Mikhaïl Kireev/RIA Novosti
Le ministère russe de l’Industrie et du Commerce propose de stimuler les exportations automobiles grâce à des avantages fiscaux et à des subventions afin de compenser la chute sur le marché intérieur, indique le projet de la stratégie du développement des exportations automobiles à l’horizon 2025, publié le 15 juin sur le site du ministère.
La stratégie intègre deux scénarios. En 2016, les exportations automobiles russes s’élevaient à 2,18 milliards d’euros. Selon le scénario de base, les exportations devraient doubler d’ici 2025 pour atteindre 4,45 milliards d’euros. En termes quantitatifs, cela représentera 240 000 voitures par an (soit 10% du volume global de production automobile) et 1,45 milliard d’euros de composants automobiles. Le scénario ambitieux suppose une hausse de plus de 300% avec 7,10 milliards d’euros : jusqu’à 400 000 voitures (16%) et 2,27 milliards d’euros de composants. Pour le scénario de base, le soutien de l’État pourrait s’élever à 2,18 milliards d’euros, pour le scénario ambitieux, à 3,36 milliards d’euros.
Le programme vise à soutenir les fabricants-exportateurs de voitures installés en Russie, tant russes qu’internationaux.
Parmi les destinations prioritaires pour les groupes russes, le document cite les pays de la CEI, le Proche-Orient (l’Iran, le Liban et la Jordanie), ainsi que l’Allemagne, l’Inde, la Corée et plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique latine.
Pour les constructeurs automobiles internationaux, les priorités portent sur les pays de la CEI, l’Iran, le Liban, ainsi que la Turquie, l’Afrique du Sud, l’Égypte et la Tunisie.
La nouvelle stratégie vise à compenser la chute survenue entre 2013 et 2016. Selon les chiffres cités dans le document, le marché automobile russe s’élevait à 1,5 million d’unités en 2016, soit deux fois moins que le niveau record de 2012. Les exportations des voitures finies se sont contractées de 32% depuis 2013, passant de 2 milliards à 1,36 milliard.
La stratégie ne prévoit pas de mesures radicalement nouvelles, estime Evgueni Ieskov, rédacteur en chef du portail spécialisé AutoBusinessReview. « Globalement, cela permettra sans doute d’accroître les exportations, mais je doute que cela suffise pour compenser entièrement les volumes perdus par le marché russe », indique-t-il.
Cela permettra de maintenir à flot les constructeurs automobiles russes, mais ne suffira pas pour améliorer sensiblement la situation, confirme Anna Bodrova, analyste sénior de la société de courtage Alpari. « Il n’y a rien à tirer du pouvoir d’achat très bas du Russe moyen. Ces indicateurs sont en baisse depuis 29 mois d’affilée, c’est pourquoi le ministère veut exporter la production », explique-t-elle.
Le ministère de l’Industrie et du Commerce propose de conclure des accords à long terme avec des groupes automobiles internationaux pour qu’ils localisent en Russie de grandes usines d’une capacité de 80 000 à 100 000 voitures par an pour une durée de 7 à 10 ans. Ces accords permettront d’assurer une charge basique pour ensuite y localiser la production de composants.
Actuellement, les marques internationales comme Toyota, Nissan, Ford, Renault, Mazda, Hyundai, notamment, ont des capacités de production en Russie. Selon le ministère de l’Industrie et du Commerce, les constructeurs internationaux qui pratiquent l’assemblage industriel représentent 45% de la production en termes monétaires.
Les pays de la CEI et le Proche-Orient sont les principaux marchés d’exportation. Ainsi, les voitures Hyundai fabriquées en Russie sont exportées dans les pays de la CEI, en Géorgie, Tunisie, Algérie et au Liban.
Depuis février 2016, Renault Russie exporte des automobiles de fabrication russe sur le marché du Vietnam. Y sont ainsi acheminés des modèles, construits entièrement localement, de séries telles que Logan, Sandero, Sandero Stepway, Duster et Kaptur.
« La Renault Kaptur possède un grand potentiel d'exportation : c'est le premier modèle de l'histoire de Renault dont toutes les étapes de construction, de la conception à la mise en convoi, sont effectuées avec le concours d'experts russes », a commenté le service de presse du groupe, interrogé par RBTH. Ce véhicule est effectivement « made in Russia », sa carrosserie est produite à partir d'acier russe, les éléments d'intérieur et les outils de commande, y compris le moteur, sont également de fabrication russe. La première production globale de ce modèle de Renault a commencé en avril 2016 dans une usine de la compagnie à Moscou, qui est d'ailleurs devenue « l'usine mère » pour ce modèle.
En outre, la compagnie exporte depuis la Russie des pièces de rechange et des composants automobiles. Parmi les principaux marchés d'exportation on retrouve les pays d'Amérique Latine, où sont réalisés 20% du volume total des livraisons de composants automobiles, une part équivalente est partagée entre la Roumanie et la Turquie.
Selon les informations de l’agence analytique Autostat, en 2016, Nissan a exporté 3 153 voitures de fabrication russe en Biélorussie, au Kazakhstan, en Azerbaïdjan et en Ukraine. 945 voitures Datsun ont également été exportées au Liban, en Biélorussie et au Kazakhstan.
Pour inciter les constructeurs automobiles étrangers à passer davantage de commandes aux usines russes de composants, le ministère propose également d’introduire un système d’allègements fiscaux à l’exportation, qui pourront être utilisés pour compenser les droits de douane. Ces mesures devraient permettre, d’ici 2025, d’accroître les exportations de voitures des constructeurs étrangers pour les porter à 70 000 unités selon le scénario basique et à 150 000 selon le scénario ambitieux.
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