Le représentant de la Russie aux Nations unies, Vitali Tchourkine, lors d'un point de presse.
Getty ImagesVitali Tchourkine, représentant de la Russie aux Nations unies depuis de nombreuses années, s’est éteint le 20 février à New York, victime d’une crise cardiaque. Des condoléances ont été formulées par de nombreuses personnalités russes, mais également par ses collègues diplomates du monde entier.
Ainsi, Samantha Power, ex-représentante américaine à l’Onu, a notamment écrit : « Maestro de la diplomatie et homme profondément attentionné qui a fait tout son possible pour niveler les différences entre les États-Unis et la Russie ». L’ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’Onu, Matthew Rycroft, a qualifié Vitali Tchourkine de « géant diplomatique et d’homme merveilleux ». Pourtant, les bonnes relations personnelles du diplomate russe avec ses homologues occidentaux n’avait rien d’évidentes dans la salle du Conseil de sécurité : défendant bec et ongles la position de Moscou, Vitali Tchourkine savait rester ferme et faire des déclarations éclatantes.
Après le début de la guerre civile en Syrie, Vitali Tchourkine a dû faire face à de vives critiques de ses collègues. En octobre dernier, Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’Onu, a cité pour décrire la situation à Alep (les pays occidentaux rendant la Russie responsable de cette dernière) des vers du grand poète Robert Burns. La réaction de Vitali Tchourkine fut immédiate : « Si on avait besoin de sermons, on serait allé à l’église, si on voulait entendre des vers, on serait allé au théâtre. De la part de responsables du secrétariat des Nations unies, on s’attend à une analyse objective de la situation. Vous n’y êtes pas arrivé ».
Vitali Tchourkine ne manquait pas de rappeler à ses collègues occidentaux qu’ils manquaient d’objectivité en accusant la Russie de la mort de civils en Syrie, alors qu’aux yeux de Moscou, cette responsabilité en incombe en réalité à l’Occident. En octobre 2016, il a notamment souligné que la coalition internationale avait porté des frappes contre les civils. « Par conséquent, chers collègues, nombreux sont ceux qui devront laver leurs péchés tant sur la Syrie, que sur l’Irak et sur d’autres dossiers dont nous avons tous connaissance », a-t-il alors martelé.
Comme les autres représentants russes, Vitali Tchourkine partait du fait que la Crimée – dont la majorité écrasante de la population a voté au cours du référendum du 16 mars 2014 en faveur du rattachement à la Russie – est une partie intégrante du pays. Répondant en février dernier aux appels des représentants britannique et américain à restituer la péninsule à l’Ukraine, il a indiqué : « Il existe dans la Constitution américaine des mots merveilleux : Nous, le Peuple des États-Unis. Le peuple de la Crimée a clairement exprimé sa volonté au référendum. 93% des habitants ont voté pour le retour dans le giron de la Russie ». Il a proposé au représentant britannique de « restituer les Malouines, Gibraltar » et d’autres territoires avant de faire la leçon à Moscou.
Outre la Syrie, le Conseil de sécurité accordait également une attention soutenue à la situation en Ukraine. En avril 2014, évoquant le changement de pouvoir en Ukraine (le président Viktor Ianoukovitch ayant été renversé à l’issue d’un coup d’État, ndlr), Vitali Tchourkine a fait une déclaration pleine d’ironie au sujet de l’optimisme des représentants occidentaux :« Certains de nos collègues occidentaux sont tentés de croire qu’un coup de force armé – de préférence armé – mènera inévitablement au pouvoir les démocrates. Inévitablement, c’est Thomas Jefferson qui doit se placer à leur tête ».
En 2014, la journaliste américaine de CNN Christiane Amanpour a accusé Vitali Tchourkine de lui avoir refusé une interview. Selon elle, le diplomate refusait de sortir de sa « zone de confort » et ne voulait pas avoir à répondre à des questions désagréables. Le diplomate russe lui répondit dans une lettre ouverte : « J’ai fait un discours à la Cathédrale nationale de Washington en 1983, quinze jours après qu’un avion sud-coréen eut été abattu (par erreur par un chasseur soviétique) et en mai 1986, j’ai fait des dépositions au Congrès à la suite de l’accident à centrale de Tchernobyl. Je peux expliquer à n’importe qui ce signifie sortir de sa zone de confort ».
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.