Le portrait des Russes prédominant dans les séries et films occidentaux est généralement celui de méchants, criminels ou espions. Cela sous-entend donc qu’en côtoyer serait une mauvaise idée, si ce n’est même une menace pour votre vie. Pourtant, pour les nombreux expatriés ayant travaillé plusieurs années dans le pays et continuant d’y résider, ces conceptions peuvent paraître étranges. Pour eux, il existe une poignée d’astuces à connaître afin d’être sûr de s’intégrer sans problème dans l’environnement professionnel russe.
En rejoignant une nouvelle équipe, et notamment dans un pays étranger, il faut essayer de faire bonne impression et de paraître confiant. En Russie, c’est particulièrement le cas, explique Francesca Loche, professeur à l’École des hautes études en sciences économiques de Moscou et originaire de Cagliari, en Italie.
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« J’ai travaillé à des endroits [en Russie] où mon expertise ne correspondait pas réellement à ce que l’on cherchait, mais on m’a quand même donné une chance. C’est ce que j’aime vraiment. En Russie, tout est possible, personne ne vous dit +non+ sans examen approfondi », confie-t-elle à Russia Beyond.
En Russie, construire de bonnes relations avec ses supérieurs et collègues est très important, assure à Russia Beyond Kendrick White, fondateur et directeur général de la société de conseil en investissement spécialisé dans ce pays Marchmont Capital Partners, qui y vit depuis maintenant plus de 25 ans. « En comparaison avec les États-Unis, où l’on ne voit pas énormément d’interactions sociales rapprochées parmi les collègues de travail, en Russie c’est très important en tant que mécanisme pour renforcer la confiance », a-t-il précisé.
Cela s’applique notamment aux relations entre les entrepreneurs et leurs partenaires, et à ceux évoluant dans des entreprises publiques, notamment entre les gestionnaires, note White. « La culture du travail dans les corporations internationales suit généralement ses propres règles, mais dans les autres secteurs, les liens sociaux sont considérés comme très importants. Là-bas, on doit faire en sorte que chaque individu sente qu’il fait partie de l’équipe et qu’il a une connaissance unique et cruciale pour l’entreprise (que ce soit une société publique ou privée), ajoute-t-il. Il se peut que vous ayez à acheter occasionnellement des cadeaux ou à vous rendre au bania afin d’établir une connexion rapprochée avec vos collègues et vous assurer d’être vu comme un membre fiable de l’équipe ».
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Les Russes sont très ouverts envers les étrangers, notamment à l’égard de ceux parlant leur langue et ayant traversé le monde pour venir partager leurs compétences avec eux. La langue est un facteur important pense White. « Bien qu’il y ait beaucoup de Russes à connaître l’anglais, à un moment ou à un autre vous croiserez inévitablement des collègues dans votre entreprise qui ne le maîtrisent pas et vous passerez alors à côté de l’opportunité de construire une relation avec eux [si vous ne connaissez pas le russe], ce qui est important, assure-t-il. C’est pourquoi avoir au moins quelques notions de russe peut s’avérer très utile. »
Une autre chose que vous êtes susceptible de rencontrer est la certaine distance que les managers entretiennent vis-à-vis de leurs employés. Hugh McEnamey, enseignant, doubleur de film et auteur venu d’Irlande, vit avec sa famille à Moscou et travaille dans deux écoles locales. Il affirme qu’il est surpris quotidiennement par sa hiérarchie.
« Pour avoir un rendez-vous avec les directeurs ou même leur contribution directe aux cours et au progrès général de l’enseignant est un calvaire et un véritable déroulage de tapis rouge. Je me rappelle avoir travaillé il y a longtemps, dans les années 1980, dans les supermarchés et banques en Irlande lorsque le processus était similaire et que de nombreux managers ne faisait +qu’entrouvrir la porte+ », avance-t-il.
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Dans l’école anglaise où McEnamey enseigne à Moscou, la hiérarchie est moins visible. Comme dans beaucoup d’organes de presse et compagnies évoluant dans le secteur des technologies de l’information, on y trouve une structure ouverte permettant un accès direct et simple vers les chefs de département. Toutefois d’autres expatriés soutiennent que des frontières et un certain conservatisme existent encore dans la culture de bureau en Russie.
Ajay Kamalakaran, journaliste indien ayant travaillé pour un média russe et auteur du livre Voyager pour l’amour et Autres histoires de l’île de Sakhaline, s’accorde lui aussi sur le fait que les gestionnaires russes ont tendance à être extrêmement professionnels et à garder une certaine distance. « Même s’ils sont polis et courtois, ils maintiennent les questions personnelles à un strict minimum. Personnellement j’aime les limites qu’ils dessinent », témoigne-t-il.
« Les managers russes sont justes, versatiles et directs, confie Breffny Morgan, une autre professionnelle venue d’Irlande, travaillant pour la banque russe Sberbank en tant que rédactrice de documents. Le conservatisme est admiré et par cela j’entends le respect des institutions, de la tradition et des procédures établies ».
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L’une des conséquences de la nature hiérarchique de nombreuses compagnies russes est que vous devrez vous préparer à laisser votre boss s’attribuer tout le mérite de votre travail, souligne White. « Ici, le système n’est pas très horizontal, il est plutôt vertical, alors habituellement ce sont les managers qui profitent du mérite du travail de leurs employés, précise-t-il. Cependant ils apprécieront les résultats que vous aurez atteints et vous évalueront comme un membre actif de l’équipe ».
La vie dans les grandes villes de Russie telles que Moscou et Saint-Pétersbourg est bien remplie et les expatriés s’y installant le prouvent. « À Moscou, les gens travaillent dur et presque sans pauses, témoigne Loche. Regardant avec dédain ceux qui ont du temps libre : on ne devrait pas en avoir ou on devrait le remplir avec une quelconque activité ».
Toutefois, cela ne veut pas nécessairement dire que tous les patrons sont exigeants. Certains sont assez compréhensifs et ne s’attendent pas à ce que vous travailliez de l’aube au crépuscule, affirme Kamalakaran en se basant sur son expérience.
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« J’ai vraiment eu de la chance d’avoir des patrons russes qui n’étaient pas trop exigeants. Je pense que cela découle du fait qu’il y a une compétition bien plus accrue dans des lieux comme les États-Unis et l’Inde. Les managers russes pour lesquels j’ai travaillé ont prêté serment au principe d’équilibre travail-vie et m’ont en réalité dit de ne pas travailler aussi dur, confie-t-il. Ça a toujours été un choc pour quelqu’un comme moi qui est habitué aux patrons japonais, indiens ou américains, qui n’expriment jamais le moindre degré de satisfaction, quelles que soient mes performances ».
Ce qui est valorisé, ce sont les résultats, insiste Kamalakaran, notant que les performances doivent parler d’elles-mêmes. « Pour simplifier, promettez moins et faites plus. Essayez de fournir plus que ce qui est attendu de vous et voyez l’impact sur vos relations professionnelles et vos perspectives de carrière », recommande-t-il.
Morgan rejoint d’ailleurs cet avis. « Comme partout, travailler dur est récompensé, et tout dépend de vos résultats », conclut-elle.
Pour en savoir plus sur la mentalité des Russes au travail, voici notre article sur leur comportement vis-à-vis des délais à respecter.
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