« Poste-frontière, en rang ! Poste-frontière, repos ! En rang au milieu ! Le personnel survivant du 12e poste est en face de vous » : c’est ainsi qu’en ce 13 juillet 1993, 11 heures après une attaque de terroristes, le lieutenant Andreï Merzlikine a accueilli des renforts arrivés avec un long retard. La division avait miraculeusement survécu au bombardement des moudjahidines.
Des militaires russes à la frontière avec le Tadjikistan se sont retrouvés à proximité de l'épicentre des opérations militaires. La guerre civile faisait rage dans le pays voisin, et la situation militaro-politique était aggravée par le renversement du régime de Najibullah dans l'Afghanistan voisin. La Russie était accusée de tous les maux ; au printemps 1993, des combattants de l'opposition tadjike, soutenus par des moudjahidines afghans, ont à plusieurs reprises tenté de traverser la frontière.
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Jusqu'à ce « mardi noir », aucune des attaques n'avait abouti. Mais le 13 juillet 1993 était destiné à devenir l’une des journées les plus sanglantes de l’histoire des troupes frontalières durant une période de paix apparente.
Selon les souvenirs de Merzlikine, la veille de l'attaque, la direction du bureau de commandement avait émis des ordres étranges qui affaiblissaient la défense. Par exemple, les soi-disant « postes secrets » ont été supprimés - des points de tir camouflés avec des sentinelles distribués tout autour du poste-frontière.
Plus tôt, les militants avaient réussi à étudier le système de sécurité de la base et à déterminer où se trouvaient toutes les positions de tir depuis les sommets des collines avoisinantes. « Nous avons tout vu, mais nous ne pouvions rien faire - les dirigeants ont dit de ne pas toucher ces personnes. De plus, des Afghans ont envoyé des négociateurs, qui ont assuré qu’ils veilleraient sur nous », a-t-il déclaré.
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Comment s’est passé le combat
L'attaque a commencé le 13 juillet 1993 à exactement 4 heures du matin. Il y avait 47 combattants et un civil sur le territoire du poste-frontière, et pas d'équipement lourd, ni de chars, ni d'artillerie. Les soldats n'avaient qu'un seul véhicule de combat d'infanterie légèrement blindé, qui a été détruit durant les toutes premières minutes par une attaque au canon. Ainsi, les hommes n’avaient entre leurs mains que des fusils mitrailleurs, un ou deux pistolets et un lance-grenades AGS-17 qui s’est grippé pendant le combat.
De leur côté, les militants avaient des mortiers, des mitrailleuses, des lance-grenades fixes, des fusils de tireurs d'élite, et tous les avantages tactiques qu’on peut souhaiter - l'élément de surprise, la position dominante et l'avantage numérique. Ce jour-là, un détachement de 250 hommes a attaqué l'armée russe.
Des hommes armés pilonnaient toutes les sorties de la caserne, de sorte que les soldats ont dû briser les fenêtres et sauter dans la direction opposée pour éviter de se faire pilonner. Un des participants à ces événements, le sergent Sergueï Evlanov, a rappelé qu’il avait pu courir avec l'un des hommes jusqu’à un point d’appui et créer un périmètre défensif. Cependant, une grenade a rapidement volé sur eux et l’onde de choc l’a projeté à l’extérieur. Par miracle, le jeune homme était encore en vie et grâce à une poussée d'adrénaline, il a pu se rendre à un abri. Il a alors remarqué qu’il présentait des blessures par éclats d'obus.
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Entre-temps, l’un des hommes a réussi à transmettre le signal de détresse au quartier général.
Quelques heures plus tard, le bombardement s’est arrêté et la bataille est entrée dans une phase prolongée avec des coups de feu sporadiques, de l’un ou l’autre côté. Les soldats du poste-frontière sont rapidement arrivés à court de munitions.
Des tentatives désespérées de passer de la tranchée au dépôt de munitions n’ont pas abouti. Le soldat du rang Dodokalonov s’est précipité vers la caserne des officiers en flammes, où sous le lit était conservée une boîte de munitions de mitrailleuse. « Quand il s’est élancé, on a tous pensé que c’était fini pour lui. Les militants pilonnaient le bâtiment de toutes parts, se rappelle Merzlikine. Plusieurs gars sont morts sous mes yeux. Et tout à coup je vois apparaître Dodik avec une boîte de deux cents cartouches. Sans lui, nous aurions certainement été... kaput. On en a distribué à tout le monde. Plus tard, quand tous sont sortis, j'ai calculé qu'il restait sept cartouches à chacun d'eux ».
Cependant, le commandant a retardé le départ, même quand il a vu que les munitions étaient épuisées – le signal SOS avait été transmis quelques heures auparavant, les renforts devaient être en chemin, pourquoi ne pas quitter le poste frontière et partir ?!
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Ce retard déboucha sur la démission retentissante du commandant des gardes-frontières russes d’alors et sur un certain nombre de remaniements et de mises à pied dans le département. Mais ce serait plus tard : à ce moment-là les gars étaient assis depuis des heures, pris au piège au milieu d’un feu nourri.
L'aide aérienne ne serait disponible que sept heures à 11 heures plus tard. Deux hélicoptères de frappe sont apparus dans le ciel et ont infligé une frappe de roquette massive sur les positions des militants tapis dans les montagnes. Cependant, les pilotes n’ont pas osé réduire l’altitude pour évacuer les hommes car quelques mois plus tôt, des militants avaient abattu dans la zone des avions volant à basse altitude au lance-grenade.
Ce n’est qu’en voyant que les hélicoptères partaient en pilonnant les positions ennemies que le commandant du poste-frontière a donné l’ordre de battre en retraite - l'apparition d'hélicoptères leur a donné l'occasion de profiter de l'agitation dans les rangs des moudjahidines.
Retraite et salut tant attendu
Les derniers des combattants encore en vie se sont dirigés vers le village voisin de Sari-Gor. Comme Merzlikine le pensait, c’était depuis cette localité que les renforts devaient se rendre dans leur direction. Malgré l'aide venue de l'air et le trouble dans les rangs des militants, ils durent toutefois fuir sous le sifflement des balles ennemies.
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Au bout d'un moment, ils sont tombés sur leurs frères d’armes venus du 13e poste, situé non loin de là. Le détachement était commandé par le lieutenant-colonel Vassili Massiouk, qui dirigeait les chars et l'artillerie lourde si longtemps attendus, afin de leur venir en aide. Cependant, l’aide n’a pas pu arriver à temps car la seule route « directe » pour le 12e avait été minée par les moudjahidines et était sous le viseur de combattants postés en altitude.
Le soir même, l’équipe de secours est retournée à l’avant-poste capturé par les extrémistes et l’a réduit en cendres avec le feu nourri de l’équipement lourd. Les hommes armés ont dû fuir dans les montagnes.
25 soldats russes ont été tués dans l'attaque des moudjahidines. Les militants ont perdu environ 70 hommes. Le lieutenant Merzlikine, qui a réussi à sortir ses hommes du feu, a reçu le titre de Héros de la Russie et a atteint le rang de major général du FSB. Il est aujourd'hui dans la réserve et conseille le président de l'Union russe des arts martiaux.
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