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Lorsque les premiers dirigeants soviétiques sont arrivés au pouvoir, ils ont diffusé des slogans tels que « La terre aux Paysans ! Les moulins et usines aux Travailleurs ! » et ont promis qu'il n'y aurait plus de transactions monétaire sous le communisme. Cependant, des gens comme Lénine et Staline ont joui d’un certain niveau de richesse personnelle. Voyons donc si les dirigeants d’URSS ont réellement individuellement mis en pratique ce qu'ils prêchaient.
Avant la Révolution
Bien que le père de Vladimir Lénine, Ilia Oulianov (1831-1886), soit né dans une famille de tailleur, il a étudié et travaillé dur et en 1877 a, à l'âge de 46 ans, obtenu le rang civil de conseiller d'État actif et le droit à la noblesse héréditaire. Vladimir avait sept ans à l'époque et le futur dirigeant communiste est donc de facto devenu le fils d'un noble.
Les parents de Lénine: Ilia Oulianov et Maria Oulianova
B.R. Bik; SputnikLa famille de Vladimir dépendait considérablement des revenus qu'elle tirait des terres en sa possession, tirant profit du labeur des paysans y résidant. Ils avaient en effet hérité de certaines terres d'Alexandre Blank, le grand-père maternel de Lénine, lui aussi noble. Ces domaines permettaient aux Oulianov de gagner jusqu'à 2 500 roubles par an.
En grandissant et en s'instruisant, Vladimir a commencé à enseigner et à traduire en tant qu’indépendant. En 1899, il a écrit un livre intitulé Le développement du capitalisme en Russie, qui a été publié à 2 400 exemplaires. Il a pour cela reçu 250 roubles, soit l'équivalent de deux salaires mensuels d'un haut fonctionnaire. De tels revenus s'ajoutaient aux sommes que la mère de Lénine lui envoyait, environ 300-500 roubles trois à quatre fois par an, pour la location du logement.
En 1916, avec la chute de l'Empire russe, le loyer a diminué, puis a complètement cessé. Vladimir Lénine et sa femme Nadejda Kroupskaïa vivaient très modestement, avec l'aide occasionnelle de versements de communistes étrangers.
Après la Révolution
En décembre 1917, Lénine s'est attribué un salaire de 500 roubles en tant que secrétaire du Conseil des commissaires du peuple (Sovnarkom), le premier gouvernement de la Russie soviétique. En mars 1918, il a été élevé à 800 roubles. Ce n'était de loin pas le salaire le plus conséquent du Sovnarkom – certains des commissaires (ministres) touchaient jusqu'à 2 000 roubles. Mais dans les conditions post-révolutionnaires, avec des taux d'inflation qui montaient en flèche, tous ces chiffres n'avaient guère de sens. Ce qui importait, ce n’était pas le salaire de Lénine, mais le fait qu’il avait accès à un pouvoir et à des ressources illimités.
Lénine et un groupe de commandants sur la place Rouge
N. SmirnovLénine n'a passé que quelques années aux commandes de l'État. Après l'été 1922, il a été largement inactif en raison de la progression de sa maladie, et a alors été remplacé par Joseph Staline.
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Avant la Révolution
Dès l'âge de 15 ans, alors qu'il était encore écolier, Joseph Staline (alors Djougachvili) est entré en contact avec des groupes d'étudiants marxistes et sociaux-démocrates. En mai 1899, il a été expulsé du séminaire spirituel de Tbilissi pour ne pas s'être présenté aux examens. Cependant, il a obtenu un diplôme d'enseignant et travaillé comme tuteur pendant un certain temps. Nous ne savons pas à combien se portait son salaire, mais apparemment, cela lui permettait à peine de subvenir à ses besoins. En décembre 1899, il a ensuite rejoint l'équipe de l'Observatoire physique de Tbilissi en tant que spécialiste junior.
Photographies prises par la police. Staline avait alors 23 ans.
