Malgré l’amélioration du climat d’investissement, les résultats tardent à se faire sentir.
Getty ImagesDans son dernier rapport, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) évalue le flux d’investissements directs en Russie à 17,9 milliards d’euros. C’est trois fois moins qu’avant la crise en 2013 (plus de 65,2 milliards d’euros) et presque deux fois moins qu’avant la crise précédente en 2009 (34,5 milliards d’euros).
Pourquoi l’amélioration du climat des affaires n’entraîne-t-elle toujours pas un afflux d’investissement dans le pays ?
Selon l’étude intitulée Évaluation de l’environnement des affaires en Russie (Evaluation of Russia’s business environment), menée par l’Union russe des industriels et des entrepreneurs (RSPP) et l’agence FleishmanHillard Vanguard (consultée par RBTH), la part des investisseurs ayant une opinion favorable sur la dynamique de l’environnement des affaires en Russie a été multipliée par près de quatre en 2016, passant de 6% en 2015 à 23% en 2016.
Ce changement d’attitude pourrait payer dans les prochaines années. « L’évaluation positive de l’environnement des affaires en 2016 débouchera sur de vrais investissements en 2017 et en 2018 », estime Elena Fadeïeva PDG de FleishmanHillard Vanguard, l’agence qui a mené l’étude.
Cette dernière ne portait pas tant sur les investissements réalisés que sur les sentiments des investisseurs, souligne-t-elle. Il faut que la politique d’investissement menée par le gouvernement puisse utiliser cette réserve de sentiments positifs en s’adaptant avec souplesse à la situation économique et aux défis mondiaux, ajoute Fadeïeva.Malgré un état d’esprit positif, les entrepreneurs étrangers pointent toujours des problèmes dans l’environnement juridique russe en y incluant les importantes barrières administratives (47% des sondés), le manque de personnel qualifié (47%) et l’inflation (45%). Un rôle significatif, bien que moins important, y est joué par la corruption dans les instances du pouvoir (35%) et la protection insuffisante des droits de propriété et des droits contractuels (29%), précise l’étude.
Les chiffres de l’étude menée par RSPP et FleishmanHillard Vanguard ne sont pas le seul indicateur de l’amélioration du climat d’investissement en Russie. Au cours des quatre dernières années, la Russie a gagné 52 positions dans l'indice de la facilité de faire des affaires de la Banque mondiale Doing Business : elle est passée de la 92e place en 2013 à la 40e position en 2016. Pourtant, cette amélioration sensible du climat d’investissement n’a pas permis à la Russie d’attirer des investisseurs pendant la crise économique.
Cet écart entre la montée dans l’indice Doing Business et l’afflux des investissements réels est également pointé par Dmitri Pankine, patron de la Banque eurasiatique de développement qui surveille l’activité d’investissement dans les pays de l’Union eurasiatique (UEEA – Russie, Kazakhstan, Biélorussie, Kirghizistan, Arménie).
« Il y a l’indice Doing Business et chaque pays de l’UEEA se fixe l’objectif de progresser dans ce classement. La Russie occupe actuellement la 40e place, le Kazakhstan, la 35eplace et la Biélorussie, la 37e place », explique Pankine.
Pourtant, malgré une progression dans le classement, le volume des investissements directs dans les pays de l’UEEA est en baisse ces dernières années. « En 2013, il s’élevait à 586 milliards d’euros, cette année, il est à 381 milliards d’euros », indique Pankine, pour qui cela indique que la progression dans le classement Doing Business n’est qu’une évolution formelle, alors qu’il faut « s’intéresser à la situation plus profonde dans nos économies ».
Pankine estime que la part élevée du secteur public dans les pays membres est l’un des obstacles à l’arrivée de nouveaux investissements en sein de l’UEEA. Ainsi, au Kazakhstan, cet indicateur s’établit à 60% et, en Russie, à 70%.
L’indice Doing Business ne mesure pas tout à fait ce que son titre indique, confirme Ekaterina Tofimova, PDG de l’Agence analytique des classements de crédits (ACRA). « Ce classement vise à mesurer la difficulté de l’interaction entre les entreprises et le pouvoir, plutôt que la conduite des affaires en général, et ne prend donc pas en considération la sécurité, l’état de l’économie et du système financier, etc. », explique-t-elle.
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