Les sondages d’opinion montrent que 60% des résidents des deux capitales que sont Moscou et Saint-Pétersbourg sont prêts à payer plus cher pour de la nourriture « naturelle ». Source : service de presse
Les aliments « organiques » ou « bio » sont considérés comme des produits cultivés sans utilisation d’engrais chimiques, d’additifs et sans manipulations génétiques. Ce type d’aliments a bien entendu toujours existé en Russie. Cependant, il y a encore 5 ans, il n’était encore question que des fruits et légumes des potagers des datchas privées et non pas d’importants volumes de produits commercialisés. L’agriculture de la ferme a cessé d’être populaire dans la première moitié du XXè siècle après le passage à une production industrielle. Et il y a seulement 5 ou 6 ans en Russie, des gens ont de nouveau commencé à s’intéresser à l’agriculture de ferme comme un business, à investir dans l’achat de terres et à cultiver des produits organiques et de la viande pour la vente.
Selon Boris Akimov, le fondateur du magasin d’aliments biologiques Lavka, il y a quatre ans, il devait littéralement chercher les agriculteurs avec lesquels il était possible de parvenir à un accord sur la fourniture de ce genre d’aliments. Aujourd’hui, la situation s’est améliorée : l’agriculture de ferme est en train de gagner en popularité, à Lavka on reçoit désormais des appels pour des propositions de livraison.
M. Akimov affirme que 99% des fermiers russes actuels sont d’anciens citadins qui ont quitté la ville pour créer leur propre ferme. Par exemple, Vladimir Lounyachin, de l’oblast de Penza, a reçu un prêt de 230 mille euros de Rosselkhozbank, la Banque agricole. Avec cet argent, l’entrepreneur a construit un hôtel en bordure de route, avec son propre verger de pommes et un potager, les légumes et fruits de la ferme sont vendus. Chaque mois le chiffre d’affaire de son entreprise atteint les quinze mille euros. Selon le directeur du Festival gastronomique de Moscou, Igor Goubernskii, de tels projets couronnés de succès pourraient être beaucoup plus nombreux en Russie (on en compte seulement 200 pour le moment), mais les gens ont peur de l’absence de normes et de soutien de l’État.
L’un des principaux problèmes des fermiers est le taux élevé des prêts subventionnés. Aujourd’hui, ils représentent 5 à 6%, tandis qu’en Europe, ils ne dépassent pas les 2 à 3%. Grâce à cet investissement au démarrage d’une entreprise, on peut obtenir jusqu’à 380 mille euros : un taureau aux enchères pour la reproduction coûte environ 23 mille euros, soit le même coût que l’alignement et la préparation à la plantation de dix hectares de terrain, selon le fondateur de Ferma at Home, Maxime Livsi.
Il y a aujourd’hui toutefois une grande demande de produits agricoles. Le commerce des aliments biologiques a commencé sur internet, les magasins de type Lavka et Priamo s fermy (« Directement depuis la ferme »), qui sont devenus les leaders de la branche, ont créé des sites où il est possible de commander des produits au producteur et recevoir la livraison à domicile. Aujourd’hui, des rayons de produits de la ferme se retrouvent déjà dans les réseaux des grandes épiceries. Ainsi les produits de Priamo s fermy sont présentés dans Metro Cash & Carry.
Les sondages d’opinion montrent que 60% des résidents des deux capitales que sont Moscou et Saint-Pétersbourg sont prêts à payer plus cher pour de la nourriture « naturelle ». Par exemple, un kilo de pommes de terre cultivé à l’aide d’engrais et de traitements chimiques contre la doryphore coûte un peu plus d’un euro, tandis que le prix des pommes de terre « bio », cultivées sans produits chimiques s’élève à plus de 2 euros le kilo. « Avoir un style de vie sain, c’est un peu le nouveau passe-temps des Russes, en particulier dans la capitale, où le niveau des revenus est plus élevé que dans les régions. Il n’est pas exagéré de dire que c’est cette mode qui a donné naissance à cette agriculture de la ferme. Aujourd’hui, les produits fermiers se trouvent dans toutes les chaînes de magasins à Moscou et Saint-Pétersbourg. C’est significatif », indique un spécialiste du marché qui a souhaité garder l’anonymat.
A la suite de besoins créés par cette nouvelle tendance, la législation progresse. Fin février, le ministère de l’Agriculture a élaboré et proposé un projet de loi fédérale à la coordination interministérielle sur la production biologique de produits agricoles. Le document décrit le processus de certification et fournit des aides d’État à partir de 2015 aux producteurs. Si les agriculteurs reçoivent des avantages fiscaux, la popularité du marché augmentera graduellement, indiquent les analystes.
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