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« En signant l'Acte d'abdication, ni Nicolas II, ni son entourage ne pensaient que la monarchie en Russie s'écroulerait. Il y a apposé sa signature, transférant le droit au trône à son frère Mikhaïl, mais celui-ci, sous l'influence des cadets, renonça à son tour au trône de Russie avant même que l'Assemblée constituante n'en prenne la décision. Nous ne savons quel degré d'importance la participation de Nicolas II a revêtu dans la signature du Manifeste d'abdication, mais il a bien été signé par lui », confie à la chaîne TV Kultura Sergueï Mironenko, directeur de recherche aux Archives nationales de Russie.
Comme en témoignent les historiens, l'abdication de l'empereur fut l'un des événements clés de la Révolution russe. Les réactions des contemporains furent très diverses. Plongeons-nous dans les notes documentaires de cette époque.
Le train impérial arriva à Pskov dans la soirée, à huit heures. Le général Rouzski vint alors s'entretenir avec l'empereur et le convainquit sans mal de la nécessité d'abdiquer. Il se référa par ailleurs à l'avis unanime, qu'il avait recueilli par télégraphe, du général Alekseïev et de tous les commandants des armées. L'empereur chargea alors le général Rouzski de porter à la connaissance du président de la Douma, Mikhaïl Rodzianko, son intention de renoncer au trône.
Étant donné qu'une guerre civile était l'unique issue de ce chaos, le 15 mars, l'empereur russe chargea le général Rouzski d'envoyer à Petrograd un télégramme expliquant son abdication au profit de son fils. Quelques heures plus tard, sa Majesté fit venir le médecin de la cour, le professeur Fiodorov, et le pria de lui dire la vérité à propos de la santé du tsarevitch. Après avoir entendu que son fils souffrait d'une maladie incurable et qu'il pouvait mourir d'une minute à l'autre, l'empereur déclara : « Puisque Alekseï ne peut servir la Patrie comme je le lui souhaitais, j'ai alors le droit de le garder à mes côtés ». C'est pourquoi, lorsque vinrent à Pskov Alexandre Goutchkov et Vassili Choulguine, deux membres de la Douma, l'empereur leur remit le décret dans lequel il renonçait au trône en faveur de son frère.
Le souverain Nicolas II a abdiqué au bénéfice de Mikhaïl Alexandrovitch. Celui-ci a, à son tour, renoncé au trône au profit du peuple. À la Douma ont lieu les plus grandioses des rassemblements et des ovations. L'extase y est indescriptible.
Le manifeste d'abdication du Souverain a été lu dans la cathédrale par le protodiacre, qui en a pleuré. Parmi les fidèles, beaucoup sanglotaient. Le vieux gendarme versait un torrent de larmes.
Nicolas Romanov et sa famille ont été détrônés, ils ont été arrêtés et reçoivent de la nourriture par tickets de rationnement, au même titre que les autres détenus. En réalité, ils ne se souciaient guère de leur peuple, et la patience de celui-ci a montré ses limites. Ils ont mené leur État à la famine et à l'obscurité. Qu’est-ce qui n’a pas été fait dans leur palais ! C'est une horreur et une honte ! Celui qui dirigeait le pays ce n'était pas Nicolas II, mais cet ivrogne de Raspoutine. Tous les princes ont été remplacés et démis de leurs fonctions, y compris le commandant en chef Nicolas Nikolaïevitch.
Durant toutes ces années critiques, les Romanov, qui auraient pu être le plus solide des soutiens du trône, ne se sont pas montrés dignes de leur nom ou des traditions de leur famille. Beaucoup trop d'entre nous, les Romanov, se sont vautrés dans ce monde d’égoïsme, où le bon sens n'a que peu de place et où chacun tente de satisfaire ses propres désirs et ambitions sans borne. Mais qui d'entre nous s'est inquiété de l'image qu'ils renvoyaient ? Personne.
Le règne de Nicolas II, qui lui fut imposé par le destin, s'est transformé en cauchemar : il a traversé deux révolutions, a été le témoin de dizaines de tentatives d'assassinat dans son entourage, a présidé la Douma, dont il ne souhaitait pas la création, a participé à ses sessions, mais également aux interminables réunions du Conseil des Ministres. De plus, il a dû par deux fois mener la guerre, lui qui souhaitait être l'apôtre de ce monde. Après une longue incarcération, il a été tué alors que, que ce soit avant ou après son abdication, sa principale préoccupation a toujours été la santé de son fils, son unique héritier, souffrant d'une hémophilie incurable.
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