Deux nouvelles mesures de l’Alliance ont de quoi préoccuper la Russie. Toutefois, Moscou ne devrait pas riposter dans l’immédiat. Sur la photo : Des soldats américains en Lettonie.
ReutersLes 15 et 16 février, l’Otan a pris deux mesures qui pourraient potentiellement préoccuper la Russie. Les ministres de la Défense des pays baltes ont signé un accord qui permettra aux troupes de l’Alliance de traverser leurs territoires et d’atteindre les frontières russes en moins d’une journée.
En outre, le nouveau patron du Pentagone James Mattis a déclaré qu’il fallait adopter une « position de force » dans la construction des relations avec Moscou.Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a exprimé des doutes sur le succès de cette méthode de dialogue avec la Russie et a déclaré que des clarifications supplémentaires étaient nécessaires. RBTH étudie les menaces que représentent ces deux démarches pour la Russie.
Pour les experts, le déploiement de 4 000 soldats de l’Otan en rotation aux frontières avec la Russie, annoncé récemment, ainsi que l’accord actuel sur le libre-déplacement des troupes jusqu’à ses frontières, ne constituent rien d’extraordinaire, car formellement, l’Otan ne viole pas l’acte fondateur Otan-Russie signé en 1997.
En effet, les signataires ont à l’époque annoncé que le bloc militaire s’engageait à ne pas déployer de « contingents militaires significatifs » à proximité du territoire russe.
Vladimir Evseïev, expert militaire et directeur adjoint de l’Institut des pays de la CEI, estime que le document signé par les ministres de la Défense des pays baltes revêt un caractère purement technique et n’entraîne aucun changement majeur à la frontière russe. Ainsi, la Russie ne prendra pas de mesures agressives susceptibles d’aggraver la confrontation avec l’Otan.
« La Russie réagira aux changements réels à ses frontières, tels que le déploiement de nouveaux systèmes offensifs ou contingents militaires. En attendant, le ministère de la Défense continuera à travailler conformément au plan des forces armées de la Russie, approuvé par le président pour la période allant jusqu’en 2025. Celui-ci ne sera pas modifié », précise Dmitri Safonov, analyste militaire du quotidien Izvestia, dans un entretien avec RBTH.
Il souligne que dans le cadre de ce programme, la Russie déploie déjà de nouvelles unités dans le District militaire Ouest et mène une vaste opération de modernisation des armements au sein de l’armée.
Parmi les mesures de rétorsion déjà mise en œuvre en janvier 2016, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé la création de trois nouvelles divisions (une division peut compter jusqu’à 13 000 hommes en temps de paix).
Les experts s’accordent à dire que la Russie ne doit pas prendre de mesures strictes aujourd’hui, ni aggraver la confrontation dans les relations déjà compliquées avec l’Alliance.
« Il faut continuer à travailler calmement sur la modernisation de nos forces armées et de notre économie et chercher de nouveaux terrains d’entente », conclut Valéri Garbouzov, directeur de l’Institut des États-Unis et du Canada à l’Académie russe des sciences.
« Mattis est un représentant d’une génération de militaires sérieux, qui comprennent que des gestes symboliques comme le déploiement de quatre bataillons dans les pays baltes ne joueront aucun rôle en cas de véritable conflit militaire avec la Russie. Ce ne sont que des broutilles politiques », nous explique Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Russia in Global Affairs.
Il souligne également que la « position de force » dans la construction des relations avec la Russie pourrait signifier, pour les États-Unis, la modernisation du potentiel nucléaire et le réarmement du pays. « C’est (…) le modèle de gouvernement républicain classique – démonstration de force et volonté de l’utiliser. En la matière, Mattis sera d’une aide précieuse pour Trump », ajoute l’expert.
Néanmoins, les États-Unis n’ont pris pour le moment aucune mesure concrète et intelligible, et il serait prématuré de spéculer sur la nature de la réaction russe.
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