V. Poliakov. L’empereur Nicolas II à l’occasion de la convocation de la première Douma d’État de l’Empire russe, le 27 avril 1906, à Saint-Pétersbourg.
Getty ImagesLe tsar Nicolas II quitte la cathédrale Ouspenski suite à son couronnement
T. LizovskyNicolas II et sa famille ont mis sur pied des événements inoubliables. Le couronnement du tsar et de son épouse a été le plus onéreux de l’histoire du pays, et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le nombre de militaires présents lors de la cérémonie s’est élevé à 85 000, une armée entière, qui disposait de ses propres quartiers généraux.
Au Kremlin, une station de téléphone spéciale a été installée afin de coordonner les festivités autour du couronnement. Plus de 24 tonnes de couverts en argent et en or ont été apportées depuis Saint-Pétersbourg. La soirée avant cet événement, l’impératrice Alexandra a de son côté pu apprécier une sérénade chantée par un chœur de 1 200 personnes. C’est en outre le seul couronnement d’un empereur russe à avoir été filmé.
Nicolas II de Russie et Alexandra Fiodorovna (Alix de Hesse) en costumes russes. 1913, célébration du tricentenaire de la dynastie des Romanov
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Mais en 1913, un événement encore plus grandiose s’est tenu : le tricentenaire de la dynastie des Romanov. Cela a été organisé comme une date d’importance idéologique, et des sommes faramineuses ont été dépensées. Sur ordre du tsar, toutes les dettes civiles (taxes, frais) ont été effacées. Plus de 1,5 million de médailles commémoratives en or, argent et bronze ont été réalisées. Pour la première fois dans l’histoire russe, les portraits du tsar et de sa famille ont été reproduits sur des timbres postaux, des tasses souvenirs, des mouchoirs, etc. Plus aucun doute ne persistait donc quant à l’identité de l’organisateur de ces festivités.
Intérieurs du palais de la dynastie des Romanov, bâti en 1894 sur ordre du tsar Alexandre III. 1897
Getty ImagesLa cuisine du tsar était animée par 55 personnes. Le souverain avait trois types de menus, entre lesquels il devait choisir : « simple », « fête », « parade ». Mais pas de malentendu : même le menu « simple » comprenait « un petit déjeuner de 4 plats, un déjeuner de 5 plats et un diner de 4 plats ».
Nicolas II et sa femme Alexandra Fiodorovna à table
Getty ImagesLa table impériale était la source d’importantes dépenses (bien que celles-ci aient diminué avec le temps) : en 1901, elle a en effet coûté 71 631 roubles, en 1903, 67 112, en 1904, 47 711. À titre de comparaison, le salaire annuel d’un colonel de l’armée était d’environ 4 000 roubles, un cheval coûtait près de 100 roubles, et il fallait en compter 200 pour un bon piano. Les banquets impériaux se composaient de nourriture importée d’Europe, et même les restes des repas du tsar étaient transférés de la cuisine impériale vers des restaurants saint-pétersbourgeois pour être servis comme de fins mets.
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Nicolas II (à gauche) plaisantant avec ses amis, et notamment le prince Nicolas de Grèce (à droite).
Archives d'État de la Fédération de RussieNicolas II n’était pas un abstinent. Ses boissons favorites étaient le porto et l’eau-de-vie de prune. Dans son journal, il a ainsi noté : « Après m’être rendu dans les réfectoires des soldats, considérablement remplis de vodka, j’ai finalement atteint l’assemblée des officiers » (août 1904) ou encore, durant des exercices militaires : « Nicolacha nous a régalé d’un diner grandiose dans sa tente. J’ai goûté 6 types de porto et j’étais un peu saoul, ce qui m’a aidé à bien dormir ».
Même durant les moments les plus rudes, en 1916, le tsar n’a pas délaissé ses habitudes d’amateur de breuvages alcoolisés. Comme l’a constaté l’historien Igor Imine, rien qu’en mai et juin 2016, le tsar et sa famille ont vidé quelque 1 107 bouteilles de différents vins, ainsi que 391 bouteilles de madère (un autre favori du souverain), 174 bouteilles de cherry, 19 de porto (presque exclusivement pour l’empereur), 14 de champagne (qu’ils ne consommaient que les jours de fête), 3 de cognac et 158 de diverses vodka.
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Nicolas II et Alexandra Fiodorovna en visite auprès de la reine du Royaume-Uni et d’Irlande, Victoria (la grand-mère d’Alexandra). De gauche à droite : Alexandra Fiodorovna, la grande-duchesse Olga encore enfant, Nicolas II, la reine Victoria, Albert Edward, prince de Galles
Getty ImagesDepuis sa naissance, Nicolas II a reçu un salaire annuel de 100 000 roubles, versé depuis les fonds de l’État. Après avoir endossé le titre d’empereur, cette somme a doublé. Les 200 000 roubles rejoignaient directement son compte en banque, tandis qu’il touchait en plus 20 000 roubles par an pour les dépenses quotidiennes. Il dépassait cependant toujours cette somme, allant parfois jusqu’à 150 000 roubles par an (un général ou un ministre touchaient 6 000 – 7 000 roubles par an, tandis qu’un ouvrier à l’usine en touchait 500).
Il ne s’agissait toutefois pas uniquement de satisfaire ses envies personnelles. Il dépensait en effet énormément pour les œuvres de charité (principalement pour la construction d’églises et de temples). Il se procurait également de splendides vêtements pour rendre visite aux cours européennes, surtout au début de son règne. Sa femme, l’impératrice Alexandra dépensait quant à elle 40 000 roubles chaque année pour des vêtements et des bijoux. Par exemple, en 1914, elle a fait l’acquisition de joyaux pour un montant de 25 000 roubles. De considérables sommes étaient également dépensées pour photographier et filmer le tsar et sa famille, ce qui est aujourd’hui un geste banal et quotidien était en effet alors un divertissement onéreux.
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Le tsar Nicolas II Romanov de Russie durant une expédition de chasse dans la Forêt de Białowieża, Empire russe, 1897
La chasse impériale a été l’un des passe-temps favoris des tsars russes depuis Ivan le Terrible. Nicolas II avait d’ailleurs une véritable passion pour cette pratique. Un département spécial du ministère de la Cour Impériale contrôlait chaque saison de chasse. Le tsar s’accompagnait alors de plus de 70 hommes, et notamment d’un peintre, dont la mission était de créer de magnifiques aquarelles pour illustrer les tables sur lesquelles étaient présentées les différentes prises.
Aquarelle présentant les résultats d’une chasse impériale, 1915
Getty ImagesLes statistiques avancent qu’entre 1884 et 1909, Nicolas et ses frères ont tué plus de 680 000 animaux durant leurs séances de chasse. Nicolas a personnellement tué 1 400 faisans. De telles chasses duraient des semaines et étaient très coûteuses, représentant une dépense annuelle de 30 000 roubles, soit le salaire annuel de 100 instituteurs réunis.
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