Dans l’Arctique, l’été ne dure que deux semaines par an, le reste du temps, il pleut ou il neige. Il y fait toujours froid, même quand le soleil est de sortie.
Le raid des unités aéroportées au pôle Nord constitue l’épisode le plus intéressant et le plus dramatique des exercices de 2017. Il avait spécialement été programmé pour le mois d’avril, quand l’Arctique est en proie à des vents rudes du nord et les tempêtes de neige vous empêchent d’avancer ne serait-ce que d’un kilomètre dans les grandes étendues enneigées. En effet, en cas de conflit, les troupes aéroportées doivent être prêtes à débarquer dans l’Arctique notamment et à assumer des missions de combat sans préparation. C’est cet élément qui était testé lors des exercices.
Pour la première fois de l’histoire des forces aéroportées, les troupes atterrissaient sur une banquise en dérive près du pôle Nord sans entraînement spécial. Le lieu de débarquement n’avait pas fait l’objet d’une reconnaissance préalable et les approvisionnements nécessaires n’avaient pas été transportés sur site. Les soldats portaient tout ce qu’il leur fallait avec eux.
Crédit : Igor Ageyenko/RIA Novosti
Les parachutistes ont atteint le pôle, mais n’ont pas pu être évacués par la suite par les spécialistes du ministère de la Défense : les conditions climatiques s’étaient brutalement dégradées dans la zone des manœuvres et 150 soldats se sont retrouvés coincés sur une banquise en dérive près du pôle Nord.
Le ministère de la Défense n’était cependant pas spécialement alarmé par la situation. Les soldats et les officiers portaient des uniformes spéciaux conçus pour l’Arctique. Leurs sacs à dos de mission contenaient un lot d’alimentation riche en calories, ainsi que des équipements de survie dernier cri, adaptés aux conditions extrêmes.
Le ministère de la Défense a expliqué que les nouveaux équipements des troupes aéroportées leur permettaient de travailler à des températures extrêmement basses. L’uniforme protège les soldats même en cas de chute dans l’eau glacée :
« L’uniforme arctique spécial est composé de 13 pièces. Il doit protéger les soldats de l’exposition prolongée au froid, du vent perçant, de la pluie et de la neige collante. La tenue se distingue également par sa très grande ergonomie. Elle permet le port d’un gilet pare-balles arctique et n’empêche pas l’utilisation des armes », nous explique Vadim Koziouline, professeur de l’Académie des sciences militaires.
Crédit : RIA Novosti
La couleur du camouflage diffère de celle de l’uniforme de terrain traditionnel russe. Pour les tenues arctiques, il s’agit d’un motif pixellisé composé de points gris, verts et noirs, pour imiter la mousse polaire, le lichen. Avec cet uniforme, le soldat n’est pas visible parmi les rochers et se « fond » bien sur une banquise enneigée.
L’uniforme permet également de s’adapter à toutes les conditions climatiques. « Les sous-vêtements thermiques protègent du froid. S’il fait soudain bon, le soldat peut remplacer sa veste par un sweat en polaire ou un gilet », ajoute l’expert.
Outre la traditionnelle chapka « soviétique », les parachutistes peuvent opter pour un casque-masque spécial. Il ressemble à une cagoule, mais comporte des éléments d’échange de chaleur dans sa construction.
« Le masque recouvre l’ensemble du visage ne laissant qu’une fente pour les yeux. Il permet au soldat de respirer librement sans craindre de se geler les poumons. Les matériaux spéciaux et la coupe des vestes, pantalons et chaussures garantissent la survie des soldats et officiers même par –60° et les protègent des rafales de vent de plus de 15m/s », précise Koziouline.
Crédit : Lev Fedoseyev/TASS
Un régime d’alimentation spécial a également été conçu pour la survie dans l’Arctique. L’apport calorique quotidien y est de plus de 5 000 kilocalories, alors que pour la ration militaire normale, il est de 3 000 kilocalories.
Outre la ration militaire traditionnelle, les sacs des soldats du Nord contiennent des sandwichs « classiques » au lard et au jambon très calorique, ainsi que de la compote de fruits et du chocolat à forte teneur en cacao.
Si les troupes sont amenées à séjourner longtemps dans des conditions extrêmes, elles disposent d’une ration supplémentaire et d’un complexe militaire de vitamines pour stimuler le système immunitaire.
« Le soldat doit savoir réchauffer sa nourriture même par –50°. Pour cela, leurs sacs contiennent des cuisines de camp « matriochka », qui, tel un jouet, cachent deux à trois cuves de cuisson », nous explique Victor Mourakhovski, rédacteur en chef de la revue Arsenal Otetchestva.
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