis se rendit chez elle à Veliki Oustioug (à 756 km au nord-est de Moscou) depuis l’Autriche, où il était soldat après la Seconde Guerre mondiale.
L'Amour en URSS. Crédit : B.Manushin / RIA Novosti
Dans les grandes villes, la recherche de l’âme sœur s’est considérablement accélérée et est passée en mode « 2.0 ». Aujourd’hui, les jeunes hommes et femmes se rencontrent dans les soirées de mini-rencontres organisées spécialement.
Chaque participant d’une telle soirée rencontre entre 10 et 15 membres du sexe opposé et, à l’issue de chaque rencontre, les invités notent leurs impressions sur leurs interlocuteurs sur une « carte des sympathies » ou échangent directement leurs coordonnées. « Nous accueillons des gens très différents, des cuisiniers et étudiants aux directeurs financiers », précise Elizaveta Tarassova, directrice du projet de rendez-vous rapides 1+1.
Les soirées de mini-rencontres sont concurrencées par les applications mobiles. Badoo et Tinder sont les plus populaires en Russie.
Ioulia Ivanova, originaire d’Ekaterinbourg (à 1416 km à l’est de Moscou) a installé Tinder pour faire la connaissance d’un collègue qui lui plaisait mais avec lequel elle n’arrivait pas à nouer la conversation au travail.
Après deux semaines de recherche, Ioulia est parvenue à trouver la page du jeune homme et celui-ci lui a répondu par la réciproque. « Ensuite, j’ai supprimé Tinder et poursuivi le contact dans la réalité », raconte la jeune femme.
Il faut préciser que la popularité mondiale de Tinder le rend particulièrement attractif aux yeux des jeunes femmes russes qui souhaitent rencontrer des étrangers.
Inna Khamitova, psychologue clinique et psychothérapeute, directrice du Centre de thérapie familiale systémique, estime que la grande popularité des applications mobiles de rencontre n’est pas une mode, mais la réalisation du besoin naturel humain de trouver l’amour.
« Qu’y a-t-il de mal dans l’entremise, par exemple ? Des tas de gens ont ainsi trouvé leurs compagnons à l’époque. Si l’application mobile peut servir le même objectif, c’est une bonne idée », souligne Inna.
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