Vassili Choulguine. Une scène tirée du documentaire « Devant le tribunal de l'histoire » du réalisateur Friedrich Ermler. Scénario de Mikhail Bleiman, Vladimir Wainstock. "Lenfilm", 1965.
RIA NovostiVassili Choulguine figurait parmi les hommes politiques les plus célèbres de la droite nationaliste. Pendant dix ans, de 1907 jusqu’à la Révolution de février 1917, il fut député à la Douma (chambre basse du parlement russe).
Il arrive dans la politique pendant la révolution de 1905–1907, période à laquelle il soutient fermement le premier ministre Piotr Stolypine qui, d’une part, réprime sévèrement les soulèvements mais, d’autre part, tente d’apporter des changements au sein des relations sociales et économiques dans la campagne russe.
La Première Guerre mondiale éclate et Vassili Choulguine s’engage comme volontaire. Blessé, il rentre et s’attelle avec énergie aux activités de la Douma. « Comme nombre d’autres, j’ai apporté avec moi (à la Douma) l’amertume des chemins infinis de la retraite et la montée de l’indignation de l’armée contre l’arrière », écrira-t-il plus tard. Voyant d’un œil toujours plus critique l’activité du gouvernement de Nicolas II, il prône au sein du parlement l’union « des parties conservatrice et libérale de la société ». Dans son discours à la dernière réunion de la Douma avant la Révolution de février (le 28 février), il affirme que le tsar « s’oppose à tout ce qui indispensable comme l’air au pays ».
Fustigeant les autorités du haut de la tribune parlementaire, Vassili Choulguine tente de contenir dans l’hémicycle la grogne contre la politique maladroite du pouvoir tsariste et de l’empêcher de déborder dans la rue pour se muer en une nouvelle révolution. Par la suite, il se demandera pourtant si la Douma a réussi à jouer ce rôle stabilisateur ou si, au contraire, elle n’a fait qu’aggraver le mécontentement populaire.
Le 13 mars, Vassili Choulguine se retrouve au sein de la Commission provisoire de la Douma qui s’empare du pouvoir dans le contexte de la déroute du régime tsariste. Les députés sont confrontés à des choix difficiles à la lumière de la victoire de l’insurrection populaire et de l’apparition d’un important concurrent de gauche, le Soviet des députés ouvriers de Petrograd. Les membres de la Commission provisoire estiment que pour mettre fin aux troubles populaires, le tsar doit abdiquer en faveur de son fils mineur et confier la régence à son frère Mikhaïl.
Dans ses mémoires, Vassili Choulguine précise que la décision de l’abdication a été prise dans la nuit du 2 mars. Défendant la nécessité de cette abdication, le député Alexandre Goutchkov déclare : « Au sein de ce chaos, dans tout ce qui se passe actuellement, il faut penser avant tout à sauver la monarchie… Sans monarchie, la Russie ne peut pas vivre… Mais il semble que le tsar actuel ne soit plus en mesure de régner ». Il estime nécessaire d’aller voir l’empereur pour lui proposer d’abdiquer. Il veut se faire accompagner et c’est Vassili Choulguine qui se porte volontaire. « L’abdication doit être soumise aux monarchistes au nom du salut de la monarchie », expliquera-t-il en commentant sa décision de se charger d’une mission aussi délicate.
Toutefois, l’entrelacement des destinées de la monarchie russe et du monarchiste Vassili Choulguine ne s’arrête pas là. Le lendemain, Vassili Choulguine fait partie des parlementaires qui tentent de persuader le prince Mikhaïl de renoncer au pouvoir remis par Nicolas II. La Commission provisoire réalise clairement que l'accession de Mikhaïl II sur le trône ne satisfera pas les révoltés de Petrograd. Au final, le prince Mikhaïl se résout à recevoir le pouvoir de la part de l’Assemblée constituante uniquement, ce qui n’arrivera jamais.
Après l’arrivée au pouvoir des bolcheviks, Vassili Choulguine se range du côté de leurs ennemis, les Blancs. Il émigrera par la suite en Yougoslavie où, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il sera arrêté par les services secrets soviétiques et ramené en URSS. Il y sera condamné à une peine de prison de vingt-cinq ans, mais sera libéré en 1956.
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