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Selon le dernier grand recensement de la population de Russie, mené en 2010, un total de 44 640 représentants de cette ethnie vivaient alors dans le pays.
La majeure partie d’entre eux réside dans la toundra, se déplaçant sur de vastes zones de la côte de l'océan Arctique, de la péninsule de Kola à celle de Taïmyr. Comme leurs ancêtres, ils se vêtissent de peaux d'animaux, mènent une vie nomade, suivant leurs troupeaux de rennes, et quand ils s'arrêtent, ils montent des huttes où les peaux sont là aussi le principal isolant.
Au centre du tchoum (le nom porté par leur hutte traditionnelle) se trouve un poêle. L’allumer est un devoir exclusivement féminin, que les jeunes filles apprennent dès leur plus jeune âge.
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« L'espace d'entrée du tchoum est la partie féminine. Les femmes manient le feu de façon étonnante. Même les petites filles parviennent avec leurs doigts à manipuler avec habileté ces bouts de charbon, à allumer le feu et à le faire prendre. Les femmes utilisent différents combustibles, de la mousse noire au bouleau nain », déclare Andreï Golovnev, ethnographe et auteur d'un documentaire sur la vie des Nénètses.
Dans le tchoum, les hommes se reposent la plupart du temps, et uniquement dans leur moitié de la hutte, où, comme le croient les Nénètses, vivent les esprits. La division de l’habitat entre les hommes et les femmes est si stricte que si une femme a accidentellement enjambé un objet masculin, il est nécessaire d'effectuer un rite de purification par la fumée. Dans une coupelle de charbon, on place des lambeaux de peau de castor et on passe l’objet en question dans la fumée qui s’en dégage. C'est seulement ainsi que la femme nénètse peut compenser ce délit.
Les Nénètses ont une relation très démocratique avec leurs divinités. Pour eux, les hommes et ces dernières se trouvent sur un même plan d’égalité, et ils n’hésitent donc pas à plaisanter avec elles.
Bien que cette ethnie ne soit pas étrangère à la civilisation et que beaucoup d'entre eux possèdent des téléphones portables et même des motoneiges, les Nénètses ont préservé le mode de vie de leurs ancêtres jusqu'à aujourd'hui. L'élevage de rennes et la pêche restent ainsi leurs activités principales.
Dans le monde, on dénombre environ 150 000 Esquimaux, mais sur le territoire de la Russie, les personnes de cette ethnie ne sont que 1 738. Ils vivent sur le littoral de la Tchoukotka (extrême Nord-Est du pays), chassent le morse et rendent librement visite à leurs parents aux États-Unis.
Les Esquimaux vivant en Russie sont appelés Esquimaux de Sibérie ou d'Asie. Ce sont des parents proches des Esquimaux qui vivent aux États-Unis.
« L'île Saint-Laurent (Alaska, États-Unis) est située à 60 km de la péninsule de Tchoukotka. Ils [les Esquimaux américains et russes] sont des parents l'un de l'autre. Avant la guerre froide, jusqu'en 1948, ils avaient des contacts très étroits. Des archéologues ont trouvé des bouteilles de whisky américain dans de vieilles colonies esquimaudes. Avant l'établissement de la puissance soviétique dans les années 20 et 30 du XXe siècle, si les Esquimaux asiatiques parlaient une langue européenne, ce n'était pas le russe, mais l'anglais », relate Dmitri Oparine, ethnologue et professeur à l'Université d'État de Moscou.
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Pendant longtemps, les Esquimaux vivant en Tchoukotka ont en effet été isolés de l'influence russe. « L'influence russe en Tchoukotka n'est devenue visible qu'avec l'avènement du pouvoir soviétique dans les années 1930. Avant la Révolution, il y avait une influence américaine [perceptible]. Les esquimaux adultes parlaient anglais et travaillaient sur des navires baleiniers américains. Beaucoup d'entre eux passaient souvent du temps dans des villes de la côte ouest des États-Unis et avaient des produits occidentaux : alcool, chewing-gums, armes, vêtements et bijoux », précise-t-il.
La chasse des animaux marins est la principale activité traditionnelle de ce peuple. Les Esquimaux se rassemblent en groupes de trois à douze chasseurs et traquent ensemble.
« Ils n'ont pas cessé de chasser. Dans les villages, il existe des brigades de chasseurs qui chassent les morses, les baleines, les phoques, et les renards. Ce sont d'excellents et habiles chasseurs. Ces compétences sont transmises de génération en génération », avance Oparine.
Beaucoup pensent que les Esquimaux vivent dans des igloos, mais les Esquimaux modernes en Russie vivent surtout dans des villages, dans des izbas ordinaires. Cependant, ils continuent à professer leur foi en les esprits ancestraux et à pratiquer le chamanisme.
Fait intéressant : les natifs de Tchoukotka n'ont pas besoin de visa américain pour se rendre en Alaska. Un accord spécial entre les États-Unis et la Russie prévoit un régime d'exemption de visa pour les peuples autochtones qui vivent des deux côtés de la frontière.
Le long du fleuve Amour et de ses affluents, dans la région de Khabarovsk (Extrême-Orient), vit un petit peuple indigène, les Nanaïs.
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Selon la légende de cette ethnie, les Nanaïs descendraient du tigre de l’Amour et de la fille du premier couple d’humains sur Terre. Il existe aussi une version selon laquelle les Nanaïs seraient venus en Russie depuis la Chine, mais les experts assurent que l'ethnogenèse de ce peuple est plus compliquée.
Les Nanaïs adorent la divinité du Soleil et la prient avant l'aube. De plus, ils croient aux esprits de leurs ancêtres. Les hommes sont des chasseurs et pêcheurs, tandis que les femmes sont des artisanes : elles travaillent la peau de poissons et brodent.
Le peuple nanaï vit en étroit contact avec la nature, et sa foi dans les esprits est très forte.
« Avant d'abattre un arbre, le chef de la famille s'approche de lui, se tient longtemps devant, s'adresse mentalement à l'esprit de cet arbre : "Je te ferai du mal, mais tu vivras dans une autre hypostase. Je vais construire un bateau pour transporter ma famille. Pardonne-moi, mais j'ai vraiment besoin que tu me laisses t’abattre". Et puis il écoute, [à la recherche] de signes. Si un oiseau chante, c’est bon signe. Cela signifie que l'arbre a donné son accord », illustre Evdokia Gaïer, docteur en histoire et représentante du peuple nanaï.
Les filles nanaï peuvent être promise à un mari dès leur petite enfance, à six ans ou même plus tôt. « Si vous mettez au monde une fille, et que votre voisin ou ami a un fils, les parents s'accordent déjà sur le fait que lorsqu'ils seront grands, ils seront mari et femme », affirme Gaïer.
À l'approche du jour du mariage, la fiancée est vêtue d'une robe de soie, dont le tissu est apporté de la Chine voisine, où les Nanaïs ont des parents qui se sont retrouvés dans cet autre pays après la démarcation de la frontière russo-chinoise le long du fleuve Amour.
Comme les populations indigènes de Tchoukotka, les petits peuples vivant dans les zones frontalières de la Chine ont le droit de passer la frontière au point de passage sans visa, avec une simple autorisation. Ils ont pour cela néanmoins besoin d’une invitation d’une partie chinoise.
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