Sviatki est la période qui va de la veille de Noël orthodoxe (7 janvier) à la Théophanie (19 janvier, Epiphanie chez les catholiques). Traditionnellement, les Russes de tout le pays passaient ces deux semaines à faire des choses folles, à oublier le travail et à faire la fête. Mais pourquoi?
De nombreuses cultures considèrent le solstice d'hiver comme le début de la nouvelle année astronomique. À partir de ce moment, les jours deviennent plus longs et les anciens croyaient que cela représentait la naissance de la nouvelle année. À leur tour, ils pensaient que le destin pour l'année à venir était défini à cette époque. C'est pourquoi Sviatki était traité avec une telle importance.
Les Russes se régalaient jusqu'à l’excès pendant cette période, dans l'espoir que les 12 prochains mois seraient fructueux. Pour les paysans russes qui travaillaient dans les champs tout au long de l'année, les célébrations étaient une pause précieuse.
Le nom Sviatki vient du mot sviatoï («Saint»), mais ironiquement c'était la période la plus impie et païenne de l'année. Les Russes croyaient que la période entre la naissance et le baptême du Christ était «une période sans Croix».
« Dieu se réjouit après la naissance de son fils, ouvrit toutes les portes et laissa les démons sortir pour jouer », raconte la légende folklorique. Le travail était interdit au cours de Sviatki, en particulier pour les jeunes - ils étaient occupés à jouer le rôle de lutins et d’esprits. Pour ce faire, les petits gars (et certaines braves filles) mettaient des masques effrayants et demandaient des friandises partout dans le village.
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Les « démons » portaient de vieux chiffons, de fausses barbes, des chapeaux en cuir pointu et criaient bruyamment, jouant des instruments simples et effrayant les villageois. Mais il fallait les accueillir et offrir des friandises ou l'année serait malchanceuse, un peu comme Halloween. En Russie toutefois, même si on donnait des friandises, des tours étaient joués dans tous les cas, généralement plus tard dans la nuit après que les gens étaient au lit.
Pendant Sviatki, on croyait que les morts vous rendaient visite. À la veille de grands festins comme Noël, le Nouvel an, et la Théophanie, les villageois n’enlevaient pas la nourriture de la table, considérant qu’ainsi leurs ancêtres défunts auraient quelque chose à manger également. En outre, le fait de jouer des funérailles était également très populaire dans la plupart des villages. Voici comment ça se passait :
Un garçon vêtu d'un linceul et arborant de fausses dents faites à partir d'un navet et avec de la farine sur le visage (il ressemblait alors à un homme mort) était attaché à un banc. Un faux prêtre avec un encensoir d'argile rempli d'un mélange fumant de mousse et de fumier tenait un service funéraire simulé avec des « prières » (constituées de jurons). Pour la « cérémonie de réveil », tout le monde obtenait une tranche de fumier séché. Ce rite fou symbolisait les funérailles de l'année écoulée.
Le problème était que très peu de gens étaient disposés à accueillir une cérémonie aussi bizarre, voire dégoûtante, dans leur maison, de sorte que les jeunes cherchaient une vieille izba (maison en bois traditionnelle). Ils jouaient généralement à toutes sortes de jeux dans ces maisons où ils pouvaient courir à leur guise. Dans un jeu joué pendant Sviatki, les filles jouaient le rôle de juments, tandis que les garçons les examinaient et en choisissaient une; ils embrassaient alors leur jument et la plaçaient sur leurs genoux. Dans un autre jeu, un gars agissait comme un taureau, portant un pot d'argile avec de vraies cornes et donnait des coups de cornes aux filles sous la taille, jusqu'à ce qu'un autre gars « tue » le taureau en brisant le pot.
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En outre, des jeux comme le « mariage » ou le « barine (noble) choisit une mariée » avait une connotation érotique et impliquaient d’attraper et de palper les filles - ce comportement était autorisé seulement pendant Sviatki, souvent sous l'œil vigilant des adultes pour s'assurer que les choses n’aillent pas trop loin. Parfois, les gars du village voisin tentaient leur chance pour venir séduire les filles, mais s’ils n’apportaient pas assez de vodka pour adoucir les habitants, alors des bagarres s'ensuivaient habituellement.
Les filles avaient leur propre passe-temps – lire la bonne aventure. Condamné par l'église, le contact avec l’au-delà n’était autorisé que pendant Sviatki. Le but de tous les récits de fortune était de deviner qui serait leur marié. La divination était pratiquée à la croisée des chemins, dans les maisons de bain, près des rivières - n'importe où les esprits avaient la réputation de s’attarder.
La nuit, les filles arrivaient dans une maison de bain. Si elles étaient touchées par une patte poilue leur futur mari serait riche, mais si elles étaient caressées par de la peau nue, leur mari serait pauvre. Imaginez le nombre de farce jouées par les garçons cachés dans un sauna!
À minuit, les filles s'aventuraient sur le carrefour et écoutaient - si une chanson ou un rire était entendu, leur vie de famille serait heureuse; s’il n’y avait aucun bruit, alors une vie de tristesse les attendait.
Une fille pouvait aussi aller à la rivière et regarder dans un trou de glace sous le clair de lune : il y avait une chance que le diable se montre sous l'apparence de son futur mari. Il était important de prendre un crucifix ou un couteau en faisant cela pour tenir à distance les mauvais esprits.
Les jeunes gens faisaient souvent des farces à leurs voisins en rentrant à la maison après ces réunions festives qui se terminaient généralement après minuit.
Ces « lutins » se faufilaient dans izbas pour renverser les barils avec de la pâte ou de l'eau; ils frottaient les passants avec de la suie; ils réveillaient les gens en frappant à leurs portes; frottaient du fumier sur la tête des gens quand ces derniers regardaient par la fenêtre pour vérifier ce qui se passait; ils volaient des objets… La liste est longue, de nombreuses farces cocasses pouvant être jouées dans un village hivernal endormi.
Parfois, ces plaisanteries pratiques pouvaient s'avérer assez coûteuses: les cheminées pouvaient être bouchées avec du fumier et les traîneaux ou les chariots devaient être remorqués des forêts où ils avaient été cachés. Mais les adultes faisaient généralement preuve de compréhension : après tout, ils avaient eux aussi été des enfants !
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