Cette pension a été mise en place exclusivement pour les filles de militaires. Elle accueille avant tout les filles issues de familles de Héros de Russie et de militaires ayant plus de 20 années de service ou tués en accomplissant leur devoir militaire. Tous les ans, 120 fillettes de 11 ans y sont admises, mais le nombre de candidates atteint 6 à 40 par place, soit le niveau du concours d’admission dans les meilleures écoles supérieures de Russie.
Pour entrer dans cette école du ministère de la Défense, les mérites des parents ne suffisent pas : les filles doivent être en bonne santé et avoir d’excellentes notes. Les candidates subissent des tests chez un psychologue et passent des concours de mathématiques, de russe et de langue étrangère.
Ce système de sélection scrupuleux constitue le premier pas dans la formation de la personnalité des futures élèves. « Nous avons dû grandir à un rythme accéléré, ce qui nous a rendu fortes et motivées », raconte Vika Melnikova, diplômée de cette école.
« La pension, c’est la vie réelle en modèle réduit. Il arrive qu’on se heurte à des difficultés, il arrive qu’on pleure, mais en fin de compte tout se remplit de sens », poursuit Vika.
Les 840 élèves de la pension sont logées et nourries à Moscou aux frais de l’Etat et ne rentrent chez elles que pour les vacances. Elles font leurs études d’après un programme approuvé non par le ministère de l’Education nationale, mais par celui de la Défense. Avec cela, les filles se voient enseigner non pas des disciplines militaires, mais celles des meilleures écoles privées.
« Nous pouvions choisir n’importe quel sport : la natation, l’équitation, le patinage artistique, la lutte libre et l’escrime, dit une autre diplômée de l'école, Sacha Bened. Nous pouvions aller dans des ateliers d’artistes. Nous apprenions à jouer d’un instrument de musique. La pension dispose de son groupe de percussionnistes qui participe tous les ans au festival de musique militaire Tour Spasskaïa sur la place Rouge ».
A la fin des études, certaines perpétuent la tradition familiale et deviennent médecins ou interprètes militaires, alors que d’autres optent pour des professions purement civiles. Le niveau de formation permet à toutes les jeunes filles de s’inscrire à l’école supérieure de leur choix. Ainsi, Sacha est entrée à la faculté des finances et des crédits de l’Université sociale d’Etat de Russie (RGSU). En outre, elle a fait parallèlement des études dans un collège artistique et travaille aujourd’hui comme spécialiste de la décoration et du design.
Tous les ans, la pension dépêche plusieurs élèves à l’étranger pour continuer leur formation, assumant le coût des études et du logement. Dans le cadre de ce programme, Vika Melnikova a fait pendant un an des études en Grande-Bretagne, au Bath College, avant de partir étudier les affaires aux Etats-Unis.
Selon les jeunes filles, l’emploi du temps est assez chargé, tant en semaine qu’en week-end, et elles ne rentrent que le soir dans leurs chambres doubles. « Notre journée commençait toujours par quelques mouvement de gymnastique et un petit déjeuner copieux. Puis nous allions aux cours principaux suivis de cours supplémentaires. Nous avions du temps libre après le dîner et les jours de congés. A 23h00, on allait se coucher », se souvient Sacha. Le week-end était toujours consacré à un programme culturel : les jeunes filles allaient au théâtre, au musée ou à un concert.
L’établissement garantit aux jeunes filles non seulement un niveau élevé de formation et l’organisation des heures de loisir, mais également des conditions de vie loin d’être militaires. Celles qui viennent d’arriver reçoivent un ordinateur portable qu’elles gardent jusqu’à la fin de leurs études.
Chacune a sa propre garde-robe. « Nous avions absolument tout : de la tenue pour les courses de ski à la robe de bal. Et nos vêtements n’étaient pas réalisés par n’importe qui, mais par les grands stylistes russes Kira Plastinina et Valentin Yudashkin », ajoute Sacha.
L’éducation physique dans la pension ne ressemble pas aux leçons de « gym » ordinaires des écoles. Le programme est élaboré sur la base des méthodes du Centre de formation des cosmonautes et comprend des exercices développant l’adresse, la rapidité, l’endurance, la souplesse et la force. En outre, des cours supplémentaires, par exemple de lutte ou de natation, sont donnés par de grands sportifs qui ont participé aux Jeux olympiques.
L’alimentation des jeunes filles est suivie de près par un diététicien, mais les enseignants leur offrent souvent de petits cadeaux sucrés pour leur remonter le moral loin de chez elles. « Je crois que chez nous les relations entre les enseignants et leurs élèves sont très différentes de celles qui règnent dans les écoles habituelles. Les enseignants de notre pension ne sont pas de simples pédagogues. Ils sont l’unique maillon nous reliant à la vie en dehors de la pension. Les mères et grands-mères nous manquaient souvent et on cherchait un soutien auprès des enseignants », explique Vika.
« Je leur suis très reconnaissante pour leur appui dans les moments difficiles, renchérit Sacha. Pour leur foi en nous quand on baissait les bras. Pour leur attitude sévère et juste quand c’était nécessaire. Ils sont devenus pour nous notre seconde famille ».
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