Domaine publicEn mars 1901, la police a toutefois perquisitionné cette institution en raison des activités révolutionnaires de Djougachvili, qui a alors réellement dû se faire discret. Depuis lors, Staline n'a fait que mener un travail révolutionnaire, organisant des réunions et des communications secrètes entre les groupes bolchéviques. Son prochain salaire, il le touchera uniquement sous le régime soviétique.
Après la Révolution
Au sein du premier gouvernement soviétique, Staline est devenu commissaire du peuple aux Nationalités. Après cela, ses revenus n’ont plus dépendu que de l’État. Plus Staline gagnait en pouvoir, plus acquérait de privilèges. Voitures privées, datchas, médecins personnels, chefs cuisiniers et femmes de ménage – tout était pris en charge.
Stepan Mikoyan (1922-2017) était un pilote et le fils d'Anastase Mikoyan (1895-1978), ministre du Commerce extérieur sous Staline et plus tard. Il a témoigné : « Jusqu'à mon mariage, je vivais dans la maison de mon père. La nourriture pour nous était gratuite. Jusqu'en 1948, la famille ne payait pas du tout pour la nourriture, nous recevions juste tout ce que nous commandions. La nourriture était apportée non seulement à l'appartement, mais aussi à la datcha, où nous vivions avec nos parents et où il y avait toujours beaucoup d'amis. La datcha, la nourriture, le service – tout était gratuit ».
Pour Staline, en tant que chef de l'État, tout était comme ça, et même mieux. Cependant, il n'approuvait pas que ses plus hauts fonctionnaires abusent de leurs positions. Comme le rappelle Stepan Mikoyan, lorsqu'en 1948, le petit Père des peuples a appris que les épouses de certains de ses ministres ne payaient pas leurs factures à l'atelier de couture du gouvernement, il s’est montré furieux. Peu après ou avant cela, les salaires de tous les fonctionnaires du Parti ont été augmentés, mais l'accès à la nourriture et aux services « gratuits » a été réduit : « Après 1948, nous ne pouvions commander de la nourriture que pour environ 8 000 par mois, tout ce qui dépassait cette somme devait être payé » (900-1 200 roubles par mois étaient néanmoins considérés comme un salaire splendide à l'époque). Ils ont cependant conservé les nourrices et les bonnes, ainsi que la possibilité de faire des achats dans des magasins spéciaux destinés aux plus hauts responsables du Parti.
L'augmentation que les ministres ont obtenue était considérable. Stepan Mikoyan a indiqué que le salaire de son père était passé de 2 000 roubles par mois à 8 000 après 1948, tandis que Staline s’était octroyé une rémunération mensuelle de 10 000 roubles. Mais, a noté Stepan, il ne s'agissait que d'« argent de poche » pour les tout puissants premiers bolcheviks, qui auraient en réalité amassé de grandes fortunes sur les cendres de l'ancien Empire pendant et après la Révolution.
Staline, bien sûr, n'a réduit aucune de ses dépenses, parce qu'il n'en avait aucune, du moins selon lui. Une plaisanterie populaire affirme qu’une fois, tandis qu’il était en Géorgie, sa terre natale, de vieux camarades révolutionnaires se seraient approchés de lui pour lui demander de l'argent. Staline aurait alors ôté son chapeau et aurait fait le tour de son équipe de sécurité, pour récolter auprès de ses membres quelques centaines de roubles pour ses compères.
En outre, Staline, comme Lénine, était un écrivain. Ses Œuvres complètes ont été publiées à plus de 500 000 exemplaires, et ce, uniquement pour la version russe. D'autres ouvrages ont aussi été publiés et traduits dans les langues des républiques soviétiques. Tout cela a permis à Joseph de recevoir d'énormes redevances.
Où est passé tout cet argent ? On ne le sait pas. Nous n'avons aucune base solide pour croire aux légendes sur le « coffre-fort » de Staline que quelqu'un aurait ouvert après son décès. Ce dont nous pouvons être sûrs, c'est qu'à sa mort il n’a rien pu emporter avec lui.
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