La crise économique, l’effondrement du rouble et les sanctions ont eu un impact négatif sur les revenus de la plupart des Russes. La plupart, mais pas tous. Le compte Instagram Rich Russian Kids (RRK) montre comment les enfants de l’élite russe surmontent la crise.
Le compte s’est fait un nom en deux mois en publiant des photos et des vidéos de la vie des enfants des entrepreneurs et des hauts fonctionnaires russes qu’ils partagent avec le créateur du projet.
« Et voici tes deux-trois mois de salaire ».
Interviewé par RBTH, le créateur du compte Rich Russian Kids a souhaité garder l’anonymat. Il a vécu l’essentiel de sa vie à l’étranger, et est lui-même issu de la « jeunesse dorée » russe. Il explique que bien souvent, il connaît très bien les personnes qui figurent sur les photos et vidéos.
« Personne n’a besoin de son mois de salaire ? ».
« Et toi, qu’as-tu fait de ton matin à Moscou ? ».
« Les Russes ont une attitude divisée à l’égard des enfants des oligarques. Ces jeunes hommes et femmes ont une autre vie que leurs pairs à l’étranger – les choses qui leur sont permises ici sont totalement impensables pour eux aux Etats-Unis et en Europe. Souvent, en Russie, la loi se plie aux intérêts des gens [influents] et pas l’inverse », explique le créateur de RRK.
Un exemple « banal » : ils peuvent décider de rouler en sens inverse. En toute impunité.
« Quand un bouchon te gêne à nouveau ».
« Chacun promène ses animaux domestiques à sa façon. Toi, par exemple, tu promènes ton chien en bas de ton vieil immeuble ».
« L’objectif est d’aider les personnes aisées à faire de nouvelles rencontres qui pourraient déboucher sur des projets d’affaires intéressants. Je montre des jeunes qui ont des ressources que n’ont pas de camarades de leur âge à Moscou et dans d’autres villes russes. Les étudiants ont toujours des tas d’idées et de projets intéressants, mais ils ont peur de solliciter des prêts auprès des investisseurs et des banques », explique le responsable du projet.
Pourtant, il n’a pu donner un exemple concret d’une collaboration réussie de ce genre.
Pour la plupart de ces « gosses de riches », participer au projet RRK leur permet de promouvoir leurs propres comptes Instagram, plutôt que nouer des relations utiles.
Certaines jeunes femmes exposées sur RRK et interrogées par RBTH ont déclaré ne pas être des « enfants riches », en précisant qu’elles devaient leur belle vie à leurs conjoints.
« La vie comme tu en as rêvé ».
L’une des jeunes femmes publiées sur RRK, Alexandra Malinskaïa, est née dans la famille d’un entrepreneur russe et goûte la belle vie depuis son plus jeune âge : elle voyage à travers le monde et a étudié en Europe. A 18 ans, elle termine aujourd’hui le lycée et se prépare à entrer à l’Institut d'État des relations internationales de Moscou.
Quand elle est en retard à l’école, elle sillonne les bouchons de Moscou avec son chauffeur personnel et les gyrophares. Elle vit un peu plus de six mois en Russie et passe les rudes hivers russes à l’étranger. Une fois par mois, elle s’échappe obligatoirement dans une station balnéaire ou au ski.
« Es-tu prêt à entendre un « non » ? ».
La vie d’un autre protagoniste de RRK, Alexandre, 19 ans, est selon sa remarque ironique « ennuyeuse et banale ». Sur ses photos, on aperçoit des yachts, des avions et de belles voitures. Il a passé le gros de sa vie à l’étranger et a étudié en Italie et en France. Au final, il a eu le mal du pays, ses amis lui manquaient : il est donc revenu en Russie et s’est inscrit à la faculté de l’administration publique.
« Pendant que tu laboures ton potager à la datcha, nous nous promenons en bateau ».
Daniil, lui, préfère publier des selfies avec des gens influents liés à ses amis ou à sa famille. Voici, par exemple, une photo avec Vladimir Poutine.
« Une soirée avec des amis proches ».
« Tonton Sergueï et moi vous passons le bonjour ».
Il dit qu’il vit modestement à Moscou et évite d’exposer sa richesse. « Je suis étudiant à la faculté de gestion à l’Université d’État de Moscou, et les autres étudiants que je fréquente disent souvent que je suis pistonné. Ils envient ma situation et estiment que tout me vient facilement. Pourtant, contrairement à eux, je travaille déjà à 19 ans, et me prépare à suivre une deuxième formation supérieure », nous raconte le jeune homme.
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