Pendant la Seconde Guerre mondiale, quelque 30 000 Soviétiques et immigrés russes ont combattu au sein de la Résistance côte à côte avec les maquisards français. On doit la formation de plusieurs détachements de partisans d’Europe de l’Est à Valerian Solomatine, homme que les années passées dans les camps nazis n’ont fait que renforcer dans sa volonté de mener le combat jusqu’au bout.
Crédit : Maria Tchobanov
Valéry, comme ses frères d'armes l’appelaient en France, avait 19 ans quand la Seconde Guerre mondiale a atteint l’URSS. Engagé dans l’armée, il a participé aux batailles d’Orcha et Smolensk, avant d’être blessé et capturé en octobre 1941. Il est passé par l’horreur de plusieurs camps de prisonniers nazis, a échoué à trois tentatives à s'évader pour finalement réussir de s’échapper au printemps 1943 de l’enfer du camp du Ban-Saint-Jean (Moselle) où les prisonniers de guerre d'Europe de l'Est travaillaient dans les mines de fer, de charbon et dans la sidérurgie lorraine.
Avec d’autres fugitifs, le sergent Solomatine fut abrité au village de Tornay (dans le nord-est de la France) par une famille française. Il fait connaissance du facteur local, chez qui il écoute les ondes de Moscou, pour la première fois depuis 1941. C’est à ce moment-là que Valéry décide de créer un groupement de combattants pour poursuivre la lutte contre l’Allemagne nazie.
Au printemps 1944, le détachement qui prend le nom « Commune de Paris » effectue ses premières interventions sous le commandement de Valerian Solomatine. Il a été formé dans le département de la Haute-Saône et ses effectifs comptent 40 Russes, un Polonais, un Tchèque, un Serbe et un Français.
En l’espace de quelques mois ils ont monté 37 opérations de combat, ont tué plus de 200 Allemands et ont fait dérailler 7 trains ennemis. Lors d’une des opérations Solomatine a été blessé. Le détachement s’est distingué par son courage et sa discipline exceptionnels et a réussi à s’attirer la sympathie de la population locale. À l'initiative de Valéry, trois autres détachements de partisans échappés des camps allemands ont été formés en France.
Pour ses opérations militaires réussies, le sergent d'artillerie Valerian Solomatine fut promu en France lieutenant et décoré de la Croix du combattant volontaire de la Résistance et de la médaille de la Résistance française. A la fin de la guerre, il a servi quelque temps à Paris dans la mission soviétique pour le rapatriement des citoyens.
De retour à Moscou, Solomatine fut immédiatement arrêté à la gare de Koursk: il s’était rendu aux Allemands, et pour les autorités soviétiques, il était stigmatisé à vie. Les interrogatoires ont duré plusieurs heures, alternant avec des séjours en salle de torture. Finalement, Valery fut relâché avec l’obligation de quitter Moscou immédiatement. Ainsi il s’est retrouvé à Orel, où il a consacré de nombreuses années à l’entraînement de jeunes athlètes, étant lui-même sportif de haut niveau avant et après la guerre. En 50 ans, il a formé de nombreux champions de l'Union soviétique.
En 1980, Valery s’est rendu en France à l’invitation des vétérans de la Résistance française. Dans la voiture de ses amis, il a fait le tour des lieux de passage de son groupe de résistants et fut très touché par l’accueil que lui fut réservé par les Français reconnaissants.
Crédit : Maria Tchobanov
Il a quitté ce monde en avril 2002. C’est à Orel que la plaque en mémoire de Valerian Solomatine a été fabriquée, à l’initiative du général Sergueï Bogatichev, représentant de l’Association des Cosaques de Russie. Passionné de l’histoire de l’escadron Normandie-Niemen, il a fait connaissance lors de ses recherches avec un journaliste français qui a pris le relais pour trouver des soutiens à ce projet en France. L’initiative a été soutenue par l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR 70), sa présidente Colette Gaidry, et Charly Cuny, le maire de la commune de Venisey, où le détachement de partisans a été créé et a combattu.
Une exposition consacrée à Valerian Solomatine et à son maquis est organiséе à l’occasion de l’inauguration de la plaque par l’ANACR 70. La veuve, le fils et le petit-fils du héros de la Résistance seront présents à la cérémonie.
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